Le syndicat caprin de la Drôme a soufflé ses 60 bougies
Formation, accompagnement des éleveurs, futur label rouge chevreau, projets de recherche, le syndicat caprin de la Drôme était réuni en assemblée générale à la MFR de Divajeu, le 15 décembre, pour exposer ces thèmes. Non sans oublier ensuite de fêter son 60e anniversaire.

«La formation est le fil conducteur du syndicat caprin. Nous avons organisé douze formations pour une centaine de stagiaires en 2022-2023. Les formations sont très bien évaluées. Nous sommes certifiés Qualiopi », a déclaré Damien Brunet, président du syndicat caprin de la Drôme lors de l’assemblée générale le 15 décembre dans les locaux de la MFR de Divajeu devant une cinquantaine d’éleveurs et partenaires.
Le syndicat caprin de la Drôme, avec ses deux salariés, consacre un temps important à la formation des éleveurs pour répondre à une demande croissante, que ce soit en fromagerie (fabrication des fromages à pâte molle, yaourts et desserts...), l’élevage (préparation des mises-bas, valorisation des cabris, soins du troupeau avec des plantes, chevrier infirmier et découpe détaillée de chevreau) et l’aspect gestion (calculer ses prix de vente, la rentabilité de son atelier caprin).
Le vice-président du conseil départemental, Franck Soulignac, a rappelé le rôle décisif du syndicat. « C’est un élément structurant de la filière caprine. Il a été pionnier dans plusieurs domaines comme la santé des animaux, la valorisation de la viande de chèvre et de chevreau. Vous êtes devenus une référence », a-t-il souligné.
Des formations à succès sur le chevreau
La formation sur le chevreau serait-elle devenue le porte-drapeau du syndicat ? « Les formations concernant le chevreau fonctionnent très bien. Les éleveurs sont demandeurs. Sur le plan financier, c’est une réussite », a souligné le président Damien Brunet. Valérie Béroulle, animatrice, estime que c’est une belle opportunité pour le syndicat de se faire connaitre hors des frontières départementales. « On essaye, depuis le début de l’année, d’exporter nos formations sur le chevreau et les coûts de production hors de la Drôme. Elles remportent un réel succès en France. Les autres syndicats caprins sont à la recherche de compétences techniques qui leur font défaut », a-t-elle expliqué.
Un projet label rouge chevreau
Au cœur du débat également le 15 décembre : la viande de chevreau et le projet de label rouge chevreau en vue d’obtenir un signe de qualité. Le syndicat caprin a organisé la venue de la commission d’enquête de l’Inao fin mars. Celle-ci a passé deux jours dans la Drôme pour s’entretenir avec plusieurs professionnels de la filière dont des engraisseurs, des artisans bouchers, des organismes professionnels, des abattoirs... « La commission d’enquête a compris notre démarche. Nous avons modifié notre cahier des charges label rouge avec un abattage jusqu’à 90 jours si le poids est supérieur à 10 kg de carcasse, avec un aliment d’allaitement avec 62 % de produit laitier et un minimum de 25 % de matière grasse. Le chevreau devra naître et être engraissé sur la ferme. »
Par ailleurs, le syndicat poursuit son travail de valorisation du chevreau fermier de manière générale. « Le label rouge se positionnera comme un marché de niche, a expliqué Damien Brunet. Il reste à convaincre des éleveurs, qui ont conscience que le marché actuel ne fonctionne plus, en présentant un produit de meilleure qualité, dans des conditionnements plus petits, avec des morceaux prêts à cuire pour s’adapter aux modes de consommation. » Selon de premières estimations, les bouchers sont très intéressés par cette démarche de label rouge. Reste un obstacle : former les jeunes à la découpe de cette viande.
Des initiatives qui fleurissent
Les initiatives sont nombreuses pour valoriser cette viande de chevreau : recettes de cuisine sous forme de fiches, livre , vidéo sur le chevreau, présence accrue sur les réseaux sociaux et dans les marchés en région Aura et au Salon de l’agriculture à Paris, organisation d’une rencontre inter-régionale viande caprine avec les Pyrénées. En 2023, la page Facebook du syndicat caprin a enregistré 3 300 followers. Pour 2024, l’objectif est de répondre à tous les besoins des éleveurs avec la poursuite de l’accompagnement technique, des formations à l’extérieur et la participation à des travaux de recherche notamment sur l’amélioration des conditions de travail en élevage et sur l’ergonomie.
Pierre-Louis Berger
Dates clés du syndicat caprin de la Drôme
1963-1980 : Démarrage de l’accompagnement des éleveurs. La taille des troupeaux familiaux commencent à augmenter.
1983 : L’AOC Picodon est obtenue. Nouveaux circuits de commercialisation. Premiers contrôles sanitaires de produits finis.
1983-2023 : 40 ans de partenariats avec l’AOP Picodon.
1990 : Signature du Pida affineur et participation du syndicat à ce Pida jusqu’en 1995.
1992- 2010 : Restructuration des missions du syndicat caprin de la Drôme. Aides à l’organisation de la vente.
1993-2023 : Accompagnements et conseils aux éleveurs, notamment dans la conversion à l’agriculture biologique.
1994-1999 : Partenariat avec l’Inra d’Avignon. Création d’un aliment « spécial parcours. »
1994-2023 : Collaborations et implications dans les projets de la ferme expérimentale du Pradel.
2005-2023 : Travaux sur la viande caprine. En 2005, état des lieux. En 2006, début des essais de transformation et de dégustation avec les consommateurs. Échanges d’expériences avec des éleveurs en Italie, au Tyrol, au Maroc, au Pays Basque, dans le Cher, le Rhône.
2010-2023 : Développement et transmission des connaissances en élevage caprin sur l’aromathérapie et la phytothérapie sur le territoire de la Biovallée. Tests des mélanges à base d’extraits de plantes avec un vétérinaire et un pharmacien.
2014 : Concours de viande caprine charcuterie et plats cuisinés. Création d’un jury d’experts pour la dégustation.
2018 : Lancement du projet label rouge chevreau.
2019 : Participation au Sirha World Burger. 1er prix de l’innovation avec un menu burger spécial chèvre.
Le chiffre : 166 000 euros
C’est le montant par an sur cinq ans du plan filière chevreau, un projet régional dont l’objectif principal est de faire connaitre la viande de chevreau lourd.
Lancement d’un groupe GIEE « Plantes et santé des petits ruminants »
Le syndicat caprin joue le rôle d’animation au sein de ce collectif d’agriculteurs associant d’autres partenaires qui s’engagent dans un projet pluriannuel de modification ou de consolidation de leurs pratiques.
Reconnaissance
Un cadeau a été remis à Christian Nagearaffe, ancien président du syndicat caprin pendant huit ans, pour tous les services rendus. Il a animé une grande partie de l’histoire du syndicat pendant la soirée d’anniversaire qui s’est terminée par une dégustation de chevreau accompagné d’un gratin dauphinois.