A 74 ans, Monty est toujours vert et se raconte dans un livre

Vous connaissez probablement Monty et son inoxydable tube
Allez les Verts, peut-être moins Jacques Bulostin, l'homme qui se cache derrière ce nom de scène. Si vous souhaitez en savoir plus, guettez la parution de la biographie(1) qu'il cosigne avec Michel Bourdais. Ils y retracent un parcours d'auteur-compositeur-interprète et producteur bien plus riche que beaucoup ne l'imaginent sans doute. Réalisé en parallèle du 40e anniversaire de la finale de Coupe d'Europe des clubs champions entre l'AS Saint-Étienne et le Bayern Munich célébré en 2016, l'ouvrage a été officiellement lancé le 23 septembre avec une séance de dédicaces organisée dans le cadre de la Foire internationale de Saint-Étienne.
Salut les copains !
« J'ai mis dix minutes à faire une chanson avant Glasgow (en 1976), il m'a fallu dix ans pour écrire un livre », s'amuse Monty, qui a fêté ses 74 ans en février. Interrogé sur ses motivations, il ne fait pas usage de la langue de bois : « Beaucoup de mes copains sont disparus. Et quand je vois comment ils sont traités, je préfère contrôler, prendre les devants... Je suis responsable de ce livre et le résultat me fait plaisir. »
En près de 200 pages, il y raconte comment la musique, héritage familial, a pris le dessus sur l'autre passion du gamin de Ménilmontant, qui rêvait de devenir footballeur. On apprend par exemple qu'il a été repéré par Eddy Barclay en 1963 ou que son pseudonyme est un hommage à Montgomery Clift, l'un de ses acteurs préférés.
De nombreuses anecdotes ponctuent le récit, mettant en scène Claude François, Dalida avec laquelle il a partagé une caravane le temps d'une tournée, Sheila, France Gall, Eddy Mitchell ou une jeune Américaine de 17 ans qui ne se faisait pas encore appeler Madonna.
La genèse d'Allez les Verts
Les amateurs de football, eux, seront peut-être plus attentifs aux passages consacrés à la genèse de cette chanson qui continue de résonner dans le Chaudron. « Allez les Verts, c'est évidemment l'hymne de l'ASSE mais aussi de la ville, assure son maire, Gaël Perdriau. Chaque fois que je me déplace et que je dis « Saint-Étienne », on me répond avec le sourire : Allez les Verts. » Pour la petite histoire, « on m'avait déjà demandé d'écrire une chanson autour de l'ASSE car je me rendais régulièrement à Geoffroy-Guichard, mais ça ne venait pas », se souvient l'artiste, qui dit nourrir « une passion pour cette ville, pour ce club ».
Le déclic s'est finalement produit quelques jours après la demi-finale victorieuse face aux Néerlandais du PSV Eindhoven. Empêtré dans les embouteillages parisiens, Monty fouille sa boîte à gants et en sort une cassette de Fanny, chanteuse qu'il avait l'intention de produire. Il en écoute le play-back, remplace progressivement le « Hello » original par un « Allez », se rend compte qu'il tient quelque chose : « Sur les Champs-Élysées, je me gare et j'écris la chanson en dix minutes ! » Dix minutes qui vont changer le cours de sa vie jusqu'à l'amener à s'envoler pour New York où il a longtemps travaillé comme producteur chez Warner Music Group, abandonnant ainsi la scène.
Le Chaudron magique !
De fait, reconnaît Monty, beaucoup ne connaissent pas ses succès des années 1960 et 1970 (dont Même si je suis fou ; Ce n'est pas vrai ; Tchick Tchang ; La Fête au village), en particulier les jeunes. « Mais même sur la tournée Age tendre, les spectateurs de 70 ans me demandaient Allez les Verts ! reprend-il. Le producteur ne voulait pas mais l'entendre chanter par les Lyonnais m'a vraiment fait plaisir. »
La sortie ces jours-ci d'un double album(2) devrait dépoussiérer son répertoire et lui offrir une deuxième vie. Ne voyez toutefois pas cet opus et l'édition d'une biographie comme un hommage qui marquerait la fin de sa carrière artistique. « Chanter dans le Chaudron me fait chaque fois rajeunir de dix ans. J'ai donc encore quelques années devant moi », lance Monty dans un éclat de rire.
Franck Talluto
(1) Ma vie en vert, coécrit avec Michel Bourdais, éditions & co, 192 pages, avec le CD de la chanson Allez les Verts, 27 euros, dont 1 euro reversé à l'association ASSE-Cœur Vert.
(2) Monty 1963-1981, 48 chansons, 19,95 euros.