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Argeville : une unité d’extraction au cœur de la Drôme

Historiquement connue pour être une société française où l’on travaille principalement la plante à parfum, Argeville - dont le siège social est à Mougins (06) - a été créée en 1921. Cent ans plus tard, l’entreprise a acquis des compétences fortes dans les domaines de la fabrication d’ingrédients, de composition de parfums et d’arômes alimentaires. Mieux encore, depuis les années 1980, la société s’est déployée à l’international (Guangzhou, Bangkok, Dubaï, Bogota, Hô Chi Minh, Moscou). Un véritable essor industriel pour une entreprise toujours en recherche d’innovation. « Nous voulons maîtriser davantage notre filière, en promouvant le made in France avec la mise en place de différents partenariats avec nos producteurs locaux, mais aussi en proposant des produits spécifiques à valeur ajoutée que l’on peut trouver dans le monde, comme par exemple le Benjoin », explique Géraldine Enard, responsable marketing et communication au sein d’Argeville. Mais alors, quel rapport avec le territoire drômois ? Argeville a fait, en 1996, l’acquisition d’une unité d’extraction à La Laupie, « à proximité des sources de végétaux », note-t-elle. A noter que sur ce site en pleine campagne existait, dans les années 1930, la plus grosse distillerie de lavande de France.

Contractualisation avec les producteurs locaux

Depuis plus de vingt ans, les équipes d’Argeville travaillent dans la Drôme les matières premières végétales pour la création de parfums. « Nous sommes le fournisseur en matières premières, la base nourricière du groupe Argeville », prévient Olivier Santangelo, responsable du site drômois. La société contractualise avec une dizaine de producteurs de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) de la Drôme et des départements limitrophes. Les productions les plus recherchées sont la lavande et le lavandin, la sauge, l’immortelle, le thym, le son de blé, le foin..., mais elles peuvent être multiples. « Nous sommes prêts à travailler avec de nouveaux agriculteurs », annonce-t-il. « En Auvergne-Rhône-Alpes, nous recherchons également des fleurs, à savoir les jonquilles, les narcisses, etc. », ajoute Frédéric Rivoire, directeur parfumerie et ingrédients du groupe. Argeville peut également aiguiller les producteurs sur l’évolution des marchés, afin de pouvoir y répondre dès la campagne de commercialisation suivante. « Certains arbitrages doivent parfois être faits en fonction des stocks ou de l’intérêt des clients », précise Frédéric Rivoire.

Un procédé de fabrication précis

Côté technique, le site est composé d’une unité, certifiée Iso 9001, spécialisée dans l’extraction de végétaux pour la fabrication de concrètes*. Après la mise en cuves, les végétaux sont immergés dans un solvant. « Chaque végétal a son procédé de fabrication. Le temps de macération et la température peuvent varier. Une fois que le solvant d’extraction s’est chargé en principe actif, il est évaporé et concentré jusqu’à obtenir de la concrète », précise Olivier Santangelo. Les résidus de végétaux, quant à eux, sont recyclés en compost. La concrète est ensuite transformée en absolue dans le nouvel atelier installé en janvier 2018. Tout au long de ce procédé, un cahier des charges précis doit être respecté. « L’un des critères principaux est la traçabilité complète du végétal ». D’ailleurs, pour s’assurer de la qualité des matières premières, des essais sont réalisés sur des échantillons au sein de l’unité de production de Mougins avant d’être envoyés à La Laupie. 
Au sein de son centre naturel de La Laupie, la société Argeville propose également du traitement à façon. « Nous mettons à disposition nos outils de production et notre savoir-faire pour transformer les végétaux de nos partenaires », indique Olivier Santangelo. 
Mais le groupe Argeville va plus loin dans sa volonté de maîtrise de la filière. Un partenariat a été noué avec l’institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles (Iteipmai) dans le cadre de l’exploitation de nouvelles variétés de végétaux. Plusieurs aspects sont étudiés comme la résistance végétale, la composition, le critère olfactif... L’équipe “recherche et développement” (R&D) travaille parallèlement au développement de nouveaux produits issus du naturel, notamment par le principe de la distillation moléculaire.

Amandine Priolet

* Concrète : extrait obtenu à partir d’une matière première naturelle fraîche, par extraction au moyen d’au moins un solvant. La concrète est ensuite purifiée à l’alcool pour obtenir l’absolue.