Montrer l'intérêt du pastoralisme au grand public

« Merci à la Drôme de m'avoir accueilli », a lancé Jean-Michel Cazeau, berger à Mouriès dans les Bouches-du-Rhône, à son arrivée à Marsanne le 10 août. Avec son troupeau de 650 chèvres du Rove et de 150 brebis provençales, le chevrier a parcouru ce jour-là 11 km, en provenance de la Gare des Ramières à Allex. « J'ai signé en 2019 un contrat Natura 2000 sur quatre ans avec la Gare des Ramières pour l'entretien des espaces pastoraux, notamment dans le cadre de la lutte contre l'ambroisie. C'est par ce biais que la commune de Marsanne m'a connu et m'a contacté pour venir débroussailler les abords du prieuré Saint-Félix », explique-t-il. La journée, les bêtes entretiendront le site et le soir elles seront parquées avec les chiens de protection, à la maison des chasseurs prêtée par l'association communale de chasse agréée (ACCA).
Une belle opportunité pour la commune de Marsanne, en collaboration avec Montélimar Agglomération, la communauté de communes de Dieulefit-Bourdeaux, l'Adem(1) et l'ONF(2), de promouvoir le pastoralisme et d'évoquer la gestion des espaces pastoraux, alors que de nombreux spectateurs attendaient l'arrivée du troupeau.
Une animation à portée pédagogique
« Cette rencontre avec le grand public est l'occasion de montrer que le pastoralisme est important pour le territoire, que ce soit pour l'entretien des paysages ou la défense incendie. Cela nous permet également d'expliquer à tous comment se comporter devant un troupeau et des chiens de protection », rappelle Dominique Narboux, directrice de l'Adem.
A portée pédagogique, cet événement tend aussi à rappeler que « le pastoralisme n'est pas mort, comme l'a assuré Yves Courbis, vice-président de Montélimar Agglomération en charge de l'agriculture. A l'heure du "consommer local", il est intéressant d'avoir des productions de proximité et un contact direct avec les éleveurs ». Et l'ancien agriculteur d'ajouter : « On parle beaucoup de l'artificialisation des terres mais il serait bien d'essayer de limiter d'abord les terres laissées à l'abandon. La présence d'un troupeau est d'ailleurs un moyen peu onéreux pour contribuer à cela ». Un sujet sur lequel la municipalité de Marsanne, et notamment son maire nouvellement élu, Damien Lagier, est également sensible. « Développer l'écopastoralisme était l'un de nos engagements de campagne, dit-il. Nous avons déjà des moutons qui désherbent des parcelles communales. »
L'écopastoralisme à l'honneur
Cette fois, c'est un autre secteur de la commune qui est concerné. « Dans le cadre de la réhabilitation du prieuré Saint-Félix, nous souhaitions débroussailler les abords. Mais le problème, c'est que les moutons s'arrêtent dès lors que le terrain devient trop compliqué, poursuit l'élu. Il nous fallait plutôt des chèvres, d'autant plus que d'anciens chemins qui mènent au vieux village sont aujourd'hui recouverts de ronces. » L'objectif est ainsi de nettoyer l'ensemble du site en vue de mener à bien le projet de réhabilitation, porté depuis de longues années par la commune et l'association des Amis du vieux Marsanne. Mais Damien Lagier entend toutefois faire de cet événement un rendez-vous annuel, avec le souhait « de pérenniser l'écopastoralisme sur la commune ».
A en voir le succès rencontré par le nombre de spectateurs présents sur les bords de la route, impatients de voir défiler le troupeau, nul doute que ce rendez-vous sera, chaque année, très attendu. Une belle manière de promouvoir le pastoralisme, le métier d'éleveur et le développement du « consommer local ».
(1) Adem : association départementale d'économie montagnarde.
(2) ONF : office national des forêts.