Transformation
La Distillerie  des 4 vallées  se spécialise  dans les résineux

Pour diversifier son activité, la Distillerie des 4 vallées, basée à Chamaloc près de Die, s’est mise à la distillation de résineux. Un savoir-faire qui la place parmi les quelques entreprises à se positionner sur ce marché en France.

La Distillerie  des 4 vallées  se spécialise  dans les résineux
La matière est parfois récoltée dans la Drôme, dans le Diois par exemple, mais aussi le Vercors pour ses sapins, ou encore en Ardèche pour le pin maritime. (crédit : Distillerie des 4 vallées)

C’est la troisième année que la Distillerie des 4 vallées fait de la distillation de résineux en bio. Pin sylvestre, sapin blanc, douglas, épicéa, pin maritime, mélèze d’Europe, les « déchets forestiers » de ces différentes essences sont récoltés par l’entreprise Alpes Cambium, basée à Grenoble et spécialisée dans les extraits biologiques de plantes sauvages et forestières. « C’est Nicolas Blaser, dirigeant d’Alpes Cambium, qui s’occupe de la partie logistique et nous nous occupons de la partie distillation et conditionnement », détaille Alain Aubanel, co-gérant de la Distillerie des 4 vallées.
La matière végétale est récoltée au cœur des forêts, il s’agit de broyat d’aiguilles majoritairement. Le processus reste ensuite similaire à la distillation des Ppam, d’autant que la distillerie s’est équipée de caissons pour une production plus rapide et en plus grande quantité. Afin de garantir sa fraîcheur, le broyat est distillé 24 h après la récolte, il est transformé en huiles essentielles ou hydrolats.
Après trois saisons et des ajustements techniques, la distillerie quantifie son travail sur les huiles essentielles de conifères à une vingtaine de journées sur l’année. « Ce qui est bien c’est que généralement ça ne se fait pas en même temps que la lavande ou le lavandin », indique Alain Aubanel.

Un upcycling vertueux

Les végétaux utilisés proviennent de différents endroits en France, même si le local est mis en valeur dans ce processus. La matière est parfois récoltée dans la Drôme, dans le Diois par exemple, mais aussi le Vercors pour ses sapins, ou encore en Ardèche pour le pin maritime.
Cette chaîne permet un « upcycling », soit l’utilisation de matières premières non valorisées, de la biomasse forestière. « On ne récupère pas toute la biomasse », souligne Alain Aubanel. En effet, il est important de laisser des déchets forestiers au sein de l’écosystème pour ne pas le perturber. Deuxième upcycling : après distillation, le broyat est séché et vendu à des entreprises spécialisées dans les solutions de chaufferies collectives ou individuelles : une tonne de ce résidu permet de chauffer une personne pendant un an, indique l’entreprise Alpes Cambium.

Se diversifier face à la conjoncture des Ppam

« Le marché de la lavande mais surtout du lavandin est compliqué et la distillation de résineux nous permet de maintenir une activité », explique Alain Aubanel. Au niveau européen, c’est l’Autriche qui domine le secteur de production d’huiles essentielles de résineux. Mais l’équipe de la Distillerie des 4 vallées espère bien faire grandir cette production et ainsi trouver une place de choix sur ce marché porteur, à l’économie vertueuse. Les clients de ces huiles essentielles et hydrolats sont des laboratoires spécialisés dans l’aromathérapie. En ayant mis en place ce contrat avec Alpes Cambium, c’est toute une chaîne de travailleurs et travailleuses forestiers qui bénéficient de cette dynamique économique pour valoriser des déchets qui finalement n’en sont pas.
« C’était vraiment un challenge de se positionner sur ce secteur que l’on ne connaissait pas », raconte Alain Aubanel. Et même si l’agriculteur indique qu’il reste encore des ajustements à trouver pour consolider l’équilibre financier de sa nouvelle filière, le challenge semble pour le moment réussi.

Elodie Potente

La Distillerie des 4 vallées s’est équipée de caissons pour une production plus rapide et en plus grande quantité. (crédit : Distillerie des 4 vallées)