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Semae

Semences et plants : une transition amorcée

L’interprofession des semences et plants, Semae, poursuit ses travaux. L’innovation et l’amélioration de la compétitivité et de l’attractivité sont deux enjeux majeurs portés par l’ensemble des acteurs de la filière.

Semences et plants : une transition amorcée
De gauche à droite, Didier Nury (directeur de Top Semence), Jean-Christophe Conjeaud (responsable projets R&D à l’Anamso), Philippe Roux (délégué régional à Semae Sud-Est) et Yves Courbis (président de Top Semence). © AP

Premier producteur européen et premier exportateur mondial de semences agricoles, le monde semencier français s’illustre depuis quelques années par son dynamisme. La région Sud-Est (comprenant Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, ndlr) compte 2 085 agriculteurs-multiplicateurs de semences sur plus de 38 250 hectares (dont 2 433 ha en agriculture biologique). Au niveau départemental, la Drôme se distingue comme le premier producteur de semences de la région Sud-Est (9 000 ha), avec 695 emplois directs référencés.

Assurer la disponibilité de semences et plants de qualité

« Notre métier de semencier est en constante évolution et les enjeux sont de plus en plus prégnants », fait remarquer Yves Coubis, président de Top Semence, à l’occasion de la conférence de presse régionale de Semae, le 17 février à La Bâtie-Rolland. L’interprofession des semences et plants, Semae (anciennement sous l’appellation Gnis), fête en 2022 ses soixante ans d’existence au plus près des acteurs de la filière semencière. « Pour rappel, notre mission est d’assurer la disponibilité et la fourniture de semences et plants de qualité en s’adaptant à la diversité des attentes des agriculteurs, des jardiniers et des consommateurs en France ainsi que sur les différentes zones de la planète, explique Didier Nury, administrateur de Semae et directeur de Top Semence. L’ouverture à la diversité des mondes semenciers est un élément nouveau que nous souhaitons pérenniser », ajoute-t-il.

« Conserver notre place de premier exportateur mondial »

Pour autant, le métier est en continuelle mutation. Une veille permanente est donc nécessaire pour répondre aux enjeux. Dans la continuité du plan de filière de 2017, Semae a débuté, en 2021, un projet stratégique novateur, à horizon 2024, qui comprend quatre engagements majeurs : répondre aux attentes des citoyens et des consommateurs, innover pour accompagner les filières dans la transition agroécologique, protéger, enrichir et diffuser la biodiversité et, enfin, améliorer la compétitivité et l’attractivité de la filière semences. « L’enjeu est de conserver notre place de premier exportateur mondial », déclare Didier Nury. Par ailleurs, la signature en décembre 2021 d’un contrat d’objectifs et de performance (COP) entre l’état et Semae vise à pérenniser les missions de service public confiées à Semae et d’assurer l’adaptation du système de contrôle à toutes les semences et toutes les agricultures. 

A la pointe de l’innovation

Pour répondre aux défis de la filière, l’interprofession participe également aux orientations de recherche et développement (R&D) avec un budget recherche annuel de 363 millions d’euros (M€) en 2021. « La filière semencière consacre une part importante dans l’innovation et dans la recherche au même titre que l’industrie pharmaceutique, informatique et aéronautique », explique Philippe Roux, délégué régional à Semae Sud-Est. En région, les expérimentations portent sur des actions spécifiques en productions oléagineuses. En Auvergne-Rhône-Alpes, « 30 % de la production de semences sont consacrés aux oléagineux (soja, colza et tournesol, ndlr) », indique Philippe Roux. Parmi les travaux en cours, la gestion de la récolte à travers des solutions de biocontrôle (zinc, acide acétique), du matériel spécifique de coupe (type Sunspeed, Class) ou l’acquisition de références sur un séchoir mobile expérimental. « Malgré l’évolution génétique et face à la hausse des coûts énergétiques, le séchage des semences oléagineuses n’a pas fait l’objet d’études depuis plusieurs années », alerte Jean-Christophe Conjeaud, responsable projets R&D à l’Anamso*. Pour optimiser l’action séchante en conservant la qualité des semences, la conception d’un séchoir mobile et multi-espèces vise à reproduire à échelle réduite les conditions réelles du séchage statique en bennes. Les essais permettent d’acquérir des données en termes de température, de hauteur de charge, de consommation de gaz... 

