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Formalités d’entreprise : la chambre d’agriculture informe sur le guichet unique 

Depuis le 1er janvier 2023, le centre de formalité des entreprises est remplacé par le guichet unique de formalités des entreprises. Le point sur ce nouveau dispositif avec la chambre d’agriculture de la Drôme.

Formalités d’entreprise : la chambre d’agriculture informe sur le guichet unique 
Avant d’entamer une démarche sur le guichet unique, la chambre d’agriculture de la Drôme conseille aux agriculteurs de bien s’informer sur les incidences possibles liées à la création, modification ou cessation d’activité d’une entreprise. © Pixabay

Toute création, modification de situation ou cessation d’activité d’une entreprise est soumise à déclaration. En ce qui concerne les activités agricoles, depuis 1996, les chambres d’agriculture assuraient le suivi de ces démarches via le centre de formalités des entreprises (CFE). Au 1er janvier 2023, la donne a changé. La loi Pacte* instaure en effet un guichet unique dématérialisé. Dans un objectif de « simplification administrative », le législateur a souhaité réunir sur une seule et même plateforme - formalites.entreprises.gouv.fr - l’ensemble des démarches à effectuer, et ce quel que soit le domaine d’activité de l’entreprise (agricole, artisanal, commercial, libéral). « Cette nouvelle plateforme, gérée par l’INPI (Institut national de la propriété industrielle), permet de rassembler dans un seul formulaire dématérialisé toutes les démarches des entreprises, au lieu d’une cinquantaine de formulaires papier », argumente le ministère de l’Économie sur son site internet.

Pour les agriculteurs, qu’est-ce qui change ?

Auparavant, tout agriculteur ou porteur de projet agricole qui avait besoin d’effectuer une formalité d’entreprise contactait le CFE de la chambre d’agriculture. Celui-ci lui adressait les différents formulaires Cerfa à remplir. Désormais, les démarches seront à effectuer directement sur le site formalites.entreprises.gouv.fr. « Mais attention, avertit Valérie François, conseillère « mission de service public » à la chambre d’agriculture de la Drôme, bien que Bercy communique sur la simplification administrative attendue avec le guichet unique, dans la réalité ça ne simplifie pas l’environnement administratif de l’exploitation agricole. C’est pourquoi, il est important de bien s’informer en amont. La chambre d’agriculture est là pour ça.» Avant d’entamer une démarche sur le guichet unique, elle conseille aux agriculteurs de vérifier les incidences possibles sur leur statut social, sur le plan fiscal, sur les réglementations liées à leur activité…

Quelles formalités sont concernées ?

« Les trois grandes catégories de formalités administratives dans le domaine agricole sont la création, la modification ou la cessation d’activité », rappelle Valérie François. En matière de création, il s’agit dans un premier temps d’immatriculer son entreprise, c’est-à-dire d’obtenir les numéros Siren et Siret qui l’identifient. Comme le numéro de sécurité sociale pour un individu, ces numéros d’identification sont indispensables dans toutes relations avec des organismes publics ou administratifs. Lors de cette immatriculation, un code APE (activité principale exercée) est également délivré. Il a notamment une importance pour savoir quelle(s) réglementation(s) s’applique(nt) à l’entreprise. Par exemple, lorsqu’une entreprise dispose d’un code APE relevant de la viticulture, l’administration des douanes sera informée de sa création, de sa cessation ou de toute modification la concernant.

Ne pas passer à côté d’une formalité obligatoire

En matière de modification, de nombreuses situations nécessitent des démarches administratives. « Le changement d’adresse par exemple lorsque des associés fondateurs prennent leur retraite et que les associés repreneurs décident de changer l’adresse du siège social, même lorsqu’il s’agit de la même commune. Cette déclaration se faisait jusqu’en 2022 auprès du CFE. Désormais ce sera via le guichet unique », illustre Valérie François. Idem lorsque des modifications surviennent dans l’activité : création d’un nouvel atelier qui devient prépondérant dans le chiffre d’affaires, arrêt d’une production… Un agriculteur qui prend sa retraite peut aussi être concerné s’il décide de garder une parcelle de subsistance ou s’il a encore des stocks non payés en coopérative. Dans ce cas, il est nécessaire qu’il conserve son numéro Siret (pour la vente de ses produits ou le paiement de ses stocks) mais il doit préalablement effectuer une déclaration de modification concernant son entreprise. De nombreuses autres modifications nécessitent de passer par le guichet unique : modification du statut juridique (transformation EARL en Gaec par exemple), du capital social, du nom de la société, de la date de clôture comptable, changement d’associés, liquidation, mise en sommeil d’une société…

