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Productions végétales

Fourrages : la récolte 2020 dans la Drôme

Tour d'horizon de la récolte de fourrages avec des éleveurs de différents secteurs du département.
Fourrages : la récolte 2020 dans la Drôme

Dans le Nord-Drôme, Laurent Mainfroy (Gaec Montgalix), au Grand-Serre, estime la récolte de foin à environ un tiers de moins par rapport à une année normale sur ce secteur. La qualité, elle, « n'était pas au top (teneur en matière azotée un peu faible) mais pas trop mal pour l'année, constate-t-il. Du fait de la fauche précoce et des pluies, nous avons pu faire de la troisième coupe, ce qui est rare. » L'ensilage d'herbe a donné du rendement et une qualité correcte. En maïs (ensilage et grain humide), « nous avons commencé les semis relativement tôt (début avril) et je pense que nous avons bien fait, estime Laurent Mainfroy. Avec les pluies assez régulières, la production des premiers maïs semés s'annonce plutôt bonne, pour le moment. Nous devrions les récolter dans la deuxième quinzaine d'août. Ils mesurent trois mètres et les derniers semés cinquante centimètres. » Par contre, en céréales, les rendements sont « très faibles » en grains et paille. « C'est général et lié à un excès d'humidité au semis, à la sécheresse de printemps ainsi qu'à des attaques de pucerons sur les semis précoces, indique-t-il. Pour la paille, nous avons dû presser plus d'hectares pour avoir le même nombre de bottes. Le rendement moyen est d'environ huit à neuf bottes (carrées) à l'hectare cette année, contre treize à quatorze en temps normal. »

Des pluies bénéfiques

A Saint-Martin-en Vercors, Gérald Idelon a commencé à enrubanner de l'herbe en avril, durant la période sèche ; la quantité manquait. La pluie tombée à la fin de ce mois-là a « bien arrangé la situation ». Après, l'herbe a poussé rapidement. Gérard Idelon estime avoir récolté une quantité de fourrage « assez satisfaisante, pas autant qu'en 2019 mais presque ». Et la qualité était « excellente » en première coupe. « Après la pluie, elle était un peu moindre mais il y avait davantage d'herbe. Et les deuxièmes coupes ne sont pas vilaines. Dans l'ensemble, sur mon exploitation, je n'ai pas trop à me plaindre. », commente-t-il. Des prairies d'autres agriculteurs exposées au nord ont souffert du froid en mars puis du sec avant l'arrivée de la pluie. « Sur ma commune, on a fini les foins le 10 juillet, précise-t-il. Pour la plupart, nous avons rempli les granges mais il faut faire attention car une sécheresse en fin d'été n'est pas exclue. »
A Combovin sur le plateau, Franck Vigne (Gaec de Chauméane) signale un début de fenaisons beau en qualité mais réduit de moitié en volume. Ensuite, après 140 millimètres de pluie, il a rentré du fourrage en quantité et de belle qualité. La seconde coupe a donné plus que certaines années. « Je ne me plains pas, même les céréales ne sont pas vilaines et il y a de la paille », résume-t-il. Par contre, peu de paille et la moitié moins de fourrage sur ses terres à Gigors-et-Lozeron.
Au Gaec Vigne, dont le siège est à Charpey et les terres sur neuf communes, la première coupe en ray-grass (arrosés une fois) a commencé en avril pendant la période sèche. « Grâce à la pluie de la fin de ce mois-là, il y a eu un peu de récolte en première coupe dans les secteurs tardifs et en seconde, signale Thierry Vigne. Mais, depuis qu'il sèche à nouveau, on a très peu de seconde. Et maintenant, les prairies sont grillées. » Dans les céréales non irriguées, « les apports d'azote n'ont pas travaillé », le rendement est en baisse de 20 à 30 %. Après un précédent luzerne, il est meilleur (réserve d'azote dans le sol) et la qualité aussi (en poids spécifique, protéines). En paille, « la récolte est moyenne mais je m'attendais à pire », observe encore Thierry Vigne. Le maïs ensilage de l'exploitation, lui, est tout irrigué.

La seconde coupe a compensé la première

A Menglon, dans le Diois, François Monge a engrangé un peu plus de fourrage qu'en 2019, année où les fenaisons « n'avaient pas été terribles », soit une quantité « moyenne » mais suffisante pour son troupeau de brebis. « Pour mes voisins, je pense que c'est à peu près pareil, estime-t-il. On a eu un peu moins de première coupe que l'an passé mais la seconde a compensé. Et on a de la qualité, du fait de l'absence de pluies pendant la fenaison. » Quant à l'estive, « à Font-d'Hurle, elle est plus verte qu'en 2019 », complète-t-il. En céréales, « par contre, la paille est courte. Cette année, j'ai fait cinq bottes à l'hectare contre une dizaine normalement. En grains, les rendements ne sont pas si mauvais en comparaison de la paille. » La semaine du 14 juillet, il avait pratiquement fini ses secondes coupes alors qu'à cette date, habituellement, il n'en est qu'à la moitié ; il a commencé plus tôt et surtout le temps s'y est prêté.
A Vesc, pour son secteur, Edmond Tardieu fait le constat de premières coupes « bonnes en quantité sans être extraordinaires » ainsi que « de très bonne qualité » et des secondes coupes « belles ». Les céréales ont manqué d'eau en avril-mai, d'où des rendements « moyens plutôt bons et très peu de paille ».
Plus au sud, Sylvie Lambert (Gaec du Riouffret), à Lachau (750 mètres d'altitude), souligne : « Nous avons la chance d'avoir eu des orages au bon moment et pas de grosses gelées, donc la récolte de foin est correcte ». La pluie de fin avril, arrivée là aussi après une période sèche, a été bénéfique : « Autant les céréales que l'herbe ont poussé. On a rentré du bon fourrage, en quantité et qualité, et eu un peu de seconde coupe en luzernes. Même les céréales sont belles. A présent, la pluie serait bienvenue. » Enfin, « en alpage, il y a énormément d'herbe ».