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Bovins lait

Raisonner le coût des bâtiments et limiter leur impact environnemental

À l’échelle nationale, le réseau mixte et technologique « Bâtiment d'élevage de demain », réunissant instituts techniques et Inrae entre autres, travaille depuis plusieurs années sur des préconisations pour raisonner les coûts et réduire l'impact environnemental des bâtiments.

Raisonner le coût des bâtiments et limiter leur impact environnemental
Ce prototype vise à réduire les coûts d'investissement mais aussi de fonctionnement. © RMT bâtiment d’élevage de demain

En production laitière, les bâtiments représentent plus de la moitié des capitaux investis. La hausse brutale des cours des matériaux interroge forcément sur les alternatives aux stabulations rectangulaires classiques. La synthèse de l’observatoire des prix des bâtiments vaches laitières, publiée en février 2021, faisait état d’un coût de 8 500 € par place (5 000 € pour le logement et le stockage des déjections et 3  500 € pour le bloc traite) sur la base de devis réalisés en 2020 ! Sur ce poste, on est donc à plus de 100 € investis pour une capacité de production de 1000 l de lait. Des options comme les racleurs, les matelas pour les logettes, les rideaux brise-vent et les portails motorisés, peuvent faire varier le coût de la place de plus ou moins 1 000 €. « Des pistes explorées depuis quelques années permettent néanmoins de diminuer ces coûts. Limiter les portées de charpente, réduire les maçonneries, les hauteurs, maintenir un long pan ouvert ou encore conserver des surfaces découvertes en lien avec un système de traitement, sont autant de solutions pour diminuer les montants investis. Aussi, pour ne pas saturer la capacité de remboursement de l’exploitation, des choix sont souvent nécessaires. Il est parfois préférable de réaliser le projet par étapes et de valoriser au mieux les constructions existantes (silos, fosses, couchages, annexes...) », expliquent les ingénieurs du réseau mixte et technologique (RMT) « Bâtiments d’élevage de demain ».

Ne pas négliger les coûts de fonctionnement

Les travaux du RMT ont débouché en 2019 sur la présentation d’un prototype de bâtiment « coûts raisonnés » dont la conception limite les surfaces couvertes, avec des choix simplifiés en matière de charpente, bardage et maçonnerie. Il permet éventuellement la production d’énergie renouvelable, une piste de valorisation complémentaire susceptible de participer à la baisse du coût du projet. Sans non plus négliger le volet astreinte, la fonctionnalité et l’ergonomie, ni les coûts de fonctionnement (paillage, alimentation…). « Ces coûts de fonctionnement, qui correspondent aux coûts d’utilisation du bâtiment (consommation de paille, d’énergie au temps de travail et au matériel nécessaire), doivent également être évalués pour faire les bons choix lors de la conception du projet », rappellent-ils.

Pour le premier prototype (voir image), axé sur les coûts raisonnés, le système d’élevage retenu est composé de 180 vaches laitières réparties en deux lots avec accès au pâturage. Trois unités de main d'œuvre disponible (UMO) travaillent sur la structure pour produire 1,2 million de litres de lait par an. Les objectifs ici sont de maximiser le pâturage, sécuriser la santé des animaux, réduire les astreintes et les coûts de production, maîtriser les investissements et réduire les consommations d’énergie. Concernant l’impact environnemental, les acteurs du réseau avancent quelques pistes issues pour la plupart de la charte Ecobel* : une toiture végétalisée pour l'isolation du bloc traite, la récupération des eaux de toiture (pour le lavage des sols), la mise en place d'équipements réduisant la consommation en énergie…

Sophie Chatenet d’après RMT « Bâtiments d’élevage de demain »

* La charte Ecobel est la première formalisation de démarche d’écoconstruction conçue pour l’élevage en France.