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SEMIS

Semer tôt pour limiter l’impact des ravageurs d’automne 

Un colza robuste sera moins vulnérable aux assauts des bioagresseurs et aux aléas climatiques. Pour atteindre cet objectif, c’est bien maintenant, au lendemain de la récolte du précédent, que tout se joue pour une implantation réussie.

Semer tôt pour limiter l’impact des ravageurs d’automne 
Un colza robuste, moins vulnérable aux attaques des ravageurs d’automne, doit atteindre le stade 4 feuilles avant début octobre, et rester en croissance active durant l’automne.

La campagne 2021, particulièrement marquée par les aléas climatiques montre que les situations bien implantées, avec des colzas bien enracinés et au stade 4 feuilles avant début octobre tirent leur épingle du jeu. Anticiper les interventions 
est donc un préalable incontournable pour être prêt à saisir les opportunités météo et réussir cette étape primordiale. Ce qui se passe avant le semis et la manière dont se déroule celui-ci, conditionne en  grande partie la réussite du colza.

Préparer le sol, au lendemain de la récolte du précédent  

La récolte des céréales signe le top départ de la campagne colza avec les travaux d’interculture. Ceux-ci doivent permettre d’obtenir un sol fissuré en profondeur, sans tassements, affiné en surface et surtout de préserver l’humidité. Il convient donc de raisonner le travail du sol en le limitant au strict nécessaire, et de le réaliser au plus tôt après la récolte afin de réduire le risque de desséchement. Des interventions tardives mettront le colza en grande difficulté si la pluviométrie est limitante. Dans les sols argileux, il est conseillé de rappuyer le sol après chaque passage d’outil pour préserver l’humidité. Cette année, certains secteurs ont reçu des cumuls de pluie 
importants en juin, l’humidité du sol à la récolte peut y être conséquente. Dans ce cas et de façon exceptionnelle, il convient de retarder 
les interventions afin d’éviter la formation de mottes. 

Bannir les outils animés

Le semis combiné avec herse rotative ou outil animé est à proscrire pour l’implantation du colza : le risque 
de dessèchement du sol par évaporation accompagnée souvent d’un excès de terre fine et/ou de micro-mottes selon la texture du sol est important.
Il faut Intervenir dans des conditions d’humidité du sol adaptées afin d’éviter la formation de mottes qui seront très difficiles à récupérer par la suite.

Être prêt à semer début août

Être prêt à semer, cela signifie un sol préparé, les semences livrées à la ferme, le matériel et la main-d’œuvre disponibles. Ainsi les travaux de préparations devront être terminés courant juillet. La décision de semer doit ensuite être prise en fonction des prévisions météo : le déclenchement du semis sera conditionné par l’annonce d’une pluie. Semer juste avant une pluie de 7-10 mm est idéal, même dans le sec à condition que le sol soit prêt. Attendre la pluie, c’est courir le risque de passer à côté de celle qui fera lever la culture au plus tôt. Pour les secteurs Auvergne et Nord Rhône-Alpes, on distinguera les situations selon le type de sol. Dans les situations à faible réserve en azote minérale, et sous réserve de disposer de variétés peu sensibles à l’élongation, les semis doivent être particulièrement précoces. En sols profonds, à forte disponibilité en azote, les températures favorables et l’azote disponible justifient des semis moins précoces. Pour les secteurs plus au Sud, quel que soit le type de sol il convient d’être prêt à la mi-août pour un semis avant le 10 septembre.

Raisonner la profondeur de semis 

La profondeur de semis se raisonne selon l’humidité du sol afin de favoriser une levée rapide. En sol sec sur 
les 3 ou 4 premiers centimètres 
mais restant frais en dessous, semer jusqu’à 4 cm, afin de positionner 
la graine au contact de la fraîcheur. En sol sec sur 5 cm et plus, semer à 2 cm dès lors qu’une pluie de 7-10 mm est annoncée pour favoriser une germination rapide. La graine germera dès que le sol sera réhumecté  : on considère que 1 à 1,5 mm de pluie est nécessaire pour réhumecter 1 cm de sol. Si les précipitations sont inférieures aux 7-10 mm annoncés, il y a un risque de dessèchement du grain en cours de germination, la jeune racine ayant des difficultés à se développer dans une zone sèche : c’est la situation la plus délicate. 
Sans pluie effective ni annoncée au 20 août, semer alors à 4 cm de profondeur pour attendre une pluie significative. S’assurer d’une disponibilité en azote et phosphore suffisante pour une croissance dynamique et continue à l’automne. Les sols peu pourvus en phosphore étant fréquents dans le Sud, un apport au semis est recommandé car des carences, même modérées, contribuent à une réduction de croissance. 
Dans les parcelles à faible disponibilité en azote à l’automne, il est conseillé de réaliser un apport avant le semis, qu’il soit organique (fientes, lisiers, digestats, fumiers peu pailleux) ou minéral. 
Pour l’azote minéral, viser 10 unités d’azote en localisé ou 30 unités en plein, en veillant au respect de la directive nitrates. Enfin, à l’échelle de la rotation, certains précédents permettront de limiter les apports d’azote ; soulignons ainsi l’intérêt de positionner le colza après des cultures laissant de l’azote disponible, tels que des protéagineux.
 
Matthieu Abella et Alexis Verniau
[email protected]


 À télécharger : « Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste » Édition Terres Inovia juin 2019 - Document à télécharger gratuitement avec un compte utilisateur sur www.terresinovia.fr – rubrique Produits