Loi Egalim
Protection des cultures : une offre de conseil renforcée

La séparation de la vente et du conseil sur les produits phytosanitaires est effective. Coopératives ou négociants qui les commercialisent n’ont plus la possibilité de délivrer de conseils pour leur utilisation. Dans ce contexte, la chambre d’agriculture de la Drôme a renforcé son offre pour accompagner les agriculteurs dans leurs choix techniques.

Protection des cultures : une offre de conseil renforcée
Dans le cadre de la loi Egalim, le conseil spécifique à l'utilisation des produits phytosanitaires doit être réalisé par un organisme indépendant et agréé. La recommandation d’utilisation des produits devra être formulée par écrit. © Adobe Stock

Dans la droite ligne des plans Ecophyto engagés par l’État français suite au Grenelle de l’environnement de 2008, la loi Egalim de 2018 a acté la séparation des activités de vente et de conseil sur les produits phytosanitaires [lire le dossier paru dans L’Agriculture Drômoise du 14 janvier 2021]. Depuis le 1er janvier, les coopératives ou négociants qui ont choisi l’activité de vente ont donc interdiction de formuler des préconisations d’usage auprès des agriculteurs, hormis bien sûr les recommandations concernant la sécurité.

Une interdiction que le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation justifie par la nécessité de « prévenir tout risque de conflit d’intérêts qui pourrait résulter de la coexistence chez un même opérateur d’activités de conseil et d’application, de vente ou de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques. »

Le Zoom, socle de base du conseil 

Pour éviter toute rupture dans la démarche de conseil et offrir aux agriculteurs les préconisations dont ils ont besoin dès cette campagne, la chambre d’agriculture de la Drôme a renforcé son offre de services. Une activité qui n’est pas nouvelle, puisque la compagnie consulaire est certifiée depuis 2012 pour son activité de conseil phytosanitaire. Le socle de base de ce conseil pour toutes les filières - arboriculture, viticulture et grandes cultures - reste l’abonnement au Zoom. Ces bulletins techniques s’appuient sur des observations de parcelles de référence, des résultats de piégeage, des modélisations, des recommandations des instituts techniques… « Ils offrent des conseils précis sur l’itinéraire technique, la situation sanitaire, les stratégies de protection et informent aussi sur l’actualité réglementaire », souligne Damien Colin, directeur de la chambre d’agriculture.

Six formules sont proposées : arboriculture, arbo-Baronnies, grandes cultures (légumes et Ppam), Sud viti, viti côte-du-rhône Nord et viti Diois. Le tarif d’abonnement annuel, selon la formule, varie de 144 à 198 euros TTC. « Le Zoom offre un conseil collectif certifié. Il répond notamment aux exigences de la plupart des cahiers des charges commerciaux », précise Marion Bouilloux, responsable du pôle cultures pérennes. 

Des conseils personnalisés

Plus de 2 200 agriculteurs sont aujourd’hui abonnés à l’une des éditions du Zoom. « Avec la séparation de la vente et du conseil, le grand changement va concerner le Zoom grandes cultures, avertit Laurent Quadrio, responsable du pôle cultures annuelles. Jusqu’à présent, les coopératives le prenaient en charge pour leurs adhérents.» Désormais, cette participation financière d’un organisme pratiquant la vente de produits phytosanitaires est interdite. L’agriculteur devra donc s’abonner directement au Zoom. 

Dans chaque filière, il sera également possible de souscrire à des offres personnalisées. En arboriculture, deux formules complètent le Zoom. La première permet d’avoir accès à une demi-journée de conseil technique sur-mesure, la seconde donne accès, en plus, à un bilan précis de nutrition des vergers (Opti Ferti 2.0). En grandes cultures, trois formules englobent elles aussi le Zoom : la première permet d’avoir accès à un conseil phyto écrit avec un SAV par téléphone et deux heures de visite (au printemps ou à l’automne), la deuxième propose un suivi de cultures d’une demi-journée, la troisième un suivi d’une journée. Ces formules peuvent être complétées en option par des outils d'aide à la décision : Optiprotect pour la protection fongique des blés, Mes Sat'images pour le raisonnement de la fertilisation azotée sur blé et colza et Net-Irrig pour piloter l'irrigation.. Enfin, en viticulture, la formule de base propose le suivi phytosanitaire, l’observation de parcelles de référence et le conseil phytosanitaire adapté aux conditions de production. Elle peut être complétée d’options à la carte sur la fertilisation, la plantation, la taille…

La chambre d’agriculture s’engage donc vers toujours plus de qualité dans ses conseils aux agriculteurs. « Nous nous devons d’être indépendants et neutres dans nos préconisations, rappelle Laurent Quadrio. Sans oublier, chaque fois que c’est possible, de promouvoir les techniques alternatives à l’utilisation des produits phytosanitaires ». 

