Abricot : des systèmes étudiés pour réduire de 75 % à 100 % les IFT
Depuis 2013, la filière abricot cherche à réduire ses indices de fréquence de traitement (IFT). Si CapReD a permis d’identifier certains leviers techniques, la suite de ce programme de recherche, Mirad, vise à en étudier de nouveaux.

Alors que le gel du 8 avril dernier a tué dans l’œuf une grande partie de la production de l’année, la filière abricot doit néanmoins continuer à penser à l’avenir, en attendant de panser les plaies d’avril. « Quelles que soient les innovations techniques, le rôle du CTIFL et des stations expérimentales reste de proposer des réponses fiables et des garanties immédiates opérationnelles et pragmatiques, offrant des avantages concurrentiels aux producteurs français pour qu’ils affrontent décemment un marché très concurrentiel », rappelait Jacques Rouchaussé, président du CTIFL, en ouvrant le second webinaire consacré à l’abricot, fin mars.
Car la filière abricot a enclenché, en 2013, un travail important autour du « zéro phyto ». En effet, dans le cadre des projets Dephy Écophyto Expé, deux expérimentations ont été lancées. La première, CapReD, s’est achevée en 2018. « Elle visait à réduire les indices de fréquence de traitement (IFT) - hors produits de biocontrôle - de 50 % dans les systèmes conduits en agriculture conventionnelle sur trois espèces : le cerisier, l’abricotier et le prunier », rappelait Laurent Brun, de l’Inrae.
La seconde - Mirad, pour maîtrise des intrants et des résidus phytosanitaires pour les vergers d’abricotiers durables - a démarré en 2019 et doit s’achever en 2024. « Elle fait suite au projet CapReD. Ici, les objectifs sont de réduire les IFT hors biocontrôle de 75 % dans les systèmes conventionnels, avec zéro résidu phytosanitaire détectable dans les fruits, et de 100 % dans les systèmes en agriculture biologique. Et en AB, il faut en plus n’utiliser que des substances inscrites au cahier des charges bio et présentes sur la liste des produits de biocontrôle : on s’interdit donc aussi les produits cupriques. »
Mirad rassemble quatre partenaires déjà présents dans CapReD, ainsi que deux nouveaux : la Sefra et le Groupe de recherche en agriculture biologique (Grab). Tous les résultats collectés viendront par ailleurs alimenter les systèmes étudiés dans ce second projet : les études sur les monilioses (projets ClimaArbo et Fan de Bio) ; les études des variétés adaptées aux bas intrants ou à l’AB ; et les essais analytiques et évaluation des pratiques culturales avant l’intégration dans un essai système.
De nouveaux leviers testés avec Mirad
En attendant les premiers résultats de Mirad, CapReD a permis d’identifier des pistes, qui seront donc creusées dans le second projet. « Nous avons ainsi observé que dans les systèmes conçus, le rendement n’était pas corrélé à l’IFT, résume Laurent Brun. Si certains systèmes ont bien des rendements supérieurs, c’est d’abord parce qu’ils sont conçus avec des conduites à haute densité d’arbres : c’est davantage la densité qui amène des rendements plus élevés. »
Autre résultat d’importance : celui sur le levier enherbement. « Nous avons observé que l’enherbement installé dès la première feuille du verger a trop d’impact sur les cultures, et que cet impact se retrouve toujours en 6e ou 7e feuille. » À manier avec précaution donc dans les premières années du verger.
Au final, le premier projet Dephy Expé Écophyto a acté que « certains systèmes Écophyto pouvaient être plus producteurs et plus performants économiquement » que les systèmes de référence conduits en production fruitière intégrée ; mais que cela était davantage lié à la densification de plantation qu’à un autre levier testé. Par ailleurs, ces systèmes impliquent une reconception du verger dès la plantation et l’adaptation des interventions ultérieures : réduction des doses sur murs fruitiers, suppression des cuivres en greffage haut et installation de systèmes de protection anti-pluie. « Mais la conséquence financière est aussi que ces systèmes performants ont des charges d’amortissement élevées, d’où la nécessité d’avoir une régularité de production » pour que le tout soit économiquement envisageable.
Par ailleurs, certains leviers testés peuvent pénaliser fortement les systèmes Écophyto, notamment l’enherbement avec une concurrence de l’herbe très forte sur les premières feuilles. Enfin, il est possible de substituer certains insecticides chimiques par des barrières physiques (argiles), en particulier vis-à-vis de l’enroulement chlorotique, sur prunier ou abricotier.
Céline Zambujo
ZOOM SUR
Dans le projet Mirad (2019-2024), de nouveaux leviers vont être testés : variétés peu sensibles, filet alt’insectes et association avec l’élevage. Au total, quinze systèmes de cultures vont être expérimentés, dont cinq nouveaux dispositifs sur cinq sites : le CTIFL de Balandran, la Sefra, la Centrex, Sud-Expé et l’Inrae - Grab de Gotheron.