Valorisation
Haies : une ressource multiple à valoriser

Un chantier d’abattage de haie à Etoile-sur-Rhône a servi de terrain pour présenter des moyens de valorisation du bois déchiqueté et faire un point sur l’intérêt des haies en agriculture.

 Haies : une ressource multiple à valoriser
Lors de la démonstration du broyeur utilisé par la Cuma Bois énergie 26, après la coupe à blanc d’une haie de la ferme expérimentale d’Etoile.

Faisant office de brise-vent, l’une des haies de la ferme expérimentale d’Etoile-sur-Rhône a été rasée le 18 février. « Elle est arrivée en fin de vie et ses essences (peupliers et cyprès) ne sont plus adaptées, explique Florian Boulisset, chargé de la plateforme des techniques alternatives et bio (Tab). Elle sera remplacée par une haie brise-vent plus propice à la biodiversité. » Ce chantier a été l’occasion, pour la chambre d’agriculture et la fédération des cuma de la Drôme, d’organiser une demi-journée sur la valorisation des bois de haies, en présence de Mission Haies Auvergne-Rhône-Alpes, de la Scop d’élagage Filao et de la cuma Bois énergie 26.

Brise-vent, biodiversité

« Utilisées auparavant quasi-exclusivement comme brise-vent, les haies ont désormais de multiples fonctionnalités et sont même dans des référentiels comme celui de la Haute valeur environnementale (HVE) », assure Bruno Darnaud, membre du bureau de la chambre d’agriculture. Pour davantage d’imperméabilité au vent, plusieurs espèces de feuillus entrent dans leur composition. « L’objectif est de former trois strates - basse, moyenne, haute - en privilégiant des essences qui poussent moins vite que le peuplier et le cyprès mais sont plus qualitatives », explique Florian Boulisset. 

Favorisant la biodiversité, « les haies permettent à la faune de se nourrir, s’abriter, se reproduire et ainsi d’apporter des services en matière de pollinisation des cultures, de lutte contre des ravageurs, ajoute Aline Buffat, conseillère à la chambre d’agriculture. Une haie doit être assez large (2 mètres), multistratifiée et diversifiée avec une dizaine d’essences locales. Son entretien nécessite une gestion douce de la strate arborée et herbacée. » Elle conseille aussi de ne pas enlever les arbres morts (sauf en cas de danger) car ils constituent des micro-habitats.

Antidérive, implantation

Aline Buffat et Florian Boulisset ont donné des conseils pour l’implantation des haies.

La plantation de haies antidérive s’avère une solution vertueuse pour gérer la proximité avec les riverains des parcelles agricoles. « Cela permet de compresser la “ZNT eau” en cas d’utilisation d’un pulvérisateur anti-dérive, précise Florian Boulisset. Pour la “ZNT riverains”, la réduction des distances est encore à l’étude. » Le choix d’espèces à feuillage persistant, comme la viorne tin, sont à privilégier pour ce type de haie.

La période la plus propice à l’implantation - que ce soit en racines nues ou en godet - se situe de novembre à début mars. 

Au moment d’implanter arbres et arbustes, le travail du sol ne doit pas être négligé. « Après les premières pluies au sortir de l’été, il faut sous-soler et décompacter sur au moins 60 cm de profondeur puis affiner la surface », conseille Aline Buffat. La période la plus propice à l’implantation - que ce soit en racines nues ou en godet - se situe de novembre à début mars. « Ne pas oublier le paillage et des protections contre le gibier, ajoute-t-elle. Ni l’irrigation pendant trois ans avec des apports peu fréquents mais massifs. » Quant au coût, prévoir 1,50 € par plant acheté, 0,50 € pour la protection et de 1 à 3 € par mètre linéaire selon le type de paillage. « Pour réaliser la totalité des tâches, compter sept heures de travail par personne pour 100 mètres linéaires », estime-t-elle.

Bois énergie, litières

Sur une exploitation, des haies, bosquets ou arbres isolés sont aussi des sources de bois énergie. Leur potentiel varie selon la conduite et la localisation (voir encadré). « Les arbres en têtards et les haies de bords de cours d’eau sont les plus productifs, assure Sylvie Monier, directrice de Mission Haies Auvergne-Rhône-Alpes. En revanche, une haie taillée au carré a un potentiel nul. » 

"Quatre mètres cubes de plaquettes sèches équivalent à une tonne de paille", signale Sylvie Monier, directice de Mission Haies Auvergne-Rhône-Alpes.

L’utilisation des plaquettes bocagères en litières s’est également bien développée en élevage bovin. « Mais aussi dans les élevages porcins, ovins et de poules pondeuses (sauf pour les poussins), signale Sylvie Monier. Quatre mètres cubes de plaquettes sèches équivalent à une tonne de paille. » Les avantages de ce matériau sont nombreux : excellente portance, forte capacité d’absorption de l’humidité, réduction de la fréquence de paillage, facilité de curage, moins de risques pathogènes (car peu fermentescible)… Toutefois, des inconvénients sont à mentionner comme la disponibilité de la matière première (il faut 120 m³ de plaquettes pour une stabulation de 1 200 m²), l’obtention de plaquettes déchiquetées au couteau afin d’éviter les risques d’échardes. A noter, le fumier de plaquette est riche en azote, « autant qu’un fumier de paille », selon Sylvie Monier. Son pH est supérieur à 8.

Christophe Ledoux

A découvrir : "Chauffer sa maison avec des bois de haie" https://www.agriculture-dromoise.fr/articles/preview-52874/?preview=RTVYKBJ78JHIFUY

Quel potentiel en bois plaquette ?

- Haie basse taillée tous les ans : potentiel nul. Coût d’entretien élevé : 45 à 75 €/km/an pour trois à cinq passages.

- Haie arbustive libre (ex : noisetiers) : potentiel moyen de 5 à 10 m³ de plaquettes/km/an avec un cycle de récolte de 25 ans.

- Haie haute arborée : potentiel bon de 5 à 20 m³ de plaquettes/km/an avec un cycle de récolte de 30 ans.

- Arbres en croissance libre : potentiel moyen (simple élagage) de 3 à 6 m³ de plaquettes/km/an avec un cycle de récolte de 15 à 30 ans.

- Arbres en têtards : potentiel très bon de 30 à 50 m³ de plaquettes/km/an avec un cycle de récolte de 9 à 15 ans (saule, peuplier), 25 ans (frêne), 30 ans (chêne, tilleul).

- Haie de bord de cours d’eau : potentiel très bon de 30 à 50 m³ de plaquettes/km/an avec un cycle de récolte de 20 ans.

Source Mission Haies Aura