Cancer de la prostate : création d’un tableau pour les maladies professionnelles
Dans un décret du 22 décembre, le ministère de l’Agriculture vient de créer un tableau de maladie professionnelle relatif au cancer de la prostate.

Dans un décret du 22 décembre, le ministère de l’Agriculture vient de créer un tableau de maladie professionnelle relatif au cancer de la prostate « en lien avec l’exposition aux pesticides », a-t-il annoncé dans un communiqué de presse. Ce décret qui « va permettre de compléter et de faciliter les possibilités d’accompagnement au bénéfice des travailleurs agricoles qui ont été exposés aux pesticides », vient surtout officialiser la reconnaissance des cancers de la prostate liés à l'exposition au chlordécone, un pesticide très utilisé pendant des décennies aux Antilles, notamment dans les bananeraies.
D’une manière générale, les agriculteurs concernés pourront prétendre à un fonds d'indemnisation des victimes s'ils ont travaillé pendant dix ans au contact du chlordécone et s'ils ont été malade moins de quarante ans après y avoir été exposé. Plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique est actuellement contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France.
Cependant, le gouvernement souhaite « élargir le champ des réparations des préjudices subis par les victimes exposées professionnellement aux pesticides, avec la révision de tableaux existants au régime agricole et liées à l’exposition aux pesticides (maladie de Parkinson, lymphomes non hodgkinien notamment) », précise le communiqué.
Ce décret ouvre aux agriculteurs concernés un fonds créé en 2020 et destiné à indemniser les personnes atteintes de maladies liées aux pesticides. Les personnes éligibles peuvent dès à présent se rapprocher de leurs caisses de sécurité sociale (caisses de MSA, caisses d'assurance-accidents agricole en Alsace-Moselle ou caisses générales de sécurité sociale en Outre-mer) pour déposer une demande d’indemnisation.
Des réactions partagées sur le tableau de maladie professionnelle
Dans un communiqué le 22 décembre, la FNSEA se réjouit de la création d’un tableau de maladie professionnelle pour le cancer de la prostate lié aux pesticides, officialisé le même jour par décret. Elle estime que c’est «une avancée réelle» pour tous les travailleurs agricoles, tout en rappelant avoir participé «activement» à la fixation des critères d’exposition, discutés lors des travaux de la Commission supérieure des maladies professionnelles agricoles (Cosmap). Le syndicat majoritaire déplore cependant «que les agriculteurs financent seuls» les indemnisations versées par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), et «regrette que l’État n’y participe pas, alors même qu’il homologue les mises en marché des produits de traitement concernés».
De son côté l’association Phyto-victimes, qui siège aussi à la Cosmap, «salue» la création du tableau, mais regrette la durée d’exposition de dix ans retenue par le gouvernement. Phyto-victimes espérait une durée minimale d’exposition de cinq ans, «en cohérence avec les divers travaux scientifiques publiés», selon un communiqué du 22 décembre.