Jaillance : retrouver le chiffre d’affaires d’avant Covid
Après une saison blanche en 2020, marquée par la crise sanitaire et une baisse de rendement imposée aux viticulteurs, la cave de Die Jaillance relève la tête et développe de nouvelles stratégies de commercialisation.

« Après la pluie, vient le beau temps ». Cet adage, employé par Jean-Louis Bergès, directeur général de la cave de Die Jaillance, à l’occasion de l’assemblée générale de la coopérative le 21 avril, résume bien la situation de l’institution, après plusieurs mois difficiles. « Si 2021 fut moins compliquée et moins stressante que l’année précédente, elle ne fut pas pour autant si facile à gérer tant les incertitudes furent grandes tout au long de l’année », a-t-il ajouté. D’un point de vue financier, le Groupe Jaillance a fait preuve d’une résilience extraordinaire, avec une augmentation de 3,8 millions d’euros (M€) du chiffre d’affaires et un résultat net positif de 747 000 €. « C’est une belle performance dont nous sommes satisfaits et dont nous souhaitons vous en redistribuer une partie. Nos efforts ont également porté sur la baisse de nos stocks, tant à Die que dans la Loire (caves SVS et Pé à Vouvray et Puy-Notre-Dame - ndlr)», a souligné Jean-Louis Bergès, qui devrait céder sa place d’ici l’automne 2022.
« La campagne 2020 a débouché sur un niveau de récolte de 45 et 48 hl/hectare suivant les qualités demandées, la récolte 2021 sur un rendement demandé de 52 hl/ha en cumulant la partie AOC et vins sans indication géographique, a indiqué Olivier Rey, président de la cave de Die Jaillance. Aujourd’hui, nous sommes conscients que l’incidence sur le revenu des vignerons est fortement impactant et l’objectif est bien de se concentrer sur une remontée des rendements », s’est voulu rassurant le président de la cave.
S’adapter aux nouvelles tendances de consommation
Une soixantaine de producteurs ont assisté à l’assemblée générale de la cave de Die Jaillance, organisée dans un format restreint - sans élus ni intervenants extérieurs - en raison de la crise sanitaire.
Dans un contexte tant particulier que difficile, le Groupe Jaillance a malgré tout montré des ventes encourageantes. « La croissance la plus forte vient de l’export avec + 25,8 % soit 1 399 228 bouteilles. En dépit de la perte d’un gros client (Etats-Unis), de belles performances sont à noter en Suisse, Belgique mais aussi en Asie et en Europe du Nord avec quatorze nouveaux clients », a indiqué Jean-Louis Bergès. La deuxième croissance la plus importante vient des grandes et moyennes surfaces (GMS) avec une hausse de + 16.8 %. « En France, la consommation de vins effervescents a augmenté de 5,8 %, le Prosecco de + 2,7 % et le champagne de + 14 %, tandis que les grands perdants sont les cuves closes (- 3,6 %) et les pétillants aromatisés (- 23,4 %). Le marché des AOP, dont nous faisons partie, a cru de 8,4 %. La clairette de Die tire très bien son épingle du jeu avec une évolution de + 8,8 % et superforme légèrement le marché. Elle représente la troisième appellation la plus vendue en France », a tenu à rassurer le directeur général.
« Les chiffres nous permettent de montrer que la consommation de la Clairette est encore là, malgré les changements d’habitudes des consommateurs et de la concurrence d’autres types de boissons comme la bière, le Prosecco… Cependant, tout un travail commercial reste à faire », a souiligné Olivier Rey. L’étude consommateurs, commandée par le syndicat AOC auprès de l’agence Sowine durant l’année 2021, laisse apparaître quelques orientations : reconquête du consommateur en grande distribution par des animations de dégustations, développement des relations presse et de la communication afin de soutenir les ventes, ciblage de consommateurs plus jeunes à qui les vins au profil naturel, léger et effervescent correspondent.
Vers de nouvelles stratégies
« Il sera également important de lever l’ambiguïté qui existe entre la Clairette et le Crémant de Die. Ce dernier a acquis une qualité organoleptique reconnue mais dont les performances commerciales ne sont pas au rendez-vous, alors que l’ensemble des crémants de France a progressé pour atteindre les 80 millions de cols commercialisés en 2019 », a prévenu le président de la cave. Parmi les autres stratégies instaurées par la cave pour dégager du revenu viticole, le lancement des cuves closes made in Die à destination de l’export, la diversification des vins permise depuis juillet 2020 par l’abrogation de la loi de 1957 ainsi que la valorisation de tous les volumes produits en AOC Clairette. « Pour 2022, nous restons optimistes même si le contexte se complexifie au quotidien », a déclaré Dominique Favier, directrice administrative et financière de la cave, tout en annonçant l’objectif du groupe de retrouver un chiffre d’affaires à 33 M€, comme en 2019. « Le contexte récent sur l’inflation des matières premières, des coûts de transport et des phénomènes géopolitiques en Europe ne facilite pas le développement des ventes en ce moment », a toutefois conclu Olivier Rey.
Amandine Priolet