Bien-être animal
BoviWell : « se situer par rapport aux autres éleveurs »

Maître d’œuvre de la charte de bonnes pratiques en élevage sur les territoires Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, Richard Garnier est à pied d’œuvre concernant la mise en place de la démarche BoviWell. Le point avec lui sur ce nouvel outil.

BoviWell : « se situer par rapport aux autres éleveurs »
Richard Garnier

Concrètement, comment fonctionne BoviWell ?
Richard Garnier : « Tout commence par une prise de rendez-vous du technicien auprès de l’éleveur. Le jour J, ils prennent d’abord le temps d’échanger sur les pratiques mises en place sur l’exploitation, que ce soit l’accès au pâturage, l’aménagement du bâtiment ou la santé du troupeau. La deuxième étape consiste à réaliser le diagnostic du bâtiment (mesure des surfaces dédiées au couchage ou à l’aire de vie des animaux, points d’abreuvement). Troisième étape : le diagnostic des animaux sur la base de plusieurs indicateurs : l’analyse de l’état corporel, l’étude de la propreté des animaux, l’inspection de la présence de boiteries ou de blessures et enfin la relation entre l’homme et l’animal. En fonction des observations enregistrées par le technicien, l’outil calcule une note pour chacune des libertés fondamentales liées au bien-être animal : ne pas souffrir de faim et de soif, d’inconfort, de blessures, de douleurs ou maladies, et enfin pouvoir exprimer ses comportements normaux. »

Qui est chargé de la réalisation du diagnostic ?
R. G. : « Ce sont les agents de laiteries ou encore les techniciens de chambres d’agriculture qui réalisent ces diagnostics. Eux-mêmes sont déjà formés au contrôle du respect de la charte des bonnes pratiques en élevage mais leur formation a été étoffée pour pouvoir réaliser des contrôles plus précis dans le cadre de BoviWell. En Auvergne-Rhône-Alpes, pas moins de 160 techniciens ont déjà été formés, à la fois pour intervenir auprès des exploitations laitières et allaitantes. »

Que deviennent les notes obtenues lors du diagnostic BoviWell ?
R. G. : « L’éleveur obtient sa notation qui est mise en comparaison avec la moyenne des éleveurs évalués jusqu’ici. L’objectif est de lui permettre de se situer par rapport aux autres éleveurs. En général, les points d’amélioration qui peuvent être pointés sont déjà connus par l’éleveur qui y travaille au quotidien. Rappelons que les données enregistrées restent confidentielles. Globalement, les diagnostics qui sont faits confirment que la prise en compte du bien-être animal par nos éleveurs ne date pas d’hier. »

Comment les éleveurs vivent-ils ces diagnostics ?
R. G. : « En général, il y a d’abord une forme d’appréhension car les éleveurs ont l’impression d’être constamment surveillés. Mais ensuite, ils prennent rapidement une autre posture et se montrent curieux de l’évaluation de leur travail, curieux aussi de pouvoir se comparer aux autres. Contrairement à ce qu’ils pensaient au début, le diagnostic 
BoviWell vient en général plutôt confirmer les points sur lesquels ils travaillent déjà bien, comme l’alimentation ou la capacité de l’animal à se déplacer. Pour la relation entre l’homme et l’animal, on est généralement très bien aussi. Il y a donc un vrai enjeu à faire connaître cet outil qui en réalité n’a rien d’effrayant. » 

Propos recueillis par Pierre Garcia