Vitipastoralisme
Une alliance entre vignerons et éleveurs

Les vignerons de la commission jeunes de l’Union des Vignerons des Côtes-du-Rhône (UVCDR) à Tulette ont accueilli dernièrement sur leur exploitation des troupeaux de moutons dans un esprit de coopération entre filières agricoles. Cette solidarité à intérêt réciproque, portée par des jeunes vignerons, est une belle affirmation d’avenir durable.

Une alliance entre vignerons et éleveurs
Pâturage dans les vignes de Jean Carrere à Rousset-les-Vignes avec agnelage de printemps en pleine nature.

Le premier troupeau de 250 brebis est arrivé en février sur l’exploitation de Maxime Roux pour pâturer ses surfaces agricoles. Le troupeau, composé majoritairement d’animaux de la race Thônes et Marthod, a été acheminé jusqu’à Piégon, à pied depuis le Haut Diois. « L’arrivée sur une exploitation demande un minimum d’organisation et d’entente avec le vigneron », nous explique le berger, plutôt présent après la taille et le broyage des sarments et avant le débourrement. Maxime Roux est très satisfait du travail de « tondeuse naturelle » des brebis lui permettant de faciliter et de retarder le premier travail d’entretien du sol de ses vignes. Il témoigne également de la meilleure efficacité du chaussage du rang de vigne pour étouffer l’herbe tondue à ras par les brebis. Maxime Roux est vigneron mais également oléiculteur et offre ainsi une plus grande richesse alimentaire aux brebis par des enherbements naturels hivernaux très diversifiés d’une culture à l’autre. La tonte de ses champs d’oliviers est retardée d’au moins trois semaines, lui dégageant du temps pour d’autres travaux printaniers. 

Le troupeau de Thônes et Marthod entre vigne et oliviers de Maxime Roux sur la commune de Mirabel-aux-Baronnies.

Jean Carrere, également membre de la commission jeunes de l’UVCDR est vigneron sur la commune de Rousset-les-Vignes. Il fait pâturer un troupeau composé de brebis de la race Mérinos avec leurs très jeunes agneaux sur la moitié de sa surface viticole. « J’ai fait le choix de faire passer le troupeau sur mon exploitation en mars pour fournir la pleine pousse de l’herbe hivernale et printanière aux animaux. Je décale ainsi ma première intervention de travail du sol, ce qui ne serait pas forcément le cas si le troupeau était passé plus tôt. L’herbe aurait repoussé », évoque-t-il. Cela fait trois ans qu’il renouvelle cette belle expérience avec les éleveurs pour retrouver les anciennes pratiques d’antan alliant le végétal et l’animal au sein des exploitations. « Le partage de services entre les filières est humainement et économiquement gratifiant », souligne Jean Carrere. Le vitipastoralisme n’a que des avantages sans compter le plaisir des yeux.

Le passage du troupeau avant le débourrement va permettre à Jean Carrere de décaler son premier passage d’entretien du sol et de faciliter ce travail.

Quant à Gilles Brusset, jeune vigneron sur la commune de Mérindol-les-Oliviers, il a accueilli pour la première année un troupeau de moutons dans un objectif de pâturage sur la totalité de son exploitation. Les vignes de Gilles sont enherbées un rang sur deux et le passage des animaux lui permet de supprimer la première tonte sur ses 12 ha. Son vignoble morcelé, entouré de bois et de haies permet au berger de trouver des espaces refuges pour les moutons en cas de pluie pour éviter le tassement des sols par piétinement. Ces espaces permettent, là encore, de diversifier le régime alimentaire des animaux, friands de genêt et de lierre. Gilles Brusset souligne bien que « l’apport de matière organique est difficilement mesurable, mais sur les hauts de parcelle, où dorment les moutons, les quantités de fèces sont notables et doivent forcément influencer l’alimentation de la vigne ». 

Le berger de Gilles Brusset fait déplacer le troupeau dans les espaces végétalisés refuges en cas de pluie.

Marie-Véronique Blanc, responsable amont et direction domaines à l’Union des vignerons des Côtes du Rhône. 
Contact : [email protected]

Les résultats d’études de l’impact du pâturage sur la vigne 

- Pas d’effet négatif sur les sols viticoles et la maturité de la vigne.
- Décalage de la première intervention d’entretien mécanique du sol.
- Développement d’une plus forte quantité de légumineuses.
- Présence plus importante et variée d’insectes.