Fraises Label rouge : une belle récolte en perspective

Fraises Label rouge : une belle récolte en perspective
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Eric Bazile, président de l’Association des fruits et légumes du Lot-et-Garonne (AIFLG) a le sourire. Cette année, la récolte de fraises devrait avoisiner 17 000 tonnes soit plus du quart de la production totale française (58 000 tonnes environ). C’est surtout 1 000 tonnes de plus qu’en 2021. Parmi ces 17 000 tonnes, une infime partie, 600 tonnes pourront être certifiées Label rouge, soit presque le double de 2020 (330 tonnes) quand le Covid avait décimé les rangs de la main d’œuvre, le double de 2018 (337 tonnes), et environ 100 tonnes de plus qu’en 2019 (495 tonnes). D’une manière globale la production lot-et-garonnaise de fraises label rouge (FLR) grignote d’année en année quelques parts de marché. 90 % de la production est réalisée sous abri et la FLR répond à un cahier des charges strict qui nécessite au moins 80 étapes. « Les contrôles sont réguliers et effectués de manière aléatoire », atteste le président de l’AIFLG. « Ainsi un producteur peut-il être contrôlé deux fois en deux ans », dit-il. Seulement 10 % de la production totale de fraises seront éligibles au label rouge. « Dans les meilleures années, on peut monter jusqu’à 15 % », explique Eric Bazile. Le reste de la récolte est classé en catégorie 1. Le signe de qualité vient couronner une forme régulière, un calibre de 25 mm minimum, une belle présentation et un taux de sucre garanti (entre 7° et 8°). De plus, le délai maximum d’expédition est de 36 heures maximum après la récolte qui doit s’effectuer au champ. le récolteur est le seul à toucher le fruit avant son expédition. En Lot-et-Garonne, quatre variétés sont éligibles : la ciflorette, la mariguette, la charlotte et la gariguette.

« On ne rentre pas dans le décret »

Toutes ces contraintes n’empêchent pas les producteurs de vouloir s’engager dans cette démarche. Ils étaient seulement sept en 2009. Ils sont 86 aujourd’hui et « nous espérons bientôt atteindre 100 », affirme Eric Bazile. Sans doute la valorisation du produit joue-t-elle en sa faveur. En effet, le kilo de la FLR est valorisé 2,5 euros de plus qu’un kilo de fraises standard, quel que soit le cours journalier. Mais la FLR doit faire face à de nombreux défis : la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) qui contraint les producteurs à abandonner le plastique d’ici 2026. « Mais ce ne sera pas possible. On ne peut pas rentrer dans le décret », assure le président de l’AIFLG. Il cite l’exemple de l’enseigne Grand Frais qui, avait « tenté l’emballage carton et qui est revenue au plastique cinq ans plus tard. Mauvaise visibilité, mauvaise conservation, mauvaises ventes : -30 % », explique-t-il. La filière FLR veut aussi développer la forte concurrence espagnole en créant un produit d’appel qui « permettrait d’occuper l’espace entre mars et juillet », souligne Eric Bazile. L’idée est de créer une fraise ronde de qualité, gustative. « On la cherche, on pousse les obtenteurs. Nous devrions y parvenir d’ici environ quatre ans. On espère deux nouvelles variétés », précise-t-il.

Christophe Soulard