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AVICULTURE

L’autonomie énergétique permet tout juste de résister

À Margès, Baptiste et Gilles Dumoulin ont fait le pari dès 2018 d’équiper leurs bâtiments avicoles de chaudières biomasses pour limiter le recours au gaz. Un choix stratégique qui ne leur épargne pas pour autant la hausse des autres coûts de production.

L’autonomie énergétique permet tout juste de résister
Le Gaec de la Réserve à Margès dispose de deux chaudières biomasse pour ses bâtiments avicoles. Elles sont alimentées à partir de miscanthus ou de bois déchiqueté. © B.Dumoulin

Lorsqu’il a rejoint son père sur l’exploitation familiale en 2017, Baptiste Dumoulin a fait le choix d’installer deux poulaillers reliés à deux chaudières biomasse de 500 kW chacune. Ils exploitent ainsi en Gaec quatre bâtiments pour une surface totale de 5 280 m². « Nous élevons huit bandes par an et par bâtiment », précise Baptiste Dumoulin, soit 850 000 poulets standards produits chaque année en intégration.

Trois des bâtiments, soit 4 200 m², sont désormais chauffés à partir de miscanthus et de bois produits sur l’exploitation. Seul le plus ancien des poulaillers est encore chauffé au gaz. Les éleveurs ont senti passer son augmentation sur leur facture de mars : 890 euros/tonne contre 649 euros début novembre. À cette augmentation s’est aussi ajoutée celle des intrants pour le traitement de l’eau, le confort des volailles ou encore l’électricité. Seul le prix de la balle de riz pour la litière n’a pas encore bougé mais Baptiste Dumoulin redoute une prochaine augmentation de ses coûts de transport.

Choix techniques et charges supplémentaires

« Nous avons travaillé à l’amélioration de nos résultats techniques, indique le jeune éleveur, d’où le choix d’une litière de très bonne qualité. Nous sommes aussi passés à la vaccination au couvoir pour faire face à une forte pression de la maladie de Gumboro sur notre territoire, soit une charge supplémentaire de 14 000 euros par an. Ces choix nous ont permis de gagner en moyenne 50 cts/ m²/ lot. » Mais dans un contexte où les coûts de production continuent d’augmenter, sans perspective d’un retour rapide à la normale, générer de nouvelles charges comme celles-ci est un pari risqué reconnaît-il. C’est pourquoi, l’exploitation cherche à être toujours plus autonome en biomasse pour les chaudières.

« Nous disposons de 9 hectares de miscanthus qui seront en pleine production cette année. Ils devraient nous permettre de chauffer cinq ou six lots sur huit [pour les trois bâtiments concernés, ndlr]», détaille Baptiste Dumoulin. Les deux ou trois autres lots seront chauffés grâce au bois issu des 10 ha de forêt dont dispose le Gaec, soit un coût annuel de 10 000 euros (prestation d’abattage + utilisation du broyeur en cuma).

Agriculture de conservation des sols

Du côté des grandes cultures (60 ha dont la production est vendue à la coopérative drômoise de céréales), le Gaec tente aussi de limiter la hausse des coûts de production. « Nous sommes en agriculture de conservation des sols (ACS) depuis 2016, donc assez économes en GNR, signale le jeune agriculteur. Cette année, nous devrions fertiliser uniquement au compost de fumier de volailles. L’ACS nous a permis de remettre les sols en route et donc de mieux valoriser l’organique, ce qui devrait nous faire de belles économies. »

Ces choix stratégiques permettent à l’exploitation de mieux résister dans le contexte actuel. Mais Baptiste Dumoulin est inquiet pour l’avenir. « Tous nos efforts techniques sont aujourd’hui mangés par la hausse des charges qui remet en question les investissements, souligne-t-il, notamment pour rénover le bâtiment de plus ancien et le raccorder à la biomasse. Il va falloir que les contrats sur nos productions suivent si on veut que les filières tiennent bon. »

Sophie Sabot