Accès au contenu
INTERBEV

Préparer sanitairement les broutards à la phase d’engraissement

Limiter l’utilisation d’antibiotiques, renforcer les performances dans les ateliers d’engraissement et sécuriser économiquement la préparation des broutards par les naisseurs, tels sont les objectifs visés par l’interprofession du bétail et des viandes à travers son cahier des charges sur la préparation sanitaire des broutards.

Préparer sanitairement les broutards à la phase d’engraissement
La démarche sanitaire préventive de vaccination des broutards améliore les performances en engraissement et offre un gage de qualité pour le broutard français. ©PDL

Les jeunes bovins sont particulièrement sensibles aux troubles respiratoires en début d’engraissement, causés par le stress lors du transport et la mise en contact avec des animaux d’autres élevages. Ces maladies respiratoires ont un impact non négligeable sur les performances des animaux en engraissement, et donc une répercussion économique pour l’éleveur. Ainsi, Interbev, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, a mis en place et lancé ce début d’année un cahier des charges sur la préparation sanitaire des broutards pour les bovins mâles et femelles allaitants vendus en vif et destinés à l’engraissement. Interbev s’est fixé comme objectif de lutter contre l’antibiorésistance en limitant l’usage des antibiotiques en élevages et a travaillé sur le cahier des charges « préparation sanitaire des broutards » pour favoriser le développement de pratiques vaccinales. Pour l’interprofession, « ce cahier des charges offre aux opérateurs de la filière bovine qui choisissent de s’y engager un cadre interprofessionnel garantissant un niveau supérieur de préparation sanitaire des bovins destinés à l’engraissement et contribue ainsi à l’amélioration continue de la qualité des broutards français. Il s’agit bien d’une démarche “ gagnant-gagnant ” ». 
La vaccination des broutards chez l’éleveur naisseur, telle que définie par le cahier des charges interprofessionnel, permet de prévenir les maladies respiratoires (moins de 5 % d’animaux observés malades suite à la vaccination) et limite l’utilisation d’antibiotiques dans les ateliers d’engraissement en garantissant une couverture vaccinale depuis la sortie de l’élevage naisseur et durant au moins quatre semaines en atelier d’engraissement, période où les maladies respiratoires ont tendance à se développer. Plus précisément, ce cahier des charges garantit la vaccination du broutard contre les trois principaux agents infectieux respiratoires rencontrés en engraissement : le virus respiratoire syncytial bovin (VRSB) ; le virus para-influenza de type 3 (Pi3) ; la bactérie Mannheimia haemolytica. Deux schémas de vaccination sont possibles : une vaccination précoce pour protéger l’animal dès son plus jeune âge mais aussi en vue de sa vente - protocole de vaccination complet réalisé avant 4 mois et rappel entre 1 mois et 15 jours avant la vente pour l’engraissement assurant une immunité induite pendant au moins quatre semaines en atelier d’engraissement ; une vaccination tardive pour protéger l’animal en vue de sa vente - protocole de vaccination complet terminé entre 1 mois et 15 jours avant le départ en engraissement pour assurer une immunité induite pendant quatre semaines.

Traçabilité assurée

Dans les faits, la démarche lancée par Interbev repose sur un « porteur de démarche », c’est-à-dire une organisation de producteurs (OP), une association d’OP, un négociant, un marché, une structure qui organise la commercialisation des broutards en France ou à l’export. C’est au porteur de démarche de formaliser la commande de broutards préparés auprès du naisseur par un bon de commande. « Le cahier des charges vise à garantir la traçabilité jusqu’à l’engraisseur. Ainsi, il impose un cadre technique strict au naisseur qui doit fournir au porteur de démarche auprès duquel il est engagé les informations nécessaires à l’établissement d’une attestation de conformité comportant la liste des animaux vaccinés, indique Interbev. Cette attestation, signée par le porteur de démarche, accompagnera les bovins afin d’assurer leur traçabilité et justifier de leur bonne préparation. » De son côté, « l’engraisseur doit s’engager sur une commande de bovins préparés auprès du porteur de démarche et sur le paiement du coût de préparation qui aura été défini au moment de la commande. » L’interprofession précise également que « pour garantir la bonne réalisation de la vaccination, le cahier des charges “ préparation sanitaire des broutards “ prévoit un contrôle interne (l’éleveur sera contrôlé tous les ans par le porteur de démarche) et un contrôle externe (le porteur de démarche sera également contrôlé tous les ans par un organisme tiers) ».

Retour économique à l’éleveur

En plus de la traçabilité, ce cahier des charges a pour objectif un retour économique au naisseur. Le coût de préparation facturé au premier acheteur doit être présenté sur une ligne de facturation spécifique, dont la présence est contrôlée par l’organisme tiers. Interbev précise que « le coût de préparation doit comprendre le prix de deux injections vaccinales, le temps nécessaire aux opérations de vaccination (regroupement des animaux, contention, injections…), le temps consacré à la visite annuelle de contrôle interne, les coûts administratifs liés à l’établissement et au regroupement des éléments de traçabilité (tenue à jour du cahier sanitaire d’élevage, conservation des ordonnances et factures de vaccins, etc.) ». De plus, « lors de la détermination du coût de préparation, les parties pourront s’appuyer sur un indicateur spécifique publié par Interbev et mis à jour chaque année ».
Lucie Grolleau Frécon
Pour plus d’informations en cliquant ici 

Pour aller plus loin, des fiches pratiques dédiées aux éleveurs
Trois fiches de bonnes pratiques à destination des naisseurs et des engraisseurs, élaborées avec l’lnstitut de l’élevage, accompagnent le cahier des charges « préparation sanitaire des broutards ».
Ces fiches pratiques abordent :
- les bonnes pratiques d’élevage à adopter pour des veaux allaitants en bonne santé ;
- la vaccination des broutards contre les troubles respiratoires ;
- l’engraissement des broutards vaccinés contre les troubles respiratoires. 
Fiches disponibles sur le site internet d’Interbev

Maladies respiratoires : quelles conséquences ?

Plus de 60 % des éleveurs naisseurs déclarent avoir au moins quelques cas de veaux présentant des troubles respiratoires dans le jeune âge (source : enquête des réseaux d’élevage de 2010). Interbev rapporte qu’un veau malade coûte 125 e et du côté des engraisseurs, jusqu’à 70 % des taurillons sont touchés par des maladies respiratoires. Une étude relayée par l’interprofession met en évidence que les broutards complètement vaccinés dans l’élevage naisseur ont un gain moyen quotidien (GMQ) 8 % plus élevé que des mâles vaccinés plus tardivement.