Les entrepreneurs du territoire réclament une équité de traitement
Retour sur le 89e congrès de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT) qui s’est déroulé à Aurillac.

Les entrepreneurs de travaux agricoles (ETA), forestiers (ETF) et ruraux (ETR) sont en forme, et ils veulent que ça se sache. « Nous avons la volonté manifeste de montrer que nous sommes en constante progression. Nous sommes le secteur agricole qui a le plus embauché ces dernières années. C’est très encourageant pour les prestataires de services que nous sommes », a déclaré Gérard Napias, président de la fédération nationale des entrepreneurs des territoires, à l’occasion du 89e congrès qui a réuni plus d’une centaine d’entrepreneurs à Aurillac (Cantal). Plusieurs profils font appel à ce type d’entreprises : « Ça va du jeune qui préfère investir dans du terrain plutôt que dans de la ferraille qui est évolutive, à un exploitant en fin de carrière qui ne souhaite pas renouveler son matériel mais qui a un besoin quand même. Sur les huit dernières années, la fédération a enregistré 15 000 déclarations de contrats supplémentaires. Si le nombre d’entreprises n’a pas bougé, elles ont, en revanche, grossi », a-t-il révélé.
Trop de contraintes environnementales
Une bonne dynamique donc, pourtant l’avenir est obscurci par « des textes environnementaux de plus en plus contraignants », a indiqué Philippe Largeau, premier vice-président délégué de la FNEDT. C’est le cas, par exemple, de l’interdiction nationale de tailler les haies entre le 15 mars et le 15 août du dispositif « Bonnes conditions agricoles et environnementales » (BCAE). « On a clairement un problème d’équité sur ce sujet, avec des dérogations possibles pour les collectivités du côté des routes. Si une nidification existe d’un côté, pourquoi pas de l’autre ? », s’est énervé Philippe Largeau, qui a incité à « défendre » la situation des entrepreneurs « auprès des préfets qui ont un pouvoir dérogatoire sur ces restrictions ».
Gérard Napias a poursuivi en évoquant les conséquences néfastes du manque de précipitations l’été. « En mars, avril et mai, il y a les problèmes de nidification des oiseaux. Et après, on a été bloqué une centaine de jours à cause de la sécheresse. Si on nous empêche de travailler pendant ces périodes-là, comment va-t-on amortir le matériel ? » Et de proposer, à son tour, que « l’État achète notre matériel et nous fasse travailler quand il veut. Bientôt, on va peut-être nous empêcher d’ensiler s’il y a un nid dans l’herbe ! La Commission européenne donne les directives et la France tient sa réputation à laver toujours plus blanc que blanc. J’ai apprécié les propos d’Élisabeth Borne au Salon de l’agriculture sur le fait que le pays n’allait se “limiter” qu’aux contraintes européennes. »
« C’est du suicide pour les entreprises »
Les entrepreneurs reprochent « des décisions prises sans l’aval du terrain ». Gérard Napias a dit craindre, par exemple, la disparition de nombreuses exploitations agricoles en raison de l’interdiction d’utiliser des néonicotinoïdes sur les plantations de betteraves. « De grands groupes* ont déjà fermé deux usines. C’est forcément de la production en moins et du matériel de nos entrepreneurs qui va rester sous le hangar et finir à la ferraille. C’est du suicide pour les entreprises qui viennent d’investir », a-t-il commenté. « On ne demande pas la suppression de ces mesures mais leur adaptabilité. La nidification ne se fait pas au même moment dans le Nord ou dans le Sud, a embrayé Patrice Peyrissac, président du comité d’organisation du congrès national. Il faudrait faire du cas par cas, en fonction de l’altitude des territoires par exemple. »
Les EDT envisagent également l’écriture d’un cahier des charges « que l’on proposerait à plusieurs assureurs pour protéger l’entrepreneur par rapport à des situations dramatiques que peuvent être les périodes de sécheresse ». « Nous cherchons une équité dans toutes les règles, a conclu Philippe Largeau. Nous ne sommes pas des chasseurs de primes mais il faut que l’on soit en concurrence loyale par rapport aux autres systèmes de prestation. »
M. Varnieu
* Cristal Union et Saint Louis Sucre ont fermé chacun deux usines au cours des trois dernières années. Le groupe coopératif Tereos projette de fermer son usine d’Escaudœuvres (Nord).