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COOPÉRATION

TOP Semence garde le cap

En 70 ans, l’union coopérative TOP Semence s’est peu à peu développée pour devenir un acteur majeur de la production de semences de grandes cultures.

Par Christophe Ledoux
TOP Semence garde le cap
En raison du contexte sanitaire, l’assemblée générale de TOP Semence s’est tenue le 3 décembre dernier, avec un comité restreint composé de (de gauche à droite) : Frédéric Mussard (membre du Comité de direction et responsable des affaires administratives juridiques et sociales) ; Gérard Fourel (commissaire aux comptes) ; Raphaël Comte (membre du comité de direction de TOP Semence et directeur des opérations) ; Thierry Josserand (président d’Oxyane) ; Yves Courbis (président de TOP Semence et président de CADP Semences) ; Didier Nury (directeur général TOP Semence) ; Benoit Point (vice-président Valsoleil) ; Claude Giraud (président L’Ardéchoise Semences) ; Jean Serguier (secrétaire général CAPL) ; Christophe Devos (président Natura ’Pro) et Bernard Illy (président ALPESUD).

Leader en matière de références dans le milieu de la semence, l’Union coopérative TOP Semence a fêté cette année ses 70 ans. Privée d’événement festif en raison du contexte sanitaire, la société a également dû se contraindre à réaliser son assemblée générale, le 3 décembre dernier à La Bâtie-Rolland (Drôme), dans un format restreint. L’exercice 2019-2020 a été particulier, avec l’adhésion en juillet 2019 de la coopérative La Dauphinoise, qui a permis la création d’un pôle semences à une échelle territoriale fortement élargie, correspondant au quart sud-est de la France.

« Cette année a signé le déploiement de notre nouvelle organisation et la consolidation du nouveau TOP Semence », souligne Didier Nury, directeur général. Cette alliance a ainsi permis à l’Union d’agrandir sa zone géographique. « Notre Union s’étend désormais sur 300 km de latitude, permettant d’avoir une diversité de conditions agro-climatiques presque unique en Europe, entre Méditerranée et Bresse », explique Yves Courbis, président de TOP Semence. « C’est très intéressant pour nous, mais aussi pour les obtenteurs, d’avoir un champ de variétés plus large, adapté au terroir », poursuit-il.

En revanche, l’année a été marquée par de grosses difficultés climatiques qui se sont traduites par des contre-performances historiques sur les espèces phares, telles que le maïs et le tournesol. « Nous avons connu deux épisodes de canicule, puis un automne pluvieux, qui ont totalement pénalisé les performances techniques. Pour autant, et grâce à la résilience de l’entreprise et la synergie qui en découle, le résultat financier est satisfaisant, avec un chiffre d’affaires à 55 millions d’euros (M€) », rassure Didier Nury. 

Développer les semences de qualité

Parmi les satisfactions, la barre des 1 000 hectares en agriculture biologique a été dépassée. « Cela représente 10 % de notre production de semences, note le directeur. Nous souhaitons accompagner les agriculteurs vers cette conversion biologique. Pour l’heure, nous n’arrivons pas à répondre aux demandes ». A ce titre, une unité de production « zéro résidu » sera construite d’ici deux ans.

Pour poursuivre sa voie vers l’excellence, TOP Semence mise sur de nouveaux axes stratégiques : « nous voulons préparer l’Union à faire face aux évolutions climatiques et sociétales à échéance 2030, en testant de nouvelles espèces porteuses pour l’avenir et en mettant en place des expérimentations visant à produire avec moins d’eau, moins d’intrant et à un coût moins élevé », précise Didier Nury.

Au niveau national, et selon le groupement interprofessionnel des semences et plants (Gnis), la filière française a enregistré un résultat à l’exportation de 1,8 milliard d’euros pour la campagne 2019, confirmant ainsi son rôle de leader mondial des exportations de semences agricoles, devant les Etats-Unis et les Pays-Bas. « La filière continue à tenir son rang malgré toutes les difficultés liées à l’inflation réglementaire. Pour exemple, la loi Egalim engendre des contradictions qui nuisent à l’exportation à terme de nos semences avec l’interdiction d’appliquer des produits à l’export dans des pays où ces mêmes produits sont autorisés. Or, 50 à 60 % des maïs et tournesols semences partent à l’export actuellement, demain, ce ne sera peut-être plus le cas », argumente le directeur général.

Lutter contre la concurrence mondiale

D’autant plus que la concurrence est déjà exacerbée au niveau mondial. Face à cette pression incessante, l’Union TOP Semence s’est lancée de nouveaux défis. « Pour arriver à valoriser nos productions, nous devons nous différencier des pays concurrents de la filière, qui sont, entre autres, la Russie, l’Ukraine, la Pologne, la Roumanie, l’Espagne et la Turquie, qui ont des contraintes environnementales et sociétales nettement inférieures à nous. Nous ne pouvons pas nous battre sur le prix, c’est pourquoi nous devons mettre l’accent sur la qualité de nos semences et les services rendus aux clients obtenteurs », explique Yves Courbis.

L’adaptation au terroir en fonction des conditions agro-climatiques, la proximité et la réactivité, la finesse du parcellaire, sont autant d’atouts à faire valoir au sein de la filière pour se démarquer. Pour autant, dans un contexte toujours plus rigide, les agriculteurs multiplicateurs en maïs semence montent au créneau et réclament une meilleure rémunération. Une revendication qui s’explique notamment par les deux années consécutives de sécheresse avec des résultats techniques historiquement bas. « L’attente des multiplicateurs s’accentue d’année en année. L’an dernier, il n’y a eu aucune revalorisation au niveau national. Cependant, les adhérents de TOP Semence, dans la Vallée du Rhône, ont pu voir une revalorisation significative dès le printemps 2020 », rappelle Didier Nury.

En 2021, les demandes de production de maïs seront fortes. Au sein d’un marché porteur, la baisse des stocks de l’an dernier, lié aux contreperformances techniques, laisse entrevoir un avenir plus serein. La capacité à produire au niveau de la demande des clients sera un gage de pérennité pour l’avenir, notamment pour les années où la demande sera en baisse.

Amandine Priolet