Une session marquée par une actualité dense

Tant ils sont récurrents, les sinistres climatiques ne cessent de marquer l'actualité et de contraindre les agriculteurs à s'adapter. « Sur le devenir des cheptels, la protection des cultures, l'accès à la ressource en eau, nous devons aller plus loin cet hiver pour étudier, à l'échelle régionale, les transitions dans les systèmes d'exploitation », a déclaré Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme, le 18 septembre à Bourg-lès-Valence, en ouvrant la session d'automne de la compagnie consulaire. Il a aussi mis l'accent sur la nécessité de pouvoir créer rapidement des retenues collinaires. « En Auvergne-Rhône-Alpes, 146 dossiers ont été déposés pour des projets collectifs ou individuels. Il faut lever les blocages, en particulier ceux inhérents à la loi sur l'eau », sujet dont il a fait part au président du Sénat en visite dans la Drôme le 14 septembre. Il espère aussi l'avancement du vaste projet d'irrigation Hauts de Provence rhodanienne (HPR), entre Sud-Drôme et Nord-Vaucluse.
Loup, attaques d'équidés, Rip
Autre sujet récurrent et toujours aussi douloureux, celui de la prédation lupine. « Nous comptons déjà près de 500 animaux victimes du loup, a déploré Jean-Pierre Royannez. La situation n'est absolument pas maîtrisée. Compte tenu de son biotope, la Drôme est le département le plus vulnérable. Il faut arrêter l'idéologie et sauver les éleveurs ». Quant à l'inquiétude que suscite les récentes attaques sur des équidés, « c'est une barbarie incompréhensible », a-t-il dit. Les élus de la chambre d'agriculture demandent que les responsables de ces actes (non identifiés au 22 septembre - ndlr) soient sévèrement punis et les peines prononcées appliquées.
Quant au référendum d'initiative partagée (Rip) pour les animaux que deux parlementaires drômois (Mireille Clapot et Alice Thourot – ndlr) ont signé, « je préférerais davantage les voir dans les exploitations agricoles plutôt que de faire de l'idéologie en allant à la pêche aux voix », a lâché le président de la chambre d'agriculture.
Séparation vente-conseil, Pac
Alors que le dossier sur la séparation du conseil et de la vente de produits phytopharmaceutiques doit entrer en application en 2021, « la chambre d'agriculture continuera d'être un acteur du conseil, avec le souhait d'une complémentarité avec les acteurs économiques », a assuré Jean-Pierre Royannez.
Sur la Pac, il a jugé satisfaisant le budget obtenu par la France pour la période de transition. « A condition que les incertitudes sur le financement des installations soient levées, a-t-il dit. Nous avons déjà vingt dossiers d'installations de plus que l'an passé et il faut que tous soient agréés avec les règles actuelles. » Le même souhait est émis pour les dossiers du plan de modernisation des exploitations.
Deux grands rendez-vous
D'ici la fin de l'année, l'action de la chambre d'agriculture de la Drôme sera marquée par le projet « Ceinture verte » (lire ci-contre) et deux grands rendez-vous. D'abord le 12 novembre les assises du foncier organisées en partenariat avec le Département et l'État. « L'idée est de bien gérer le foncier selon quatre axes : les énergies renouvelables, l'installation et l'alimentation, l'environnement, l'urbanisme », a expliqué Jean-Pierre Royannez. Les maires seront conviés à l'évènement. Ensuite, le 9 décembre avec les assises de l'alimentation. « Le plan de relance économique est une opportunité pour avancer, en lien avec toutes les initiatives locales, vers un projet alimentaire touchant davantage de consommateurs. »
Christophe Ledoux
Ils ont dit
A propos des actes de barbarie sur les équidés, « il faut apporter un ensemble de réponses pour sanctionner », a déclaré Célia de Lavergne, députée de la Drôme. Sur le référendum d'initiative partagée (Rip) pour les animaux, « je ne le signerai pas, a-t-elle annoncé. Le débat public mérite mieux que cela. Mieux vaut accompagner vers le bien-être des animaux qu'interdire. » Sur la prochaine Pac, la députée estime que le débat public « imPACtons » doit « emmener l'opinion public à comprendre le métier d'agriculteur ». A propos du projet de loi autorisant des dérogations à l'interdiction des néonicotinoïdes, « si on en là aujourd'hui, c'est que collectivement on a été mauvais », a-t-elle jugé. Par ailleurs, suite à l'intervention d'un élu de la chambre d'agriculture sur les tests de dépistage des salmonelles en aviculture, la parlementaire s'est dite prête à échanger sur ce sujet.« Le changement climatique est au cœur de toutes les réflexions et actions en cours, a déclaré Marie-Pierre Mouton, présidente du Département de la Drôme. Dénonçant l'agribashing, « on ne met pas assez en avant le travail des agriculteurs et leurs efforts, a-t-elle ajouté. Sur le partage de la ressource en eau, je suis prête à mettre du lien pour faciliter le dialogue et les avancées entre agriculteurs, pêcheurs, acteurs des contrats de rivière... ». Sur le foncier, « les assises feront prendre conscience des besoins et contraintes pour trouver une ligne médiane de consensus. » Concernant la prédation lupine, « il faut actionner les marges sur les prélèvements de loups. Les éleveurs ne doivent plus travailler avec la boule au ventre. » Et suite aux actes de barbarie sur les équins, « il faut aggraver par la loi les peines à l'encontre des gens qui se prêtent à ces actes ignobles et les faire appliquer. »« En période de sécheresse, l'irrigation est essentielle, chacun essayant de sauver ses cultures, a dit André Gilles, vice-président du Département chargé des routes et de l'agriculture. Sur le vaste projet d'irrigation Hauts de Provence rhodanienne (HPR), « avec la baisse du débit du Rhône, on ne pourra pas irriguer tous les hectares », estime-t-il. Sur les dégâts de neige de novembre 2019, « il faut voir si le Département a la possibilité d'aider davantage. »
Calamités agricoles
Point sur les dossiers
S'agissant des calamités agricoles, Isabelle Nuti, directrice de la DDT de la Drôme, a fait un point.Pour 2019, « au titre du gel, 79 dossiers ont été déposés et 0,9 million d'euros (M€) réglés. Pour les orages, 85 dossiers déposés et 80 éligibles pour 1,2 M€ réglés. Une deuxième enveloppe est à venir pour indemniser les arbres arrachés cet automne. Pour la neige, 140 dossiers ont été déposés et 42 payés à ce jour pour 0,42 M€. » A noter, l'exonération de TFNB a représenté 1,8 M€.Pour 2020, le dossier gel (Sud et Nord-Drôme) sera examiné par la commission nationale début 2021. Pour la sécheresse, il faut attendre la fin des récoltes pour évaluer les pertes au regard des critères d'activation du fonds des calamités. « Compte tenu des évolutions climatiques, le système des calamités doit évoluer, a-t-elle ajouté. Une réflexion nationale est en cours. »Par ailleurs, la directrice de la DDT de la Drôme a évoqué les attaques de loups, en recrudescence de 15 %. Quatre loups ont déjà été abattus en Drôme à la suite de tirs de défense renforcés.