Bio N’Days
Des rencontres pour conjurer la crise de la bio

Dans un contexte tendu pour la filière bio, la 7e édition des Bio N’Days organisée par le Cluster bio Auvergne-Rhône-Alpes, à Alixan, a mobilisé les acteurs du secteur autour d’un rendez-vous d’affaires. Des propositions ont été émises pour relancer la croissance du bio.

Des rencontres pour conjurer la crise de la bio
Sébastien Levionnois, chercheur à l’Inrae et membre bénévole de l’association Les Greniers d’Abondance. ©AD26- PLB

Le Cluster bio Auvergne Rhône-Alpes (Aura) a organisé la 7e édition des Bio N’Days, à Alixan le 6 juin. Ce rendez-vous d’affaires a rassemblé 150 participants dont des transformateurs, des distributeurs, des porteurs de projet, des experts de l’alimentation et du bien-être. « La filière biologique est aujourd’hui mise à mal. Elle vit des moments difficiles. Cette convention d’affaires doit permettre d’étudier toutes les propositions pour relancer la croissance du bio », a souligné, en préambule, Adrien Petit, directeur du Cluster bio Aura. En 2022, l’inflation a bondi et les marchés bio en circuits conventionnels et spécialisés ont connu un recul de plusieurs points.
Emily Mayer, directrice des études Circana, a noté un changement des habitudes de consommation à la suite de la pandémie de Covid-19 :

Trouver des réponses à l’insécurité alimentaire

« Les produits labellisés bio ont connu un début d’année 2023 difficile. Le bio continue d’enregistrer des pertes de chiffre d’affaires en GMS alimentaires avec un recul des produits d’entretien. La rationalisation de l’offre se poursuit et s’accentue sur les derniers mois de l’année 2022. Toutes les enseignes accusent une baisse en volume de 8 %. La descente en gamme des consommateurs se confirme sur les trois derniers trimestres. » Toutefois, il y a des poches de croissance pour le bio : dans l’e-commerce (+ 7 %) et les enseignes discount (+ 10 %).
Fondée en 2018, l’association Les Greniers d’Abondance développe des actions de recherche pour le compte des collectivités locales et territoriales et de sensibilisation auprès du grand public. Sébastien Levionnois, chercheur à l’Inrae et membre bénévole de cette association, s’est inquiété de la vulnérabilité de notre système alimentaire, de la montée de la précarité alimentaire, notamment chez les agriculteurs. Un quart des Français déclare se restreindre sur la quantité de ce qu’ils mangent pour des raisons financières. À la sortie de la crise Covid-19, plus de 10 % de la population a eu recours à l’aide alimentaire. « Nous faisons face à de nouvelles contraintes et à de nouveaux enjeux, a-t-il observé. Notre système alimentaire est devenu vulnérable avec le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité, les tensions économiques et politiques, l’épuisement et la dégradation des ressources. Il est donc urgent de transformer notre système pour des questions de durabilité et de résilience. » Le chercheur propose plusieurs scénarios à l’horizon 2050. Le premier passe par la transition agricole avec la généralisation de l’agroécologie (préservation des sols, de l’eau, du vivant), la réduction des intrants et la diversification (agroforesterie, allongement des rotations culturales, biodiversité). Le second s’appuie sur la transition alimentaire avec l’idée de « manger plus végétal ». Le dernier levier repose sur la re-territorialisation de notre système alimentaire en prenant en compte le cycle des nutriments, la durabilité des produits sanitaires.
Le chercheur a avancé une autre idée concrète pour résoudre la précarité alimentaire avec la création, au niveau national, de la Sécurité sociale de l’alimentation. Ce serait une nouvelle branche de la « Sécu » qui permettrait à tout le monde de disposer d’une carte Vital‘alim. Cette mesure durable, qui reposerait sur le financement solidaire et contributif, semble séduire les acteurs du bio car elle offrirait des débouchés nouveaux à la filière. 

Pierre-Louis Berger