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SIA 2022

Un Salon sous le signe de la souveraineté agricole et alimentaire

Le président de la République Emmanuel Macron a inauguré le 26 février, dès potron-minet, la 58e édition du Salon international de l’Agriculture à Paris. Les esprits étaient focalisés sur la guerre en Ukraine. L’occasion pour le chef de l’Etat d’évoquer la souveraineté alimentaire et la nécessité d’être résilient.

Un Salon sous le signe de la souveraineté agricole et alimentaire
Sur fond de guerre en Ukraine, le président de la République, Emmanuel Macron, est venu inaugurer le Salon mais a été contraint d’écourter sa visite. ©DR

Pour une édition des retrouvailles, les organisateurs avaient espéré une ambiance plus détendue et plus joviale. La guerre entre la Russie et l’Ukraine, aux portes de l’Europe, en a décidé autrement. Le président de la République, Emmanuel Macron, est cependant venu inaugurer le Salon mais a été contraint d’écourter sa visite. 

« Pas le Far West »

Arrivé vers 7h15 sur le Salon, le chef de l’Etat est reparti deux heures plus tard après avoir coupé officiellement le ruban tricolore aux côtés de la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert et du président du Ceneca, Jean-Luc Poulain. S’adressant aux nombreuses personnalités du monde agricole qui l’accompagnaient, le président a placé cette 58e édition sous le signe de la souveraineté agricole et alimentaire.

Selon lui, elle passera par « la juste rémunération du travail » ce que les deux lois Egalim tentent de rectifier. Évoquant les négociations commerciales, il a certifié que « nous avons multiplié les contrôles par quatre. Avec le Gouvernement, nous faisons pression sur la transformation et la grande distribution. Jusqu’à la dernière minute, nous ne lâcherons rien », appelant « tout le monde à la responsabilité ». « Le marché ne doit pas être le Far West », a-t-il martelé, expliquant être soucieux de « redonner de la valeur à l’alimentation », Cette transition s’exprimera également à travers « la transition agroécologique et climatique » que le monde agricole  « mène de manière silencieuse », en faisant sa troisième révolution, numérique, robotique et génétique.

« Plan de résilience » 

Cette souveraineté devra également tenir compte des contingences internationales, en particulier de la guerre en Ukraine. Remerciant « très sincèrement » les agriculteurs et les filières d’avoir tenu depuis deux ans « pour nourrir notre nation », d’avoir su faire face aux différentes crises (climatiques, épizooties…), il a assuré que « ce que nous sommes en train de vivre ne sera pas sans conséquences sur le monde agricole et les filières qui sont les vôtres ». Il a ainsi évoqué l'augmentation les coûts de l'énergie, l'alimentation du bétail, son coût, peut-être même la capacité à nous fournir. Cette guerre « qui durera » et à laquelle il « faut nous préparer », ne sera pas non plus sans impact sur « nos exportations », a-t-il ajouté. Pour préserver cette souveraineté, le chef de l’Etat, souhaite initier « un plan de résilience, d'abord pour sécuriser nos filières, nos intrants, ensuite pour essayer au maximum de bâtir des boucliers en termes de coûts aux niveaux national et européen ». « Je suis attaché à ce que vous représentez, à l’agriculture, à son sol, ses productions et ses valeurs. Nous en aurons besoin », a conclu Emmanuel Macron avant d’inaugurer le Salon et de passer la main au Premier ministre, Jean Castex et au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.


Christophe Soulard

Ukraine: un plan de résilience agricole en construction (Élysée) 

Lors de son discours d'inauguration du Salon de l'agriculture le 26 février, Emmanuel Macron a appelé à «bâtir la paix» en Ukraine, tout en prévoyant «des mesures indispensables pour apporter des sanctions et résister». «Ce que nous sommes en train de vivre ne sera pas sans conséquences sur le monde agricole et nos filières», a estimé le président, citant les exportations de vins et de céréales, mais également les prix de l’énergie et de l’alimentation du bétail. «Nous sommes en train de bâtir un plan de résilience pour sécuriser dans nos filières, nos intrants, pour construire au maximum des boucliers en termes de coûts, au niveau national et européen, et apporter des réponses dans la durée», a-t-il annoncé, déplorant une crise qui «durera». Ce plan, précise l’Élysée, comportera «des réponses de court et moyen terme permettant de sécuriser au maximum les revenus, mais également l’approvisionnement en énergie et en intrants». Il sera préparé «dans les prochaines heures» par le ministère de l'Agriculture, «en collaboration avec les filières et les interprofessions agricoles». «Les leçons de l'embargo de 2014 ont été retenues. Les hausses de l'énergie et des engrais sont historiques et insupportables, mais le ministre comme le président en ont pris conscience », salue Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Autant de sujets qui devraient être abordés lors d'un Conseil agricole extraordinaire présidé par Julien Denormandie le 28 février prochain.

Au Salon, Emmanuel Macron ébauche le programme agricole du prochain quinquennat 

Sans s'être officiellement déclaré candidat, Emmanuel Macron a dévoilé, lors de son discours du 26 février pour l’inauguration du Salon de l’agriculture, plusieurs pistes pour un second quinquennat. «Nous avons encore beaucoup de chantiers», a reconnu le président de la République. Principale mesure: «un grand texte d’orientation et d’avenir agricole», ayant pour objectif d'installer 20 000 jeunes par an contre 14 000 actuellement. Le texte viserait à «renforcer la formation», à faciliter les investissements dans le numérique, mais aussi à inventer «des systèmes de portage pour faciliter l’installation». «Nous serons au rendez-vous du renouvellement des générations», a assuré le président. M. Macron envisagerait également – dans le sillage de la récente interdiction des antibiotiques comme facteurs de croissance – d’affronter les distorsions de concurrence «sur chacun des points, dès qu’une injustice s’installe». Le chef de l'État souhaite aussi poursuivre «le combat de la juste rémunération».  À deux jour de la fin des négociations commerciales annuelles, M. Macron a appelé distributeurs et industriels à «la responsabilité» dans l'application de la loi Egalim 2, tout en rappelant le renforcement des contrôles. Sous les applaudissements des professionnels, il a enfin indiqué souhaiter prolonger l'exonération de cotisations pour les travailleurs occasionnels (TODE), puisque «personne n'a inventé d'instrument plus adapté »