Coopérative
Valsoleil : de bons résultats dans un contexte mouvementé
Avec un chiffre d’affaires en hausse de 20 % et un résultat net excédentaire, Valsoleil affiche une bonne santé financière.
La coopérative Valsoleil a généré un chiffre d’affaires de 136 millions d’euros (M€) sur son exercice comptable 2021-2022 (du 1er octobre au 30 septembre), en progression de 20 %. « Cette hausse est imputable dans sa grande majorité à la flambée des prix des matières premières que nous connaissons depuis le début du conflit en Ukraine », a indiqué Christophe Pelletier, directeur général du groupe Valsoleil, en assemblée générale le 16 mars à Montélier. Avec un résultat net de 763 000 euros, l’année écoulée est jugée « satisfaisante ». La structure bénéficie d’une situation financière saine avec des capitaux propres supérieurs à 20 M€ (+ 4 %) et un ratio d’endettement à nouveau en baisse (- 26 %).
Les agrofournitures dopées par la crise énergétique
Pour les agrofournitures, la campagne 2021-2022 se solde par un chiffre d’affaires de 45,8 M€ (après ristourne aux adhérents de 760 000 €), en hausse de 18,6 %. « La reprise économique post-Covid de l’automne 2021 puis l’impact en 2022 de l’invasion russe en Ukraine expliquent cette forte progression des intrants liés aux énergies fossiles (engrais, plastiques, ficelles…) », a expliqué le responsable de la section agrofournitures de Valsoleil. À noter, les ventes d’engrais ont reculé de 10 % en volume et la fluctuation des marchés céréaliers a engendré une hausse des aliments. Les ventes de produits phytosanitaires, elles, ont progressé après une année 2021 pluvieuse ayant nécessité davantage de traitements. Comme la coopérative a davantage vendu de biostimulants, de produits de biocontrôles et de protections physiques des cultures, elle a atteint pour la première fois le seuil de 60 % de certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP).
En semences, le chiffre d’affaires (5 M€) affiche une progression de 10 %. Cette section regroupe uniquement la production (céréales et oléagineux) de l’union Top Semence.
Fruits : forte hausse
En fruits et légumes, le chiffre d’affaires (7,6 M€) fait un bond de 65 %. Cette évolution s’explique par la forte hausse des tonnages de cerises, d’abricots et de pêches après une année de gel. Entre les deux exercices (2020-2021 / 2021- 2022), le volume total de fruits est, en effet, passé de 456 à 2 217 t, soit une hausse de 386 %. Le manque d’abricots espagnols a fluidifié l’écoulement de lots à des prix relativement soutenus. Cependant, l’excès de chaleur estival a engendré le déclassement des fruits ramassés en surmaturité.
Crise sur la noix
En noix, le volume a sensiblement progressé (+ 4 %) passant de 1 091 à 1 136 tonnes. Le potentiel de récolte est resté affecté par les évènements climatiques de 2019 (grêle, tempête, neige). Commercialement, l’arrivée tardive des noix américaines en Europe a facilité l’écoulement de celles du Vieux continent. Les prix payés à la production ont été en hausse grâce au double effet d’un calibre élevé et d’un prix de vente supérieurs. Cependant, actuellement, le marché de la noix connaît une crise sans précédent en raison d’une récolte mondiale record et d’une baisse de la consommation. « En plantant des millions d’hectares de noyers, la Chine a chamboulé le marché, a analysé le responsable de la section fruits et légumes de Valsoleil. Tous les tuyaux sont bouchés. Depuis janvier, les prix se sont écroulés. Actuellement, il n’y a aucune amélioration en vue pour la récolte 2023. »
Volailles : chair et œufs en croissance
En volailles de chair, le chiffre d’affaires atteint 44,5 M€, soit 19 % de plus qu’en 2020-2021 du fait de la hausse des prix des matières premières. Cette section de Valsoleil regroupe 142 adhérents, 297 bâtiments pour une production annuelle de 15 millions de volailles. « On a échappé aux conséquences de la grippe aviaire, ce qui nous a permis de faire un second semestre excellent », a fait remarquer le responsable de la section.
En volailles de ponte, le chiffre d’affaires (33 M€) est également en hausse de 19 %. Ce segment compte 50 adhérents, 61 bâtiments qui abritent 500 000 poules pour une production annuelle de 125 millions d’œufs. Sur l’exercice, le conditionnement des œufs s’est effectué sur le site de Montéléger, reconstruit après un incendie, avec une progression constante des volumes. À noter, la crise inflationniste impacte lourdement la production bio (déclassement). « Toutefois, la pénurie générale d’œufs aide à vendre les œufs bio », a constaté le responsable de la section. Globalement, en chair comme en ponte, « il y a beaucoup d’opportunités car la demande des clients est importante, équivalente à une augmentation de 60 000 poulets par semaine et 200 000 pondeuses ». Cependant, les projets de bâtiments se heurtent désormais à l’augmentation des coûts de construction et à la hausse des taux d’intérêts sur les emprunts. Plus que jamais, la conjoncture incertaine pèse sur les stratégies.
Christophe Ledoux
Lionel Eydant : « Tout va bien, rien ne marche »
Dans son intervention, le président de la coopérative Valsoleil, Lionel Eydant, agriculteur à Beaurepaire (38), a fustigé les entraves à la production agricole. « L’eau est indispensable pour produire et assurer la souveraineté alimentaire », a-t-il déclaré. Il a également dénoncé la suppression brutale de matières actives entraînant des difficultés en arboriculture, grandes cultures et productions semencières. Il s’est par ailleurs inquiété de la hausse brutale des taux d’intérêts bancaires et de celle des coûts de construction des bâtiments (+ 30 %). « Tout va bien, rien ne marche », a-t-il ironisé avant d’ajouter, confiant : « L’agriculture n’est pas morte ».
De son côté, Patrice Dumas, président de Coop de France Auvergne Rhône-Alpes, a mis en avant la résilience du modèle coopératif.
Départ en retraite : hommage à Christophe Pelletier
Après vingt-quatre années de service à Valsoleil, Christophe Pelletier, directeur général, s’apprête à prendre sa retraite. Tour à tour, Lionel Eydant, président de Valsoleil, Serge Bon, vice-président, Christian Veyrier, ancien président et Franck Dochier, administrateur, ont salué la force de travail, l’esprit visionnaire et le sens des valeurs mutualistes de Christophe Pelletier. « C’est une fierté d’avoir travaillé avec vous, lui a dit Lionel Eydant. Vous avez fait des choix qui ont du sens avec une vision ambitieuse pour les agriculteurs et la coopérative. » Par vidéo, Christian Veyrier a salué « un meneur d’hommes, qui a beaucoup compté pour Valsoleil ». Ému, Christophe Pelletier a rappelé tout l’intérêt de l’outil coopératif pour les agriculteurs et plus largement la société. « Je suis fier d’avoir pu accompagner le développement de Valsoleil et ses adhérents convaincus par le mutualisme », a-t-il dit. Son successeur, Jean-Charles Denis, a salué « l’audace, l’envie, la passion et le sens des valeurs » de Christophe Pelletier.