TÉMOIGNAGE
Une formation pour faire les bons choix au bon moment

Alain Bonneton, agriculteur à Épinouze (26), cessera définitivement son activité fin 2024. En 2022, il a suivi la formation “Je me prépare à transmettre mon exploitation”. 

« Ne pas s’y prendre à la dernière minute », c’est le conseil que donne Alain Bonneton à ceux qui, comme lui, vont se retrouver en situation de transmettre leur exploitation, « surtout en cultures pérennes », insiste-t-il. Lui-même a suivi tardivement la formation proposée par la chambre d’agriculture de la Drôme. Il avait toutefois pris ces dernières années des décisions qui ont favorisé la transmission de son exploitation. « J’ai longtemps été spécialisé en pêche avec 25 ha de vergers plus 5 ha de pommiers. Avec l’arrivée de la sharka en 1999, j’ai rebondi en grandes cultures sur 65 ha dont environ 20 % en semences. » Il y a cinq ans s’est posée la question de renouveler les derniers hectares de pêchers qui arrivaient en fin de course. « J’ai décidé de planter 5 ha de pommiers, des variétés club à valeur ajoutée, couverts de filets para-grêle, explique-t-il. Un investissement lourd, mais je voulais garder mon potentiel de production en pommes [il exploite également 5 ha de variétés plus anciennes et moins rentables, ndlr]. Je me suis dit que ce nouveau verger trouverait toujours preneur. » Lorsqu’en 2022, il décide de suivre la formation de la chambre d’agriculture, il a déjà dû s’interroger sur la possibilité de lever le pied suite à des problèmes de santé. « Les circonstances ont fait qu’à la même époque un jeune d’une commune voisine m’a fait savoir qu’il était intéressé pour reprendre mon exploitation. Il souhaitait s’installer en EARL avec ses parents mais l’exploitation était trop petite pour eux trois. Je lui ai déjà cédé la partie céréalière. Je peux prétendre à la retraite au 1er août 2024 mais je préfère aller au bout de la campagne en pommes, c’est pourquoi il ne reprendra les pommiers que fin 2024 », détaille l’exploitant.

Accompagner mes choix

Bien qu’il ait eu la chance de trouver facilement un repreneur, Alain Bonneton insiste sur l’utilité de suivre une formation collective avec la chambre d’agriculture. « C’était un moyen pour moi de trouver des repères sur les questions juridiques, fiscales, sociales… Individuellement on a la tête dans le guidon et on n’est pas informé en temps et en heure. J’ai notamment pu valider le fait que mon exploitation était transmissible mais je reconnais qu’un tel diagnostic aurait été utile dix ans auparavant pour accompagner mes derniers choix. Cette formation m’a aussi permis de comprendre que je n’étais pas obligé de vendre mes vergers, qu’il existait d’autres solutions, la location, la location-vente, dont certaines que je ne connaissais pas. Nous avons pu aussi nous plonger dans les formalités comptables, par exemple je suis en EARL avec mon épouse et se pose la question des comptes associés. Pour régler ces aspects dans de bonnes conditions, il ne faut pas s’y prendre à la dernière minute », décrit-il. Enfin, il apprécie d’avoir bénéficié d’explications sur les questions patrimoniales : « Bien sûr, on peut prendre rendez-vous individuellement avec un notaire mais, lors de la formation, on a à faire à des gens qui connaissent bien l’agriculture ».

Sophie Sabot