SALON
Sommet de l’élevage 2022 : pour un élevage à taille humaine 

Le Sommet de l’élevage se déroulera du 4 au 7 octobre prochain à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). L’évènement mettra cette année le cap sur le renouvellement des générations, avec l’objectif de se positionner comme le leader de l’élevage durable.

Sommet de l’élevage 2022 : pour un élevage à taille humaine 
Le Sommet de l’élevage se déroulera du 4 au 7 octobre prochains à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme).

La 31e édition du Sommet de l’élevage, qui se déroulera près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), devrait signer le retour à un déroulement classique, le spectre de la pandémie de Covid-19 s’étant un peu éloigné. En juin, lors d’une conférence de presse au ministère de l’Agriculture, les organisateurs se sont montrés résolument confiants, confortés par des chiffres plus qu’encourageants : 1 385 exposants étaient déjà inscrits, avec en ligne de mire « l’objectif d’en accueillir 1 500, dont 20 % venant de trente-deux pays différents », a souligné Fabrice Berthon, commissaire général du Sommet de l’élevage, précisant que « le secteur de la transition énergétique progresse fortement avec 30 % d’entreprises supplémentaires ». Selon lui, la pénurie de matériels ne devrait pas avoir d’incidence sur la commercialisation durant le salon. « Les constructeurs seront présents. Les contacts vont se faire, même si les contrats se feront plus tard », affirme-t-il. En quatre jours, les organisateurs espèrent dépasser la barre des cent-mille visiteurs. Une ambition à portée de main, selon le président du salon, Jacques Chazalet, au regard de l’intérêt multiple de l’évènement. « Les gens viennent au Sommet de l’élevage pour allier l’utile à l’agréable, comprenez se renseigner, prendre des contacts, admirer des animaux et participer à des conférences éclairantes pour leur activité, le tout dans la convivialité ».

Plusieurs temps forts de la politique agricole

Si en 2022, le défilé des politiques sera moins nourri qu’en 2021, année précédant les élections présidentielles, plusieurs temps forts de l’actualité agricole devraient se tenir au Sommet de l’élevage. Une délégation du Sénat est d’ores et déjà annoncée. Et côté international, la Mongolie sera mise à l’honneur lire ci-dessous. Confiants et plein de ressources pour positionner le Sommet de l’élevage comme un carrefour politique, international et économique de poids, les organisateurs entendent devenir le fer de lance du développement de l’élevage durable. « La durabilité est un enjeu majeur qui s’inscrit dans le sens de l’histoire avec des textes règlementaires européens qui nous y poussent. Un temps fort autour de cette thématique en lien avec le Green deal européen devrait être organisé durant le salon », explique Bruno Dufayet, président de l’Association pour la promotion agricole du Massif central (Apramac), comité de gouvernance du Sommet de l’élevage. Pour lui, durabilité et économie sont compatibles, à condition de bien circonscrire ce que l’on entend par élevage durable : « des animaux nourris à l’herbe, évoluant sur des exploitations à taille humaine et produisant des viandes de qualité suffisamment rémunérées pour permettre à chacun d’en vivre ».

L’enjeu de la transmission

Si l’enjeu de la rentabilité est bien réel, il l’est d’autant plus à l’heure où la moitié des éleveurs ont plus de 50 ans. « Le renouvellement des exploitations agricoles est un enjeu fort. S’il n’y a pas de transmission, il n’y aura pas de durabilité. Le Sommet de l’élevage n’a pas vocation à se substituer à ceux qui œuvrent à l’installation ou à la transmission mais c’est une occasion à saisir pour donner un écho supplémentaire à cette thématique », estime Jacques Chazalet. En clin d’œil à cette indispensable relève, Laurent Andriot du Gaec Clame-Andriot dans l’Allier, pose avec son fils de 13 ans, Maxence, sur l’affiche de ce 31e Sommet de l’élevage, aux côtés de Martinique, leur vache charolaise âgée de cinq ans. La race organisera à cette occasion son concours national au Zénith, « un cadre noir mais prestigieux qui sied particulièrement aux belles à la robe blanche », selon Sébastien Cluzel, président du Herd-book charolais.
Sophie Chatenet

La charolaise au Zénith
Le concours national charolais sera organisé au Zénith d’Auvergne. © DR

La charolaise au Zénith

La charolaise investira le Zénith d’Auvergne à l’occasion du 31e Sommet de l’élevage du 3 au 7 octobre. De quoi promettre aux visiteurs un spectacle haut en couleur et aux acheteurs une vitrine d’exception.

Chaque année, les grandes races bovines font le choix du Sommet de l’élevage pour l’organisation de leur concours national. Cette année, c’est la charolaise qui sera sous les projecteurs, avec les quatre-cents meilleurs spécimens de la race en compétition durant quatre jours. Avec un cheptel de 1,3 million de vaches, le plus gros des effectifs en termes de bovins allaitants et de vaches de réforme, la charolaise est la première race à viande en France et en Europe. Avec le programme « Bien naître », le Herd-book charolais entend la positionner comme « la » race des grands troupeaux qui vêle facilement.

