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Coopération

Le préfet à l’écoute de la filière semences

Le 18 mars à La Bâtie Rolland, le préfet de la Drôme Hugues Moutouh a rencontré les dirigeants de l’Union coopérative TOP Semence, qui ont pu exposer les différents enjeux auxquels la filière semences est confrontée.

Le préfet à l’écoute de la filière semences
Didier Nury et Yves Courbis, respectivement directeur général et président de TOP Semence, ont reçu, entre autres, le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh et le président de la chambre d’agriculture de la Drôme, Jean-Pierre Royannez, lors d’une après-midi de présentation du métier de semencier.

«Avec la filière semences, la France a une véritable pépite entre les mains », a affirmé Didier Nury, directeur général de TOP Semence, lors de la visite du préfet de la Drôme Hugues Moutouh sur le site de La Bâtie-Rolland, le 18 mars dernier. Le préfet était accompagné du sous-préfet de Nyons, Philippe Nucho, de Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme, d’Anne-Claire Vial, présidente d’Arvalis et de Dominique Chatillon, cheffe du service agriculture de la DDT. Alors que la filière semences française est premier exportateur mondial, Yves Courbis, président de l’Union de coopératives, a rappelé que la semence figurait au premier maillon de la chaine alimentaire. Pourtant, TOP Semence doit faire face, depuis plusieurs années, à une concurrence de plus en plus forte dans un secteur toujours très réglementé. Pour se différencier, l’entreprise peut compter sur la force de son centre expérimental pour tester de nouvelles espèces porteuses pour l’avenir, et anticiper, les conséquences du changement climatique. « Il s’agit de trouver de nouvelles méthodes de production, avec une consommation d’eau, d’intrants et de carburant moins importante », précise Didier Nury. La transition agro écologique est un axe majeur de développement pour l’Union. Le site est équipé d’une chaudière biocombustible, permettant de répondre à 25 % de ses besoins en énergie de séchage. « Nous sommes une entreprise dont le premier principe est de stabiliser la récolte qui a été faite chez nos adhérents et surtout de préserver la qualité initiale », poursuit le directeur général.

Une chaîne de production 100 % bio dans les deux ans

Grâce à cette installation, l’Union a permis de faire baisser l’impact environnemental sur le milieu naturel de 600 tonnes d’équivalent carbone en termes de rejets annuels. Pour aller plus loin dans cette démarche environnementale, les dirigeants ont lancé un schéma directeur, dans lequel figure un volet sur l’aménagement des toitures en photovoltaïque. « Nous avons de grandes surfaces de toitures. Il serait dommage de ne pas les exploiter », estime Didier Nury.
Par ailleurs, l’entreprise entend poursuivre son déploiement autour de l’agriculture biologique. Aujourd’hui, TOP Semence compte 1 200 hectares en bio, soit plus de 10 % de la production de semences globale. Voté récemment en conseil d’administration, « le projet de création d’une unité de travail dédiée à l’agriculture biologique permettra de répondre à la demande sociétale, mais aussi d’assurer le revenu des exploitations agricoles. Cet atelier sera un outil de référence dans le quart sud-est de la France », prévient Raphaël Comte, directeur des opérations. Cette chaîne de production 100 % bio va « aussi nous permettre d’exister demain sur un nouveau créneau », assure Yves Courbis. Ainsi, la modification d’un bâtiment de 1 500 m² et son extension afin de créer une unité dédiée, sans risque de contamination avec les autres process, sont à l’étude. 
Dans ce contexte d’investissements, TOP Semence espère être entendu et pouvoir s’appuyer sur le plan de relance. L’appel à projets BPI, relatif au secteur industriel, a d’ores et déjà été refusé en décembre dernier. Prochainement, un dossier « Fonds Avenir bio », destiné à accompagner le développement des filières biologiques, sera porté par l’Union. « Cela ne remet pas pour autant en question nos projets d’investissement », rassure Frédéric Mussard, responsable des affaires administratives, juridiques et sociales. « L’unité de production 100 % bio verra le jour d’ici deux ans », ajoute Didier Nury. Le coût de l’investissement n’a toutefois pas été révélé.

Une méconnaissance du métier

Pour finir, le directeur général a insisté sur la méconnaissance du monde semencier en France. « Nous avons besoin que les décideurs aient conscience des difficultés et des enjeux auxquels nous devons répondre. Nous faisons les frais collatéraux de certaines réglementations, notamment à travers la loi Egalim », interpelle-t-il. En effet, cette loi interdit l’application d’un certain nombre de produits à l’export dans des pays où ces mêmes produits sont autorisés. Une décision parmi tant d’autres qui pourrait mettre à mal la filière française.
Des inquiétudes qui semblent avoir été entendues par le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, bien conscient des enjeux. « La filière semences est méconnue, car elle se trouve à la croisée des chemins entre l’agriculture, l’industrie et la biotechnologie. Vous êtes dans une niche, vous faites les frais d’un manque de connaissance, vous n’êtes pas dans les grands circuits du lobbying. Pourtant, vous avez tout pour séduire les grandes personnalités politiques, avec un secteur en pleine croissance et un impératif de nourrir la planète », a-t-il déclaré, rappelant que le XXIe siècle était le siècle des sciences du vivant. En période de reconquête de la souveraineté alimentaire, le préfet a souligné que TOP Semence se trouvait au cœur de la stratégie économique française, une union créatrice d’emplois et engagée dans l’innovation et la transition agroécologique. Pour rappel, le chiffre d’affaires prévisionnel pour l’année 2020-2021 (chiffres arrêtés en juin) est de 54 millions d’euros.
Amandine Priolet

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