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NUCICULTURE

« Faire de la noix haute couture »

Lors de son assemblée générale, Coopenoix a présenté le bilan des récoltes et ses nouvelles perspectives.

« Faire de la noix haute couture »
L’assemblée générale de Coopenoix s’est tenue dans la salle des fêtes de Beaulieu en Isère.

«La noix, c’est notre poumon économique », interpelle Arnaud Moynier, le maire de Beaulieu (38) au début de l’assemblée générale de Coopenoix qui s’est tenue dans la salle des fêtes de son village, le 7 juillet. Pour l’occasion, environ 130 personnes ont répondu présentes.
La production a été frappée en juin 2019 par les intempéries et la récolte n’avait pas été au beau fixe. Cette année, elle s’est relevée avec une collecte de 6 971 tonnes contre 4 489 tonnes en 2019 : « On a oublié le trou de 2019 », déclare Marc Giraud, directeur de Coopenoix. Côté, chiffre d’affaires, les données sont stables, au 30 avril 2021 il est de 19,8 millions d’euros.
Du point de vue de l’année 2020, frappée par la pandémie de Covid-19, le secteur de la noix sèche n’a pas été trop touché, mais pour les cerneaux, « la demande a un peu diminué notamment en raison de la fermeture des restaurants, nos principaux acheteurs », explique Yves Renn, président de Coopenoix. Aujourd’hui, autour d’un nuciculteur gravitent six ou sept autres personnes qui vivent grâce à cette économie.

Faire front face à la concurrence

« La noix d’importation fait mal, c’est certain », admet le président. Mais il complète : « Certes c’est un marché difficile avec des prix de vente décidés par les concurrents. Le cadre est fixé par le Chili et l’Amérique, nous devons donc opérer dedans. » Le prix de vente au Chili est de 2,90 euros et 1,90 euro pour l’Amérique. La présence du Chili pose question : « Il ramasse en mars, donc les vendeurs sont déjà livrés lorsque nous arrivons. Notre livraison est beaucoup plus tardive, en particulier en Allemagne », expose Marc Giraud.
Pour l’exportation, les deux pays en tête ne changent pas : Allemagne et Italie. « On remarque que, quand ce sont de gros calibres, nous vendons plus en Italie et au contraire, lorsque les calibres sont plus petits, nous vendons plus en Allemagne. Cette année nous avons été davantage sur des calibres moins de 28 qui représentent 15 % de la production », explique le directeur.

Proposer des noix de luxe

« Pour faire face, il faut que l’on maintienne une production de qualité et un produit excellent », admet le président. Il ajoute : « Je vais peut-être à l’encontre des politiques, mais nous devons conserver l’accès aux produits phytosanitaires, en noix nous sommes responsables ! On ne peut pas ne pas protéger nos vergers, ce n’est plus possible de continuer à interdire des particules. Il faut un juste milieu si l’on veut concurrencer. »
André Roux, vice-président de la Communauté de communes, poursuit : « Ces dernières années, il y a eu beaucoup d’évolution en agriculture. On peut faire des efforts si les agriculteurs arrivent à gagner leur vie. On doit poursuivre le travail d’une agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement. Il faut trouver les moyens de revalorisation de nos noix. »
Un autre enjeu est celui des certifications. Yves Renn admet : « Il faut que l’on ait des certifications supplémentaires de la noix de Grenoble. On doit rester mobilisés pour la démarche GlobalGap et sur une réflexion vis-à-vis de la charte HVE3 dont trois producteurs sont certifiés. »
Du côté du département de l’Isère, Philippe Rosaire, maire de Vinay et suppléant de Bernard Perazio, met en avant « le plan filière qui va être voté pour un produit d’excellence et de luxe. Pour l’atteindre, nous allons devoir travailler tous ensemble pour mettre en place un vrai plan de bataille. On doit se prendre par la main et en parler », affirme-t-il. Vinay est un des bassins de production les plus importants et « il est nécessaire de conserver l’entité de notre produit », ajoute le maire. Une autre volonté : interpeller les consommateurs sur la valeur du produit notamment par la publicité et l’image. Philippe Rosaire conclut : « Nous allons donner une dimension nouvelle à la fête de la noix, travailler sur l’image de notre territoire. » Un rendez-vous festif est prévu en octobre ou novembre prochain.

Léna Peguet