Attentes sociétales, environnementales et réglementaires 

Par ailleurs, pour maîtriser les ravageurs (grosses altises et charançons du bourgeon terminal) lors de l’implantation de productions de colza et dans une volonté de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, des essais sont menés sur l’introduction de plantes compagnes et les itinéraires techniques à conduire (association colza/lentille/fénugrec). La filière axe également ses recherches sur la gestion de l’andainage en production de soja semences, la gestion de la pollinisation, la gestion des dégâts d’oiseaux sur les cultures, l’application raisonnée des intrants, les innovations techniques telles que la robotique, la télédétection, la pulvérisation dirigée, etc. « Ces actions concourent à accompagner les agriculteurs multiplicateurs et les entreprises pour aller vers des solutions plus performantes en réponses aux attentes sociétales, environnementales et réglementaires », conclut Philippe Roux.

Amandine Priolet

* Anamso : Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses.

Semences et plants  en France 

Les chiffres clés de la filière
1er producteur européen (402 760 hectares).
1er exportateur mondial de semences agricoles : 1,9 milliard d’e.
11 000 emplois directs.
3,5 milliards d’e de chiffre d’affaires (progression de 11 % 
en 5 ans).
17 900 agriculteurs multiplicateurs.
69 entreprises de sélection.
240 entreprises de production.

Section plantes oléagineuses
Chiffres clés
3 391 agriculteurs-multiplicateurs.
58 900 tonnes de semences produites (sur 42 252 hectares).
524 M€ de chiffre d’affaires.
497 variétés inscrites (et 70 nouvelles variétés par an).
14 entreprises de sélection.
59 entreprises de production.
698 entreprises de distribution.

Les chiffres en région (Aura et Paca)
17 stations de sélection.
38 sites de production de semences et plants.
3 093 points de vente.
2 085 agriculteurs-multiplicateurs.
38 250 hectares (dont 2 433 en bio).
63 % de la production : oléagineux et maïs-sorgho.
Campagne 2020 /2021 : 89 459 k€ (valeur de la production).

Renforcer l’image de la filière 

Renforcer l’image de la filière 
En région Sud-Est, 30 % de la production de semences sont consacrés aux oléagineux (soja, colza et tournesol. ©Top Semence

« Pour être compétitive, la filière semencière doit savoir attirer des jeunes », a confié Philippe Roux, délégué régional Semae Sud-Est. La communication positive auprès du grand public - et plus particulièrement des étudiants - est donc un axe de travail fort. La campagne de communication « Semeurtime - Il est l’heure de se révéler » vise à donner envie aux jeunes de 14 à 18 ans de s’intéresser au secteur agricole et plus précisément à la filière semences, à travers une série de visuels décalés, mais aussi d’interviews vidéos de professionnels de la filière. A retrouver sur : https://semeurtime.com/. Parmi les autres actions en ce sens, la participation de la filière à la semaine du jardinage proposée en mars par Val’Hor, des cours en ligne à travers le Mooc Semences, des partenariats avec Agridemain pour l’organisation des Journées nationales de l’agriculture en juin, etc. Par ailleurs, la mise en place de la chaire entre l’institut Agro et Semae (2021-2026), sur le thème « diversité, amélioration des plantes et qualité des semences pour l’agroécologie », permettra de sensibiliser et former les générations à venir au monde de la semence, garante de la souveraineté alimentaire.

A. P.

La conception d’un séchoir mobile et multi-espèces - aujourd’hui en phase expérimentale à Top Semence - vise à reproduire à échelle réduite les conditions réelles du séchage statique en bennes. ©Anamso

Une ouverture à la diversité des semences

Pour être pleinement représentatif de la diversité de la filière, Semae a créé une nouvelle section intitulée « diversité des semences ». « Cette nouvelle section regroupe tout un nombre d’espèces pour proposer à tout acteur de la filière, intervenant de la semence, d’engager des réflexions stratégiques pour l’avenir », indique Didier Nury, administrateur de Semae. Sont réunis en son sein des acteurs de l’agriculture biologique et biodynamique, de l’agriculture urbaine, de la certification et commercialisation des productions bio, de la conservation des ressources phytogénétiques, des semences de ferme et paysannes, des chefs cuisiniers, des jardiniers et des paysans boulangers. « Il n’y a pas un monde des semences mais plusieurs mondes des semences », ajoute Didier Nury.  
A. P.