Mettre en valeur le « bien naître »

« Le concours national adulte charolais sera présenté en incluant la catégorie Veaux d’Automne, permettant de présenter la nouvelle segmentation des catégories veaux mâles mise en place en 2021 dans le cadre de la modernisation des concours. Destinée à faciliter la lecture des catégories d’animaux présentés, elle met désormais davantage en lumière les qualités maternelles et les aptitudes au vêlage au travers de la catégorie “sélection bien naître”. Les mâles présentés dans cette catégorie disposent des qualités recherchées par un grand nombre de professionnels pour une sélection plus marquée autour de ces critères », détaille Sébastien Cluzel, président du Herd-book charolais. Éleveurs dans la Nièvre, Mickaël Roube et son associé, Dimitri Fayet, ont commencé à travailler les qualités inhérentes au “bien naître” il y a déjà quatorze ans. Aujourd’hui, ils y trouvent un intérêt certain. « Sur l’aspect commercial, en tant que vendeurs de taureaux, nous constations il y a dix ans que seulement un acheteur sur dix intégrait ces aptitudes de naissance et de vêlage dans ses critères d’achat. Aujourd’hui, le phénomène s’est inversé : 90 % des acheteurs nous en font spécifiquement la demande. Ils veulent que les vêlages se passent bien et nous nous devons de ne pas les décevoir », confient les deux éleveurs associés.

Quatre jours de vitrine

Réparti en quatre demi-journées, le concours proposera cette année aux visiteurs une vitrine exceptionnelle de la diversité de la race charolaise, avec des animaux en provenance de nombreux élevages disséminés dans la France entière. Cette diversité de la charolaise s’exprimera au gré de présentations qui mettront en lumière des animaux adaptés à différents territoires, environnements et types de produits mis en marché. Parce que ces productions et contextes d’élevages divers nécessitent de pouvoir s’appuyer sur des caractéristiques génétiques particulières, quatre-cents animaux seront en compétition pour cet évènement, le troisième du genre qui, dans l’écrin prestigieux du Zénith d’Auvergne, s’annonce d’ores et déjà de haute volée.

Sophie Chatenet

La Mongolie mise à l’honneur
La Mongolie abrite plus de 67 millions de têtes de bétail.

La Mongolie mise à l’honneur

Du 4 au 7 octobre, le Sommet de l’élevage mettra en lumière la Mongolie, pays étonnant où les éleveurs nomades règnent en maîtres des steppes, au milieu de paysages grandioses. 

En juin dernier, une délégation du Sommet de l’élevage s’est rendue en Mongolie afin de remettre officiellement au ministre de l’Agriculture mongole, Zagdjav Mendsaikhan, son invitation au Sommet de l’élevage 2022. L’occasion pour les participants de découvrir l’agriculture du pays à travers des rencontres avec des éleveurs nomades et des investisseurs du secteur de l’élevage.
Une terre d’immensité
La première image qu’évoque la Mongolie est celle d’une nature presque vierge dont l’immensité semble nous priver de repères. Les steppes couvrent ici 20 % du territoire et abritent plus de 67 millions de têtes de bétail. Dans ce pays grand comme trois fois la France, on dénombre notamment 31 millions d’ovins, 26 millions de caprins, 5 millions de bovins, 4,3 millions d’équins et 500 000 chameaux. La Mongolie dispose d’un potentiel agricole considérable, aujourd’hui sous exploité. Les produits issus de l’élevage sont nombreux, mais peu valorisés. Seul le cachemire se positionne sur un marché à haute valeur ajoutée. Le gouvernement souhaite donc conduire un programme de développement de son agriculture à travers la mise en place de l’élevage intensif sur 2 % de la zone agricole de son territoire, grâce notamment à des partenariats étrangers.

Transformer le nomadisme en élevage semi-intensif

Côté élevage, le programme national met l’accent sur le développement de races pures. Il prévoit ainsi l’importation de 100 000 têtes de bovins (50 000 bovins viande et 50 000 bovins lait). Le ministre de l’Agriculture mongole indique notamment que « le gouvernement est prêt à soutenir les éleveurs qui font le choix d’investir dans des élevages intensifs ovins et bovins, autour d’Oulan-Bator ». Son ambition : transformer la tradition de l’élevage nomade en élevage semi-intensif avec des semences congelées et des IA de croisement. Le ministre évoque aussi la nécessité d’améliorer la sécurité sanitaire des cheptels, de développer les process de traçabilité et de renforcer les compétences des personnels de laboratoires. « Nous attendons un accompagnement de la France sur ces points qui sont essentiels au développement de nos exportations de viandes issues de nos pâturages », confie le ministre. À travers ce plan national agricole, les autorités mongoles entendent « sortir les paysans de leur isolement » en développant « un système coopératif dans toutes les filières ». Pour autant, pas question de mettre un terme au nomadisme. La stratégie vise à rendre les éleveurs plus responsables dans la protection de leurs troupeaux et de l’environnement et dans la lutte contre la désertification des terres liée au surpâturage. « Nous avons besoin de changer de système pour maintenir notre élevage. Pour cela, nous allons donner les moyens aux éleveurs de vivre de leur métier. »
Charlotte Rolle