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Surveillance

Ravageurs secondaires de début de cycle du colza

Si les grosses altises adultes sont les principaux ravageurs de l’automne pour le colza, il est primordial d’être vigilant et de savoir observer les autres insectes qui peuvent être dans la parcelle. Explications de Terres Inovia.

Ravageurs secondaires de début de cycle du colza
Les dégâts du taupin se traduisent par un étiolement du colza. ©Terra Inovia

Au cours de son cycle d’environ dix à onze mois, le colza est exposé à diverses menaces, en particulier celles des ravageurs. Pourtant, c’est au cours des trois premières semaines, de la levée à l’atteinte du stade 4 feuilles, que se concentrent un maximum de risques. De la réussite de cette phase décisive dépend la capacité du colza à se prémunir des risques à venir.
Alors que les grosses altises adultes (ou altise d’hiver) représentent le risque majeur à l’automne, il est nécessaire d’être vigilant et de savoir observer les autres insectes potentiellement présents sur la parcelle. Petites altises, vers gris (noctuelles terricoles), taupins ou encore tenthrèdes doivent faire l’objet d’une attention particulière. Observés de manière moins systématique que les grosses altises ou cantonnés à certaines parcelles voire petites régions agricoles, ces insectes sont considérés comme ravageurs secondaires du début de cycle du colza. 

Savoir les reconnaitre tout en évaluant leur risque de nuisibilité sont deux notions essentielles pour raisonner la protection de la culture.
Petites altises
La petite altise, ou altise des crucifères, est régulièrement observée dans les parcelles de colza de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il ne faut pas la confondre avec la grosse altise qui arrive sur les parcelles à partir de fin septembre. 
En effet, l’altise des crucifères est observée plus tôt, dès le mois d’août. Sa présence n’est pas systématique, mais peut être localement préjudiciable. Les symptômes se traduisent sur la plante par des morsures d’alimentation, ressemblant à celles de la grosse altise. Toutefois, elles ne perforent généralement pas complètement les feuilles. Les dégâts associés peuvent alors être importants allant jusqu’à la disparition des plantes et potentiellement à la perte totale de la parcelle si le colza est peu développé et peu poussant. 
Le colza est exposé à la petite altise de la levée jusqu’à 3 feuilles. Au-delà, l’émission de nouvelles feuilles par la plante compense les pertes par morsures. 
Concernant les moyens de lutte, l’un des leviers les plus efficaces est celui qui consiste à limiter les risques de colonisation de la parcelle par l’insecte. Pour cela, il est primordial de maintenir en place les repousses de colza sur les parcelles proches d’un colza en train de lever ou à un stade jeune. Ces repousses constituent des zones refuges. Leur destruction entraine alors le déplacement des populations de petites altises vers les nouvelles parcelles de colza en cours de levée. Par conséquent, la destruction d’une parcelle de repousses pour éviter d’entretenir les populations de petites altises est bien souvent une fausse bonne idée.
En cas de présence sur la parcelle, les pyréthrinoïdes peuvent être utilisés. En l’absence de références établies sur des différences d’efficacité entre les pyréthrinoïdes, il est préférable de privilégier  les solutions les moins coûteuses, telles que le deltaméthrine ou la cyperméthrine. Attention, à bien tenir compte du nombre maximum d’applications par an. À ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures sur larves d’altises par exemple.
L’efficacité de ces solutions est parfois critiquée du fait, d’une part, des arrivées massives et successives d’insectes et, d’autre part, des conditions météorologiques d’août ou début septembre qui dégradent la matière active. Le seuil de nuisibilité est défini à 80 % de plantes avec morsures sur 25 % de la surface foliaire détruite.
Vers gris ou noctuelle terricole 
La noctuelle terricole est un insecte discret. La larve responsable des dégâts occasionnés sur colza se niche en journée dans les premiers centimètres du sol. Elle est active la nuit, venant s’alimenter en sectionnant le colza au niveau du collet. En cas de perte de pieds, il est donc utile de gratter la terre dans les premiers centimètres pour vérifier sa présence. 
Ces attaques sont le plus souvent localisées et restent assez rares à l’échelle du territoire. Des cas un peu plus fréquents sont néanmoins signalés dans certains secteurs.
En cas d’attaque, une intervention est possible à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa 100EW, Aphicar 100 EW, Cyperfor 100EW, Scipio 100 EW). Afin d’atteindre sa cible dans les premiers centimètres du sol, il est recommandé d’intervenir le soir (activité nocturne) sur un sol humide, ou à défaut d’utiliser un volume de bouillie important de 500 l/ha. 
Les homologations récentes des microgranulés Trika Super ou Trika Perfect, sont également une solution possible (voir conditions d’application dans le paragraphe dédié aux taupins). Néanmoins, le coût de ces solutions est à prendre en considération, au regard du caractère aléatoire des attaques et en l’absence de risque taupins avéré sur la parcelle. Par conséquent, il est recommandé de procéder à une gestion au cas par cas, en situation d’attaques avérée.
Généralement, les attaques s’estompent à partir de 4-6 feuilles, lorsque le collet commence à s’épaissir.
Taupins
Le taupin est un ravageur bien connu du secteur. Bien qu’il ne soit pas l’un des principaux ravageurs du colza, il est néanmoins très présent historiquement sur plusieurs petits bassins, conduisant parfois à l’arrêt de la culture.
Les dégâts se traduisent par un étiolement du colza, qui s’assèche puis disparait.  Les lésions au niveau racinaire sont caractéristiques. 
L’homologation de microgranulés à  base de lambda-cyhalothrine et de matières fertilisantes avec Trika Super et Trika Perfect offre une solution en colza. L’optimum de semis recommandé par TI pour le colza est de 2 cm sans dépasser 4 cm quand les conditions sont sèches. 
Trika Super et Trika Perfect doivent être entièrement incorporés dans le sol à une profondeur minimum de 4 cm pour pouvoir être utilisés. Il convient donc de retirer les diffuseurs car ces derniers ne permettent pas un enfouissement de ces microgranulés insecticides et starter à 4 cm.

A. Micheneau, L. Ruck, Terres Inovia


Ces solutions n’ont pas été évaluées à ce jour par  Terres Inovia, des essais pour la nouvelle campagne sont programmés.
Contacts régionaux Alexis Verniau ([email protected]) - Auvergne-Rhône-Alpes, Paca 
Laura Cipolla ([email protected]) - Auvergne-Rhône-Alpes, Paca