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Consommation : bientôt un affichage social ?

France Stratégie a effectué un point d’étape sur l’affichage social des biens et des services. Conformément à la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020, cet affichage pourrait voir le jour dans les années à venir. Il reste cependant de nombreux problèmes à résoudre.

Consommation : bientôt un affichage social ?
L’affichage social pourrait voir le jour dans les années à venir. ©Pixabay

Missionnée par les trois ministères de la Transition écologique, du Travail et de l’Économie sociale, France Stratégie a planché sur la mise en place d’un affichage social. Ce dernier devrait synthétiser un ensemble de critères relatifs aux conditions sociales de production d’un bien ou d’un service. L’objectif est de rendre la consommation « plus soutenable, solidaire et responsable », ont indiqué les différents intervenants. Car « l’achat responsable est un marqueur. Le consommateur est aujourd’hui soucieux des conditions sociales, économiques et écologiques de production », a indiqué Jean-Pierre Chanteau, animateur du groupe de travail, appelé Plateforme RSE. Pour l’heure, ce futur affichage social n’en est qu’à ses balbutiements. En effet, la Plateforme RSE constate que les « initiatives actuelles ont des pratiques très variées et non stabilisées, et qu’elles se concentrent sur l’amont du cycle de vie du produit alors que les enjeux sociaux ou sociétaux sont présents dans l’ensemble du cycle de vie et de la chaîne de valeur du produit. ». Autrement dit, toute la chaîne de valeur, de l’amont de la production à l’aval, sera auscultée : droits de l’Homme, normes des droits sociaux, travail des enfants, égalité hommes-femmes, etc. Appliqué à l’agriculture et à l’agroalimentaire, cet affichage devrait par exemple répondre à ces questions : La barquette de compote de pommes que j’achète provient-elle d’une exploitation (française ou étrangère) qui a respecté le droit du travail ? Le transformateur et le distributeur respectent-ils ces mêmes critères ? Ces questions renvoient également à celles du contrôle et de son coût. Car produire les données nécessaires, les rendre accessibles et les traiter pour parvenir à un système de notation fiable va demander de nombreux moyens et du temps. « Il y aura des arbitrages à faire sur les priorités, car on ne pourra pas tout faire », a précisé Geoffroy de Vienne, co-rapporteur. Les intervenants plaident pour une expérimentation d’environ cinq ans avec le soutien des pouvoirs publics, avant la mise en place d’un affichage social encadré par la réglementation française. Mais Yves Huguet, de la Fédération Léo Lagrange, pense déjà à l’après. Pour lui, il faut combiner l’affichage environnemental et social en un seul logo et l’inclure dans les labellisations officielles. Une idée à laquelle adhère Rym Trabelsi, co-fondatrice de l’application Clear Fashion, qui permet au consommateur de choisir des vêtements écoresponsables. Elle se dit d’ailleurs « très attentive au bien-être animal », notamment pour les produits en laine et en cuir. La stratégie « De la ferme à la table » mentionne déjà « la volonté d’un cadrage de l’étiquetage durable des données alimentaires en 2024 ». Un cadrage qui inclut « certaines dimensions sociales sur l’équité des prix agricoles et alimentaires ». Dans tous les cas, « il faudra construire la confiance dans la durée et sécuriser les informations recueillies car un seul incident peut ruiner l’ensemble de la démarche », prévient Jean-Pierre Chanteau. 
Christophe Soulard