STRATéGIES
Le travail du sol : première étape pour un colza robuste

Au mois de mai, les cultures d’hiver sont toujours en place. Pourtant, c’est maintenant que la nouvelle campagne de colza démarre. À cette période, les conditions sont généralement favorables à la réalisation d’une première observation du sol, déjà déterminante dans la perspective de réussite du colza.

Le travail du sol : première étape pour un colza robuste
L’observation d’un bloc de terre est une étape primordiale pour définir la stratégie de travail du sol. ©L_jUNG

Lors de cette première observation, il s’agit de diagnostiquer l’état structural du sol, et à partir de là, de définir une stratégie de gestion de l’interculture. L’objectif à atteindre est double : disposer en surface d’un mélange de terre fine et de petites mottes pour assurer des conditions optimales de germination en limitant les risques de battance et obtenir un sol meuble, sans zone de tassement, sur au moins les vingt premiers centimètres et être prêt à semer à la mi-août. La période idéale pour réaliser ce diagnostic se situe avant la récolte du précédent, lorsque le sol est encore frais, l’observation en conditions sèches devenant beaucoup plus difficile. L’enjeu consiste à repérer d’éventuels accidents structuraux, de déterminer à quelle profondeur ils surviennent, et sur quel(s) secteur(s) de la parcelle ils sont localisés. Il convient donc de répéter deux à trois fois l’opération, sur les zones représentatives de la parcelle. Cette première information obtenue, la prise de décision sur le choix des outils et le nombre de passages doit intégrer d’autres éléments. Parmi eux, la nature du sol, bien évidemment, mais aussi les problématiques majeures attendues sur la parcelle et gérables par le travail du sol : pailles abondantes laissées par le précédent, historique sanitaire lié à des attaques de ravageurs ou d’invasion par des graminées adventices.

Choix des outils et nombre de passages

L’articulation des critères cités précédemment offre plusieurs possibilités de gestion de l’interculture décrites dans les arbres de décisions ci-dessous (pour les sols à comportement argileux et pour les autres types de sols). Une fois la stratégie de travail du sol définie, elle devra être ajustée au scénario climatique de l’année. Une récolte en conditions humides, par exemple, peut amener à revoir ses plans. L’enjeu majeur du travail du sol est bien d’obtenir un sol affiné en surface et fissuré en profondeur, tout en préservant l’humidité. Pour arriver à ce difficile compromis, chaque intervention devra être réalisée dans les meilleures conditions possibles d’humidité du sol. Éviter de travailler un sol trop sec, à consistance dure, car cela risque de créer des mottes de grande taille, dures, qui seront très difficiles à affiner. À l’autre extrême, des interventions dans un sol à consistance plastique (orage au moment des récoltes par exemple) sont à proscrire pour éviter de créer des semelles de lissage. Dans ce cas et de façon exceptionnelle, il convient de retarder les interventions afin d’éviter la formation de mottes. Dans cette optique, limiter la profondeur et le nombre d’interventions au strict minimum, avec un roulage pour finir contribuera à préserver la fraîcheur. Dans le cas où les pailles ne sont pas exportées, un broyage et une bonne répartition des pailles sont nécessaires pour éviter qu’un amas de paille dans le lit de semence constitue un handicap pour le semis puis la levée. Outre le fait que ces résidus abondants vont mobiliser de l’eau et de l’azote pour leur dégradation, ils vont perturber le positionnement de la graine et limiter le contact entre la terre et la graine. Un travail plus ou moins profond selon le volume de résidus à enfouir est donc nécessaire. Cette première étape, bien réalisée, permettra d’être prêt à semer (sol préparé, semences livrées à la ferme, matériel et main-d’œuvre disponibles) assez tôt dans l’été, gage d’une implantation réussie. Dans les situations à faible réserve minérale, il est indispensable d’être prêt dès le début du mois d’août. En sols profonds, à forte disponibilité en azote, il conviendra d’être prêt à semer à partir de la mi-août.

Matthieu Abella – Terres Inovia

Contact régional : Alexis Verniau - [email protected] 

Travail du sol / Arbres de décisions par type de sol

Test bêche

Recommandations pratiques

• Intervenir le plus tôt possible après la récolte et en amont du semis, si possible avant les premières pluies estivales. Un premier passage superficiel (3-5 cm) au lendemain de la récolte permettra de conserver l’humidité résiduelle et évitera le dessèchement des horizons plus profonds en limitant les remontées capillaires.
• Un double passage croisé améliore l’efficacité de cette première opération.
• Éviter tout travail dans les quinze jours avant le semis du colza pour favoriser la ré-humectation en cas de pluie.
• Pour les situations qui nécessitent tout de même un dernier passage, il faut le réaliser au plus près du semis puis rouler.