Syndicalisme
Ce qu'ils ont dit lors de la manifestation FDSEA-JA Drôme

Ce qu'ils ont dit lors de la manifestation FDSEA-JA Drôme
Devant la préfecture de la Drôme, autour de Sandrine Roussin (présidente de la FDSEA de la Drôme), Alain Baudouin (président de l'association des éleveurs et bergers du Vercors), Sébastien Ageron (président de la fédération départementale des producteurs de la lait), Yvan Jarnias (président des Jeunes agriculteurs de la Drôme), Jordan Magnet (premier vice-président de la FDSEA de la Drôme), Alexis Beynet (membre de la FDO de la Drôme) et Jean-Pierre Royannez (président de la chambre d'agriculture de la Drôme). ©CL-AD26

« Cela fait sept décennies que l'agriculture française répond toujours aux demandes et défis qui lui sont assignés, déclare Sandrine Roussin, présidente de la FDSEA de la Drôme. Nous répondons encore aujourd'hui présents pour prendre toute notre part à la planification écologique, à la décarbonation. Mais aujourd'hui, on nous met de plus en plus de normes. On n'en peut plus. Nous préférons l'ambition à la pression car la réussite de l'agriculture passe par une vraie vision de l'avenir. » Elle ajoute : « On nous dit qu'il faut qu'on réduise notre consommation d'eau alors que l'agriculture l'a déjà fait à hauteur de 30 % en vingt ans. Comment pourrons-nous continuer à produire sans eau ? Il faut que les efforts entre les différents utilisateurs soient réellement partagés en matière de gestion de l'eau. » Par ailleurs, la présidente de la FDSEA regrette l'absence de calendrier sur le projet de loi d'orientation agricole, un projet qu'elle juge « pas à la hauteur des ambitions à porter pour l'agriculture ».

« Aujourd'hui, on est contraint d'importer des produits alimentaires que l'on n'est plus capable de produire en France. C'est la dégringolade, déplore Yvan Jarnias, président des Jeunes agriculteurs de la Drôme. Aujourd'hui, on mange des choux-fleurs espagnols, on n'est plus capable de produire des cerises ! On ne peut plus continuer comme cela. Les produits importés en France doivent respecter nos normes. Il faut que les clauses miroirs s'appliquent. Il faut de la visibilité, de la cohérence car lorsqu'un agriculteur investit, c'est sur vingt à vingt-cinq ans. Les règles ne doivent pas changer constamment. »

« N'importons pas l'agriculture que nous ne voulons pas, insiste Jordan Magnet, premier vice-président de la FDSEA de la Drôme. Dans le cadre de la Pac, on demande aux agriculteurs de laisser des terres incultes, c'est une aberration, on marche sur la tête. En France, on promeut depuis des années le développement de la bio alors qu'il n'y a plus de marchés... L’État doit assumer ses choix et soutenir les producteurs en conséquence. Par ailleurs, en cas de sécheresse on coupe l'eau aux agriculteurs. C'est absurde. On a bâti des modèles pour utiliser l'eau intelligemment. Il faut donc co-construire et se projeter sur vingt à trente ans pour continuer à produire en ayant de la visibilité. »

« La prédation touche de plus en plus de territoires et plus seulement les ovins. Un nouveau plan loup doit sortir prochainement mais ça n'avance pas assez vite, regrette Alexis Beynet, administrateur JA et membre de la FDO de la Drôme. La régulation est une chose mais il nous faut aussi plus de compensations financières car les indemnisations ne compensent que partiellement les pertes que nous subissons à chaque attaque du loup. Quant à la gestion des prélèvements, ça doit se faire surtout au début de l'été et non à l'automne comme actuellement. On veut un plan loup avec des mesures immédiates et pas seulement des intentions. »

« Jusqu'à aujourd'hui, tous les plans loup ont fait proliférer les loups et agrandir leur zone de colonisation, constate Alain Baudouin, président de l'association des éleveurs et bergers du Vercors. On veut un vrai plan loup avec un droit à se défendre. »

«  C’est logique qu’on en arrive aujourd’hui à ce mouvement des agriculteurs. Nous sommes confrontés à un empilement de normes, de contradictions, souligne Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme. On nous demande de laver plus blanc que blanc sur nos produits alors que l’on constate que la moitié des produits dans les rayons vient de l’étranger, avec des conditions de production qu’on n’accepterait pas en France. »

Propos recueillis par C.L. et S.S.

A lire, le compte-rendu de la manifestation

Un cahier de doléances

Un cahier de doléances a été remis au préfet lors d'un entretien qui s'est tenu sur le lieu même de la manifestation. Il sera également adressé aux maires de la Drôme. De plus, un panier de produits étrangers achetés dans les rayons de l'une des grandes surfaces visitées le matin-même a été remis à la préfecture. La manifestation s'est terminée après le déversement de noix invendues, de pneus, de végétaux, entre autres, devant la préfecture, la DDT et la DDPP.