RENCONTRE
Vendanges : une première édition morose pour Cyprien Feschet

À la tête de l’EARL de Bedares depuis le 1er janvier 2022, à la suite du départ à la retraite de son père, Cyprien Feschet réalisera début septembre ses premières vendanges.

Vendanges : une première édition morose pour Cyprien Feschet
Cyprien Feschet a repris l’exploitation familiale en janvier 2022, au moment du départ à la retraite de son père.

L’EARL de Bedares, située à Grignan, dispose d’un nouveau gérant depuis le 1er janvier 2022, en la personne de Cyprien Feschet. Le jeune homme a pris la relève de son père Michel, dont l’heure de la retraite a sonné. « J’ai toujours baigné dans le monde agricole mais j’étais chef de chantier dans les travaux publics », note Cyprien Feschet. Pourtant, c’est bien sur l’exploitation familiale qu’on le retrouve désormais. « J’ai démissionné de mon travail puis j’ai passé un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) à Nyons, obtenu en 2021 ». 
À 28 ans, il s’est donc installé sur les 70 hectares que comptait l’exploitation, répartis comme tels : 17 ha de vignes en AOC Grignan-Les-Adhémar (cépages Grenache et Syrah), le reste en semences de maïs doux, maïs et tournesol, ail, blé dur, asperges et truffes. « La diversification est importante car l’AOC Grignan-Les-Adhémar n’apporte pas une aussi belle plus-value qu’un Côtes-du-Rhône. Je suis donc obligé de conserver ces autres cultures », justifie Cyprien Feschet. Les raisins partent ensuite à la cave coopérative La Suzienne, à Suze-La-Rousse. « Notre surface nous permet de produire entre 750 et 800 hectolitres par an », indique celui qui est aussi trésorier des jeunes agriculteurs (JA) du canton de Crest. 60 à 70 % de sa production totale sont utilisés pour une « cuvée Domaine ». « La cave de Suze nous a demandé il y a quelques années de vinifier une partie de nos raisins à part pour réaliser une cuvée domaine sans sulfites ajoutés, baptisée “Pur”, explique l’agriculteur.

Des rendements en baisse

Pour ses premières vendanges en tant que gérant de l’exploitation agricole, Cyprien Feschet se montre peu enthousiaste. « Elles s’annoncent compliquées dans le sens où nous n’atteindrons pas nos objectifs en termes de quantité, à cause de la sécheresse. Même si la période de vendanges est toujours excitante, elle se présente donc décevante ». Le jeune viticulteur s’attend à une baisse de rendement d’environ 20 % pour cette année et espère, d’ici la récolte fin août-début septembre, des pluies bienfaitrices. « Nous n’avons plus le droit d’arroser les vignes », regrette-t-il. Pour les vendanges à venir, Cyprien Feschet n’a pas besoin de s’inquiéter sur la main-d’œuvre disponible. « Je vendange 16 ha à la machine, et 1 ha à la main avec un groupe d’amis », énonce-t-il. En effet, il peut compter sur une machine à vendanger, propriété de la cuma de César, à Réauville. « C’est une petite nouveauté cette année. Auparavant, nous étions quatre producteurs à disposer d’une machine, que nous avons dû changer pour les vendanges 2022. Nous nous sommes alors rapprochés de la cuma de César, qui n’était pas du tout viticole à la base, mais qui était en perte de vitesse. Les adhérents nous ont de suite acceptés, ce qui permet non seulement de redynamiser la coopérative mais aussi d’avoir une machine neuve ».

Faible pression sanitaire

 S’il existe déjà un chauffeur attitré pour la machine, Cyprien Feschet annonce se former à la conduite de cet engin en tant que chauffeur suppléant. Côté sanitaire, « la saison s’est plutôt très bien passée. Nous n’avons pas eu de problème de maladies, sans pression de mildiou. J’ai réalisé en tout quatre traitements, dont le dernier au cuivre pour traiter l’oïdium », annonce-t-il. 
Une fois passée cette échéance des vendanges, très attendue, l’EARL de Bedares pourra se pencher sur ses nombreux axes de développement.« Actuellement, j’arrose – quand on le peut ! – les vignes au canon. J’envisage de passer très prochainement à un système d’irrigation goutte à goutte. Mais il est vrai qu’on espère tous pouvoir bénéficier de l’eau du Rhône sur le secteur », précise le jeune exploitant.
Parmi ses projets, Cyprien Feschet mise aussi sur une réduction des intrants. « Je me suis équipé cette année d’une bineuse interceps et je me suis engagé dans la démarche haute valeur environnementale (HVE). Il est primordial de faire attention à notre environnement et à l’impact que l’agriculture peut avoir sur celui-ci », conclut-il.

Amandine Priolet