S.Sabot

Renseignements : 

- Grandes cultures : Malika Boussahela, assistante : 04 75 82 40 23.

- Viticulture : Anne Chapovaloff, assistante : 04 27 24 01 53.

- Arboriculture : Myriam Roquet, assistante : 04 27 24 01 88.

 

Témoignage : Laurent Viossat à Montélier

Témoignage : Laurent Viossat à Montélier

A la tête de 120 hectares1 en grandes cultures et semences sur Montélier, Laurent Viossat a souscrit à une offre conseil de la chambre d’agriculture. Installé en 2012, il bénéficiait jusqu’à présent d’un suivi de parcelles réalisé par le technico-commercial de sa coopérative d’approvisionnement. C’est avec lui qu’il effectuait le choix des produits phytosanitaires utilisés sur ses cultures. Mais la loi Egalim vient de sonner le glas de cette relation de conseil. L’agriculteur a donc choisi de faire appel aux services de la chambre d’agriculture. « Il y a trois ans j’ai réalisé avec eux un diagnostic biodiversité à l’issue duquel j’ai décidé de m’orienter vers une réduction des intrants, précise Laurent Viossat. J’avais déjà commencé à travailler avec une conseillère de la chambre d’agriculture sur ces sujets. » 

L’année dernière, il a testé Optiprotect, outil d’aide à la décision pour ajuster sa stratégie fongique sur blé. « Ça m’a permis de faire l’impasse sur un passage de fongicide, soit 50 euros/ha. En tenant compte du coût d’Optiprotect, j’ai réalisé une économie nette de 1 000 euros, sans oublier l’impact pour l’environnement », explique l’agriculteur. 

En 2021, il a décidé de souscrire à une offre globale de conseil - la formule Expert2- et aux options Optiprotect et Net-Irrig pour le pilotage de l’irrigation. « Ces services viennent en plus du simple conseil phytosanitaire, commente Laurent Viossat, qui apprécie l’échange avec les conseillers de la chambre d’agriculture. Ils sont ouverts à la discussion et proposent, quand c’est possible, des techniques alternatives pour la réduction des intrants. » Son objectif à présent : obtenir la certification Haute valeur environnementale (HVE). « Un pré-audit a été réalisé et nous avons identifié avec la conseillère les points d’amélioration, notamment la diversification de mon assolement. Je vais donc introduire luzerne et soja dès cette année », souligne l’exploitant. Enfin, il compte sur les rendez-vous de terrain prévus dans l’offre souscrite qui, dit-il, « lui permettent d’être plus attentif aux cultures et aux marges de progrès ». 

S. Sabot

1 Maïs, blé tendre, blé dur, tournesol semences, orge et colza.

2 Zoom grandes cultures + une journée de suivi avec un conseiller + conseils sur les phytos et la fertilisation par téléphone + un conseil phytos écrit.

Le point de vue des élus de la chambre d’agriculture

Thierry Mommée, membre du bureau, en charge des pratiques agricoles

« La séparation de la vente et du conseil va représenter une véritable révolution dans la façon de travailler sur les exploitations. Désormais, les agriculteurs ne pourront plus se tourner vers les technico-commerciaux des coopératives ou du négoce pour répondre à un problème posé sur une culture. C’est pourquoi la chambre d’agriculture a fait le choix de s’engager sur ce conseil de préconisation pour ne laisser aucun agriculteur orphelin. Dans cet objectif, nous avons choisi de privilégier ce que nous considérons être un vrai conseil indépendant à moindre coût : le Zoom. Ses différentes éditions couvrent quasiment toutes les filières et permettent d’avoir accès à un conseil collectif écrit et de disposer d’une trace. »

Bruno Darnaud, membre du bureau, en charge de la filière fruit

« Avec la séparation de la vente et du conseil sur les produits phytosanitaires, l’agriculteur va se retrouver avec d’un côté le prix du produit et de l’autre un conseil qui ne sera pas gratuit, alors qu’auparavant, le conseil était intégré dans le prix des phytos.

La chambre d’agriculture a choisi de se positionner sur ce conseil de préconisation. Ce n’est pas une obligation pour les agriculteurs mais qui il est indispensable pour ceux qui sont engagés dans des démarches qualité avec un cahier des charges contrôlé par un organisme certificateur. En effet, il leur faudra justifier de faire appel à un conseil indépendant sur les préconisations phytosanitaires. Pour certains organismes certificateurs, le conseil collectif via l’abonnement au Zoom pourra suffire. Pour d’autres, il sera peut-être nécessaire de justifier d’un conseil spécifique individuel. »