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Sylviculture

Les forestiers privés assurent

L’épisode de neige lourde de 2019 a ravagé une multitude de forêts. L’étendue de ce sinistre a conduit l’Union des forestiers privés de la Drôme à proposer une assurance spécifique.

Les forestiers privés assurent
Plusieurs élus parmi lesquels la députée Emmanuelle Anthoine et le sénateur Bernard Buis ont participé à la visite forestière organisée chez François Bossan à Génissieux.

Réservoirs de biodiversité, poumons de captation de carbone et filtres pour l’eau, les forêts jouent un rôle crucial. Pourtant, les massifs drômois sont de plus en plus fragilisés en raison du changement climatique. Coups de vents et neiges lourdes, incendies en été : les propriétaires forestiers ont eux aussi subi d’importants dégâts ces dernières années, en particulier les 14 et 15 novembre 2019. Ce jour-là, un épisode de neige lourde a détruit quantité d’arbres, comme chez François Bossan, propriétaire forestier à la Garenne près de Génissieux. « De gros flocons mouillés sont tombés à partir de midi, se souvient-il. Les feuilles des arbres n’étaient pas encore totalement tombées. Sous le poids de la neige, les arbres craquaient les uns après les autres pendant toute la nuit. D’énormes chênes ont été arrachés », poursuit le nonagénaire. Une partie de sa propriété forestière a été ravagée en quelques heures, les dégâts étant particulièrement importants sur les parcelles en pente où les arbres sont tombés les uns sur les autres comme des dominos.

Une double peine

Plusieurs années seront encore nécessaires pour nettoyer les forêts endommagées. Pour mesurer l’étendue des dégâts un an et demi après le sinistre, l’Union des forestiers privés de la Drôme (Fransylva 26) a organisé une rencontre chez François Bossan, fin février. « Les phénomènes climatiques extrêmes s’accélèrent et fragilisent la forêt. Les conséquences sont d’autant plus importantes que les dégâts causés par des tempêtes, des neiges lourdes ou des incendies exigent parfois des coupes rases et donc des replantations non anticipées, explique André Aubanel, président de Fransylva Drôme. Le renouvellement des peuplements est une opération très coûteuse pour le forestier alors même que les bois abîmés par des aléas ne rapportent presque plus rien. A une lourde perte, s’ajoute alors une dépense importante. C’est une double peine pour le forestier victime d’un sinistre. »

L’assurance, un enjeu important

Pour faire face à cette situation, la seule solution efficace consiste à s’assurer. En effet, « depuis 2017, l’État n’indemnise plus les forêts non assurées en cas de catastrophe naturelle », rappelle André Aubanel. « L’assurance m’aurait permis de faire face aux frais de bûcheronnage pour évacuer des centaines de mètres cubes », fait remarquer François Bossan. Alors, depuis ce sinistre de novembre 2019, Fransylva Services et le courtier en assurances Verspieren ont imaginé ensemble une nouvelle offre d’assurance sur mesure, adaptée aux besoins des forestiers qui garantit les dégâts causés par la tempête, l’incendie ou la neige. « Fruit d’une longue réflexion, c’est un produit abordable et modulable en fonction du profil de chaque forêt, indique André Aubanel. L’enjeu est important car les forestiers peuvent tout perdre en quelques heures. Nous invitons donc chaque propriétaire qui s’interroge sur sa situation face aux sinistres subis dans sa forêt à contacter Fransylva pour envisager des solutions ? »

C. L.

Une forêt drômoise impactée par le changement climatique

Une forêt drômoise impactée par le changement climatique
Le 14 novembre 2019, l’épisode de neige lourde est partie des Baronnies et a traversé tout le département de la Drôme en diagonale sur plus de 80 kilomètres causant d’importants dégâts sur les arbres.

La forêt drômoise recouvre 50 % du territoire départementale et 76 % de ces boisements (soit 240 000 hectares) appartiennent à 39 650 propriétaires privés. Dans le sud de la Drôme, territoire de type méditerranéen, se trouvent de grandes surfaces de peuplements pauvres feuillus. Alors qu’au nord, avec un climat plus continental, la forêt contient des peuplements feuillus et résineux ayant un potentiel de valorisation important mais souvent sur des territoires morcelés.

"Importants réservoirs de biodiversité, poumons de captation carbone et filtres pour l’eau, elles jouent un rôle crucial, souligne André Aubanel, président de Fransylva Drôme. Mais nos forêts sont particulièrement impactées par le changement climatique (affaiblissement, croissance ralentie, problèmes sanitaires, difficultés de reprises de certaines plantations et de certaines régénérations naturelles...). Depuis une dizaine d’années, des travaux de recherche et d’expérimentations ont été engagés, notamment par l’Institut du développement forestier (IDF) du Centre national de la propriété forestière (CNPF). Des outils numériques de diagnostic ont été mis au point. Ils visent à éclairer sur les adaptations nécessaires. C’est un chantier lourd et complexe qui s’impose."