Bien s’informer au préalable

Enfin, toute déclaration de cessation se traduira par une radiation du numéro Siret. En revanche, dans le cas d’une entreprise individuelle, le Siren reste attribué. Si on crée par la suite une nouvelle activité, le numéro Siren pourra être réactivé, explique la conseillère de la chambre d’agriculture de la Drôme.
« Dans les trois cas - création, modification ou cessation - mieux vaut s’être informé au préalable des conséquences des choix faits via le guichet unique. À chaque étape de la vie d’une exploitation, les conseillers de la chambre d’agriculture - via le point accueil installation, le point accueil transmission, le conseil d’entreprise ou les accompagnements techniques à la mise en place d’un nouvel atelier - sont là pour rappeler les formalités à réaliser », insiste Valérie François. À noter, la chambre d’agriculture n’accompagne pas les formalités des sociétés mais uniquement celles des entreprises individiduelles. 

Sophie Sabot

* La loi Pacte du 22 mai 2019 définit un plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises.
En PRATIQUE
Valérie François, conseillère « mission de service public » à la chambre d’agriculture de la Drôme. © AD-SS

En PRATIQUE

Le guichet unique est accessible sur le site formalites.entreprises.gouv.fr
Il a le même rôle que l’ancien CFE. Dès qu’une déclaration est effectuée sur cette plateforme relative à votre entreprise, les informations sont transmises à l’Insee, au greffe pour les sociétés, à la MSA (attention en cas d’installation ou de cessation d’autres démarches sont à effectuer directement auprès de la MSA), aux services fiscaux, aux douanes, à l’EDE…
Pour toute question relevant de l’utilisation du site, un numéro INPI est à disposition : 01 56 65 89 98.

Pour les questions ayant trait au guichet unique et à l’activité agricole, la chambre d’agriculture propose deux services :
- une assistance téléphonique gratuite auprès de Camille Bourjac, les mardis, mercredis et jeudis matin ;
- un accompagnement personnalisé payant lors d’un rendez-vous téléphonique avec Valérie François (entre 55 et 80 euros TTC selon la formalité à accomplir).

Contact chambre d’agriculture de la Drôme : 04 75 82 40 00.

TÉMOIGNAGE

Le guichet unique :  un système pas tout à fait rodé

Début février, Sylvie et Francis Rieu, producteurs de lavande et lavandin à Saint-May, ont sollicité la chambre d’agriculture de la Drôme pour une assistance sur le nouveau guichet unique. « Je prends ma retraite et mon épouse prend la tête de l’exploitation. Nous avions besoin d’effectuer deux démarches : l’une de cessation, l’autre de création », résume Francis Rieu.

Début janvier, ils ont cherché à prendre contact avec le centre de formalité des entreprises et découvert que celui-ci est désormais remplacé par la plateforme dématérialisée du guichet unique. « Nous avons tenté de réaliser la démarche nous-mêmes mais entre l’internet, ravitaillé ici par les corbeaux, et les dysfonctionnements de ce nouveau guichet unique, nous avons abandonné », témoigne Francis Rieu. Un rendez-vous est pris avec Valérie François de la chambre d’agriculture de la Drôme pour un accompagnement personnalisé payant. « Nous n’avons pas eu besoin de nous déplacer. Par téléphone en 30 minutes, nous lui avons fourni l’ensemble des informations nécessaires et elle a effectué pour nous les démarches », poursuit l’exploitant. Satisfait de cet accompagnement, il déplore en revanche que le guichet unique, fraichement ouvert, ne soit pas encore réellement opérationnel. « Nous nous retrouvons dans la même situation qu’avec les cartes grises, lorsque l’État a dématérialisé les démarches. Et nous sommes obligés d’avoir recours à une aide extérieure payante », constate-t-il.

Le 1er février, l’État a d’ailleurs annoncé la mise en place « d’une procédure spécifique de secours pour les cas de dysfonctionnement du service ». Les ex-centres de formalités des entreprises (CFE) seront notamment utilisés en cas d’indisponibilité avérée du guichet unique. 

S. S.