Entretien
« Tous les volumes HVE ont été vendus » 

Lilian de Zanet, président de la cave La Vinsobraise évoque la crise sanitaire et les évolutions du marché.

« Tous les volumes HVE ont été vendus » 
La récolte 2020 a été belle, qualitativement très satisfaisante.

Quel est l’impact de cette crise sanitaire sur la filière viticole et principalement sur la Vinsobraise ?
Lilian de Zanet : « Les plus touchés par cette crise et la paralysie du pays qu’elle a provoquée sont les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration. A la cave, nous avons évidemment noté moins de passage. Nos stocks sont plus importants mais tous les volumes HVE (haute valeur environnementale) en cuves ont été vendus. La récolte 2020 a été belle, qualitativement très satisfaisante. La situation n’est pas catastrophique ni pour la cave ni pour les coopérateurs. » (L’interview a été réalisée avant le gel du 7-8 avril - ndlr)

Que représente la certification HVE à La Vinsobraise ?
L. de Z. : « Ce nouveau label HVE est le plus haut des trois niveaux de certification des exploitations agricoles engagées dans une démarche respectueuse de l’environnement. Il formalise les pratiques les plus saines pour la faune, la flore, le sol, l’eau, l’air. A la Vinsobraise, 40% des coopérateurs affichent ce label. »

Cela vous permet-il d’affermir les ventes ?
L. de Z. : « Certainement, car la HVE rassure sur les pratiques en offrant aux consommateurs une traçabilité accrue. En contrepartie, pour les producteurs, cela leur demande une tâche administrative supplémentaire qui, cependant, n’empêche pas la majorité d’entre-eux d’adhérer à cette démarche. »

Sur le marché, apparaissent des vins sans sulfites. Qu’en pensez-vous ?
L. de Z. : « Les sulfites sont ajoutés au vin pour leurs qualités d’antioxydants et d’antiseptiques. Le soufre agit comme un antioxydant et rend le vin plus résistant à l’altération causée par l’oxygène de l’air. Sans lui, une bouteille ouverte tournerait en vinaigre dans la journée. Les sulfites peuvent cependant provoquer asthme ou autres symptômes chez les personnes qui y sont allergiques. »

Réduire le recours au glyphosate pose-t-il problème ?
L. de Z. : « S’agissant du glyphosate, il n’existe actuellement aucune alternative satisfaisante. Manuellement, le désherbage sous les ceps est un travail gigantesque, presque interminable ! Sinon, il faut passer plus souvent la bineuse mécanique, ce qui signifie des heures sur le tracteur et donc une consommation de fioul supplémentaire avec la pollution de l’air en découlant ! Fin 2022, l’utilisation du glyphosate en vigne sera limitée à 459 grammes par hectare et par an, soit une réduction de 80 % par rapport aux années précédentes (2 160g/ha). On attend des propositions pragmatiques et réalisables. »

Propos recueillis par J-M.P.

Vins de Vinsobres : des vins à l’équilibre excellent

Sébastien Fraychet est œnologue et responsable technique à la Vinsobraise. Il livre les secrets des vins de Vinsobres.

Quelles sont les caractéristiques propres aux vins de Vinsobres ?
Sébastien Fraychet : « Le Vinsobres est un vin qui présente en bouche une belle structure, de la finesse et beaucoup de fruit, type cassis ou cerise. Les principaux cépages sont le grenache, le mourvèdre et la syrah. Le territoire se caractérise par un fort encépagement en syrah, qui confère au vin sa fraîcheur remarquable et son côté épicé. Une fraîcheur due au relief et à l’altitude, l’une des plus marquée dans la région donnant aux vins une légère acidité, ralentissant la maturité et les rendant moins “alcooleux” que les crus du Vaucluse. Un excellent équilibre qui leur offre des capacités de vieillissement grâce à la présence de tanins soyeux et élégants. Nos vins se marient idéalement avec la cuisine provençale, l’agneau, les fromages, les olives, les truffes et autres produits emblématiques de notre territoire. »

Combien de producteurs se partagent l’appellation Vinsobres ? 
S. F. : « La production est partagée entre vingt-quatre domaines de propriétaires-récoltants et trois caves coopératives. Parmi les producteurs, on compte les plus expérimentés, les plus jeunes mais aussi les femmes vigneronnes. L’humoriste Laurent Gerra, connaisseur en vin et amoureux de la vigne, a acheté près de 7 hectares de vignes sur le territoire de Vinsobres avec le château Sainte Croix. »

Sébastien Fraychet (œnologue), Ludovic Schauss (directeur) et Lilian de Zanet (président de la Vinsobraise).