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Maraîchage

Des pistes pour réduire eau et intrants

La Serail (Station d'expérimentation Rhône-Alpes information légumes) à Brindas dans le Rhône teste plusieurs solutions innovantes pour réduire intrants et utilisation d’eau dans les cultures. Tour d’horizon de quatre projets menés au sein de la structure.

Des pistes pour réduire eau et intrants
Commencée en juin 2021, l’expérimentation Protect’eau compare onze filets différents pour limiter la transpiration des végétaux.

A la Serail, station expérimentale spécialisée dans le maraîchage, l’année 2021 marque l’avancée et la création de nombreux projets. Les objectifs des différentes expérimentations menées au sein de la structure visent à répondre aux enjeux actuels de l’agriculture, comme la réduction des produits phytosanitaires. Le projet Marco, commencé en 2020, vise à déterminer le meilleur couvert végétal possible sans herbicide. Neuf couverts différents ont été semés dans le but d’être ensuite détruits mécaniquement par roulage, ce qui permet de favoriser un mulch de surface et ainsi implanter les cultures en travaillant moins le sol. Les mélanges évalués sur la campagne 2020-2021 sont constitués de seigle et vesce, d’avoine et féverole et de blé et pois. Chaque mélange a été testé de trois manières différentes : semé à 80 kg ou 120 kg à l’hectare (60 % de céréales, 40 % de légumineuses) et à 100 kg par hectare avec un ajout de trèfle d’Alexandrie (50 % céréales, 40 % de légumineuses et 10 % de trèfles). Semés aux alentours du 20 septembre, ils ont ensuite été roulés avec une machine dédiée, le Roloflex. Trois roulages ont été effectués entre avril et juin. Dans cette expérience d’agriculture de conservation sans herbicide, plusieurs facteurs sont évalués : la capacité des couverts à se relever, le développement de biomasse engendré par les couverts ainsi que la couverture des adventices après roulage. Les premiers résultats montrent que les mélanges seigle et vesce sans trèfle sont les plus prometteurs : ils ne se relèvent quasiment pas après le roulage et présentent un tonnage de biomasse sèche à l’hectare intéressant comparé à leurs concurrents. La Serail envisage de tester plusieurs variétés de seigle à l’avenir. En 2022, choux, poireaux et potirons seront plantés pour évaluer les bénéfices et l’efficacité des couverts.

La régulation naturelle des nuisibles

Travailler avec moins d’intrants peut également passer par la régulation naturelle des nuisibles, en favorisant la présence de leurs prédateurs. Le projet Coscinus explore cette piste sous serre, avec une culture en rotation aubergine-salade-concombre-salade qui favorise la biodiversité fonctionnelle : les planches de cultures sont enrichies de plantes mellifères et de plantes relais en pot. À l’extérieur de la serre et sur les côtés de la culture, des bandes fleuries comportant plusieurs espèces permettent de favoriser la présence d’auxiliaires bénéfiques. Le dispositif est complété par deux zones réservoirs aux deux extrémités intérieures de la serre, l’une comportant des soucis, l’autre un mélange de céréales, fèverole et blettes. Le transfert des auxiliaires vers les cultures se fait à la fois de manière naturelle et active, en aspirant ou en effectuant un battage des biocontrôleurs. Le transfert vers la culture s’effectue en une quinzaine de minutes. Cette méthode a notamment permis de réguler les pucerons présents dans la culture d’aubergine : à la fin de la 1ère quinzaine du mois de juillet, ils avaient tous disparu, alors qu’on en comptait jusqu’à 73 par feuille le 9 juin. Cette expérience, qui se poursuivra jusqu’en 2025, pourrait également être testée en plein champ.

L’économie d’eau 

2021 marque également le début de nouvelles expérimentations à la station : Protect’eau et GAGnéE. Elles ont pour but de réduire l’utilisation d’eau dans les cultures grâce à deux techniques innovantes : l’utilisation de filet pour limiter la transpiration des plantes pour Protect’eau et le goutte-à-goutte enterré superficiellement pour GAGnéE. Les deux expérimentations débutent avec des cultures de salades, afin d’obtenir des résultats rapides grâce à leur cycle de vie. Protect’eau vise à déterminer le meilleur filet pour réduire la consommation d’eau sans perdre en qualité ou rendement. Le projet compare onze filets de différentes couleurs, plus ou moins lourds et plus ou moins opaques. Côté GAGnéE, l’expérimentation teste plusieurs modalités de goutte-à-goutte enterré, dans l’optique de mesurer les économies d’eau réalisées par rapport à de l’aspersion, mais aussi la minéralisation de l’azote dans le sol, la précocité, le rendement, la qualité et la conservation des cultures, la présence de ravageurs… Les deux projets se poursuivront sur une culture d’épinards et de choux pour Protect’eau, tandis que GAGnéE sera expérimenté à la fois sur des cultures d’oignon à la Serail et d’ail dans la Drôme, en partenariat avec la chambre départementale d’agriculture.
Zoé Besle