PORTRAIT
Lydvine Carré, floricultrice dans l’âme

En reconversion professionnelle, non issue du monde agricole, Lydvine Carré, floricultrice, a créé de toutes pièces son jardin de fleurs fraîches et bio à Montmeyran dans la Drôme. « D’âme des Champs » propose 150 variétés de fleurs locales et de saison, vendues en bouquets aux boutiques locales et en vente directe.

Lydvine Carré, floricultrice dans l’âme
Lydvine Carré réalise trois cueillettes par semaine. ©PLB

Cosmos, achillée, zinnia, anémone, renoncule, dahlia, reine- marguerite, bleuet, monarde… la variété des fleurs reflète la diversité de production de Lydvine Carré, floricultrice à Montmeyran. Cette jeune femme, qui s’est installée en 2020 en entreprise individuelle, cultive 150 variétés de fleurs fraîches sur 1 300 m2 dont 180 m2 sous tunnel non chauffé. Son entreprise « D’âme des champs » est certifiée bio par le bureau Veritas.
Sans formation horticole, cette ancienne biologiste médicale en reconversion et originaire de Romans-sur-Isère, est une pure autodidacte. Elle a tout appris sur le tas. Prudente, avant de créer son activité, elle s’est renseignée, documentée auprès de l’association nationale, le collectif de la fleur française, qui rassemble fleuristes, grossistes et horticulteurs de la filière « fleur coupée ». « J’ai beaucoup appris aux contacts de ses membres », explique-t-elle. Lydvine avance à tâtons, multiplie les essais de fleurs sur une petite parcelle et réalise tous ses semis. « Je récupère les graines que je plante dans une petite pépinière sur une grande table à l’arrière de la maison. Je n’achète aucun plant. Je commence mes semis début février », précise-t-elle. La jeune femme a investi 6 000 euros dans un système d’irrigation par goutte à goutte, une serre et une chambre froide. Pour les pics de travail, elle peut compter sur un coup de main de son mari, Sébastien, lui aussi en reconversion professionnelle. Celui-ci s’est lancé, en tant qu’indépendant, dans la cuisine et le portage de repas à domicile pour des particuliers et des centres aérés.

Fleurs coupées de saison

« J’aime les fleurs depuis toujours. J’ai choisi cette activité car je ne trouvais pas les fleurs que je cherchais chez les fleuristes. Dans le commerce, l’offre est souvent classique et identique. 85 % des fleurs commercialisées en France viennent de l’étranger. L’impact carbone est important », souligne Lydvine Carré. Elle regrette aussi dans cette offre « un manque de diversité et d’adéquation avec le cycle des saisons ». Un cycle qu’elle respecte sur son exploitation puisqu’elle cultive des fleurs de la mi-février à la mi-novembre.
La floricultrice a choisi de s’orienter vers la fleur coupée. Tôt le matin, de 6 h à 9 h, elle cueille dans son jardin qui jouxte la ferme familiale les variétés qui seront destinées le lendemain aux trois principales boutiques qu’elle approvisionne : la Ferme des Volonteux à Beaumont-lès-Valence, Court-circuit, magasin de producteurs à Chabeuil et La Vie Claire à Crest. « J’approvisionne ces boutiques tous les deux jours. Je fais essentiellement du dépôt vente dans les magasins. Au début j’avais des pertes. Avec l’expérience, j’ai appris à doser les quantités que je vends bien, raconte la jeune femme qui réalise trois cueillettes par semaine tout au long de l’année. La cueillette matinale évite le stress des plantes. Je réalise des bouquets de différentes variétés de fleurs, qui sont livrés le lendemain. Je vends aussi à la tige à la demande. »

Les fleurs sont vendues fraiches en bouquets dans trois magasins à proximité de Montmeyran. ©PLB


Lydvine Carré propose également des fleurs coupées séchées à sa clientèle. Leur cueillette se déroule de juin à septembre. Les fleurs sont mises en bottes, séchées la tête en bas, à l’abri de la lumière dans une grande pièce dans la maison. Elle propose une quarantaine de variétés de fleurs séchées. Cette année, elle a développé la vente directe à la ferme et s’est faite connaître par le bouche-à-oreille et via les réseaux sociaux.

Accéder à l’indépendance financière

Comme pour toute installation agricole, d’autant plus en n’étant pas issue du milieu agricole, Lydvine Carré ne cache pas que les débuts sont difficiles. Après une première année d’activité, la jeune femme a pu se verser un premier salaire en 2021. Au fur et à mesure, elle trouve de nouveaux débouchés. « Je fleuris de plus en plus de mariages et, depuis 2020, j’organise des ateliers cueillette une fois par mois qui ont beaucoup de succès. J’explique ma démarche, je fais visiter mon exploitation. Je propose aux participants de cueillir leurs fleurs et de confectionner les bouquets. L’atelier se termine par un repas à la ferme avec des fleurs condimentaires », décrit-elle.
En 2022, après deux années d’activités, la jeune floricultrice espère accéder à l’indépendance financière avec une rémunération en hausse. « J’ai diversifié mes débouchés et ajusté ma production de fleurs. Je ne compte pas agrandir mes surfaces car cela nécessiterait de faire appel à des saisonniers. Ce n’est pas ce que je recherche. Je veux rester sur une activité à taille humaine et offrir davantage de services à ma clientèle, voire sensibiliser un public plus large aux fleurs souvent méconnues, insiste la jeune femme. Aujourd’hui, on me demande de plus en plus des fleurs comestibles pour la restauration. Je cultive par exemple la monarde, une belle plante condimentaire dont on peut utiliser à la fois les feuilles et les fleurs. » 

Pierre-Louis Berger

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Journée de la fleur française

Fêter la fleur locale et de saison le 26 juin

Le dimanche 26 juin sera dédié à la fleur française. C’est la deuxième édition de cette journée qui a pour objectif de fédérer, d’informer, d’accompagner, de valoriser et de fêter la fleur locale et de saison. Cette action nationale est portée par le collectif de la fleur française, une association fondée en 2017 qui réunit 380 adhérents (horticulteurs, grossistes, fleuristes et décorateurs d’évènements). Parmi eux, Lydvine Carré, installée dans la Drôme. Pour l’occasion la floricultrice de Montmeyran organise une chasse aux bouquets dans le centre du village. « Le but est de faire découvrir les fleurs de saison et locales et offrir des bouquets aux passants », explique Lydvine Carré. Elle organise également des portes ouvertes et deux visites de sa ferme de 9 h à 11 h, sur réservation.
D’autres chasses aux bouquets auront lieu le dimanche 26 juin dans toute la France. 
P.-L. B.