Culture
BD « Les Seigneurs de la terre »,  la saga d’une famille agricole

Ecrivain et conférencier, Fabien Rodhain est un amoureux de la terre. En août dernier, il a publié le tome 5 de sa bande dessinée intitulée « Les Seigneurs de la terre ». Un clin d’œil au monde agricole qui l’a toujours passionné.

BD « Les Seigneurs de la terre »,  la saga d’une famille agricole
La série familiale « Les Seigneurs de la terre » est composée de six tomes et rend hommage au monde agricole.

Petit-fils d’agriculteur, Fabien Rodhain a toujours eu une relation particulière avec la terre. S’il s’est rapidement tourné vers des études d’informatique, le Lorrain d’origine n’a pour autant jamais oublié ses premiers amours : « Je sens encore l’odeur du foin grillé en été, lorsque j’allais chez mes grands-parents maternels », souffle-t-il. Même s’il appréciait être dans les champs ou aux côtés de son grand-père sur les tracteurs, Fabien Rodhain n’a jamais pris le virus. La dureté du métier, le manque de reconnaissance, autant d’aspects qui l’ont poussé vers une autre voie. Au fil de sa carrière d’informaticien, il a toutefois eu l’occasion d’intégrer la coopérative La Dauphinoise en tant que directeur informatique. Une belle opportunité pour relier l’informatique à des valeurs familiales qui l’avaient forcément touché. Mais un bouleversement dans sa vie personnelle l’a finalement conduit à changer de voie. Comme une révélation sur soi, il s’est spécialisé dans les techniques de relation d’aide et d’intelligence collective. En parallèle, il s’est pris de passion pour l’écriture. Après trois romans sur le développement personnel et l’évolution humaine, la pièce de théâtre « To green or not to green » (2010), dont il est l’auteur, dévoile une nouvelle facette de l’homme qu’il est. Porteur d’espoir pour un monde plus écologique, plus vert, il retrace, à travers ses écrits, les convictions qu’il porte au quotidien. En quête du bonheur, en lien avec la vie et l’environnement, Fabien Rodhain aime se rappeler la citation de David Servan-Schreiber : « On ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade ». Un dicton qui raisonne d’autant plus en ces temps de pandémie Covid-19.

A travers ses bandes dessinées, l’auteur a souhaité mettre en avant les paysages drômois. Dans le tome 5, il est possible de reconnaître l’architecture de Crest et la rivière Drôme.

Une mise en lumière du métier d’agriculteur

Désireux de donner une forme artistique aux messages écologiques qu’il souhaite véhiculer, Fabien Rodhain, qui se définit comme un écrivain engagé, a écrit une série de BD sous le signe de l’agriculture. « J’ai rencontré Jacques Glénat en 2014 et je lui ai soumis mon idée de proposer une saga familiale sur le monde agricole », explique-t-il. C’est ainsi qu’est née la série « Les Seigneurs de la terre ». Cette saga, minutieusement illustrée par Luca Malisan, débute en 1999. Florian, alors jeune avocat, est le fils d’un puissant agriculteur en sud Rhône-Alpes, président de la coopérative régionale. Alors qu’il n’y connaît rien - ou presque - au travail de la terre, Florian accompagne son père pour un voyage d’études au Paraguay, financé par un fournisseur de produits phytosanitaires.
A chaque tome, l’auteur cherche à faire passer des messages, aussi poignants soient-ils, dans un ton toujours fictionnel : « Il me fallait trouver un équilibre entre l’histoire fictionnelle (disputes, séparation, sensualité, etc.) et la dramaturgie (réalité du terrain) pour tenir les lecteurs en haleine », note Fabien Rodhain. Sans pour autant chercher à convaincre ses lecteurs, l’écrivain veut juste amener à la réflexion. « Par le biais de cette bande dessinée, je souhaite procurer un électrochoc chez les lecteurs. C’est inadmissible de savoir que des personnes qui nous nourrissent n’ont même pas les moyens de se nourrir eux-mêmes », alerte l’écrivain, qui dénonce un nombre de suicides toujours plus important dans le milieu agricole.

Faire évoluer les mentalités

Au fil de l’histoire, divers thèmes sont abordés : l’évolution des générations, l’installation de jeunes agriculteurs dans un contexte parfois compliqué, les paysans sans terre, le suicide, la démission de Nicolas Hulot, les OGM et pesticides, les coûts de revient et le chiffre d’affaires des agriculteurs... 
« Mon combat est de montrer la réalité du milieu agricole », souligne Fabien Rodhain. 
A travers son projet d’installation, le jeune personnage va découvrir les rouages du secteur agricole. Il fera face à une confrontation sans précédent entre l’agriculture biologique et intensive et partira découvrir le milieu agricole à l’échelle mondiale (Inde, Amérique du Sud, etc.). Des voyages qui le marqueront à vie et le dirigeront vers une autre agriculture.
Pour cette saga inédite, Fabien Rodhain a pu compter sur le précieux soutien de personnes bien connues. Le tome 6, qui conclura la série, sortira au cours du deuxième semestre 2021. Dans ce dernier ouvrage en cours d’illustration, Fabien Rodhain fera passer un message universel. La résilience sera le mot de la fin : « Durant le confinement, et dès les premiers jours, la seule voie qui ne s’est pas essoufflée est celle de l’agriculture. Le monde agricole offre une proximité et une simplicité. Dans ce tome 6, le personnage acquiert la même prise de conscience que moi : la quête de la résilience va continuer à s’imposer. Et qui dit résilience, dit polyculture et animaux, à l’échelle de la ferme », conclut l’auteur.
Amandine Priolet

Un attrait particulier pour l’écologie et l’agriculture biologique
Fabien Rodhain est tombé amoureux de la Biovallée depuis son arrivée à Grâne, dans la Drôme, il y a deux ans.

Un attrait particulier pour l’écologie et l’agriculture biologique

Fabien Rodhain est un écrivain engagé dans la protection de l’environnement. Il aime la nature et ses écrits, quels qu’ils soient, le prouvent. Peu de temps après la sortie de sa pièce « To green or not to green », il a composé « Des semences et des hommes » (au théâtre en 2014), disponible également en livre qu’il dédie « à celles et ceux qui s’engagent pour un monde meilleur, et en assument le prix à payer ». Derrière ce titre se cache une pièce pleine d’humanisme et de pédagogie, où le sujet des OGM et des pesticides est expliqué avec douceur et réalisme. Récemment, Fabien Rodhain a coscénarisé la bande dessinée « Bio, le vin de la discorde » aux côtés de Corbeyran. En tant que consommateur de vin biologique et biodynamique, il a souhaité montrer le quotidien de viticulteurs bio, entre amour du métier et difficultés. Un autre tome, sur le thème de la biodynamie, viendra compléter la collection. Enfin, l’auteur travaille actuellement sur une nouvelle série de BD, avec comme thème principal l’histoire du chocolat, de 1 820 à aujourd’hui. « Produit passion, le chocolat pose de vraies questions environnementales. La notion d’esclavage y est également souvent raccrochée », explique Fabien Rodhain.  
A. P.