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Incendies : prévenir et agir vite

La prévention est essentielle pour éviter les incendies. Mais le feu est parfois inévitable. Que faire alors lorsque les premières flammes surviennent ?

Incendies : prévenir et agir vite
Lors d’un incendie, tout se joue très vite, dès la première étincelle ou flamme. Au-delà de deux minutes, voire trois, c’est déjà trop tard. Le feu va se propager rapidement. Il faut alors se mettre à l’abri et prévenir les secours. Crédit photo : Sdis42.

Alors que le manque de pluie se fait sentir partout en France et que la végétation est très sèche, les incendies se multiplient dans de nombreux départements, y compris en Drôme, que ce soit des feux dans des espaces boisés ou dans des terrains agricoles. Les sapeurs-pompiers sont en perpétuelle alerte et multiplient les interventions. Les services de l’Etat n’ont de cesse de diffuser des messages de prévention. Les incendies n’ont pas nécessairement comme point de départ un feu de végétation. Celui qui s’est déclaré dans la stabulation du Gaec La ferme des délices à Saint-Cyr-les-Vignes (Loire) le 17 juillet et qui a ravagé la totalité du bâtiment en est la preuve. Mais quels sont les réflexes à avoir lorsqu’un départ d’incendie est décelé ?

Peu de temps pour agir

« En toutes circonstances, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, assure Patrick Laot, président de la fédération départementale des caisses de Groupama Loire. La première des choses est de se protéger soi-même et d’éviter à tout prix de se mettre en danger. Si l’on n’est pas en capacité de garder la tête froide, il ne faut pas chercher à faire quoi que ce soit, mais uniquement penser à se mettre à l’abri. »
Lors d’un incendie, « tout se joue très vite, dès la première étincelle ou flamme, complète Patrick Peillon, chargé de clientèle agricole à Groupama. Le temps de réaction est très bref. Au-delà de deux minutes, voire trois, on est déjà hors-jeu. Il faut presque avoir anticipé les choses et avoir un minimum de dispositif de prévention. » Il en profite pour rappeler que les extincteurs servent à éteindre des flammes quand elles font moins d’un mètre. « Au-delà, c’est trop tard. » Il ajoute : « Il faut bien évidemment se mettre à l’abri, et si on a le temps mettre en sécurité ce qui peut l’être : les animaux, les auto-moteurs. » Il faut aussi tenter d’éviter le sur-accident et d’intervenir sur ce qui peut être aggravant.

Faciliter l’action des secours

Bien évidemment, il convient d’appeler les pompiers rapidement en étant clair sur la localisation du lieu du sinistre. L’idéal est de communiquer les coordonnées GPS du lieu aux secours et aussi de bien détailler les chemins d’accès pour faciliter l’approche. C’est d’autant plus important lorsqu’il s’agit d’un feu dans un champ. Les accès ne doivent pas être entravés par des véhicules, notamment de curieux.
Une des premières informations que demandent les soldats du feu en arrivant sur une exploitation où s’est déclaré un incendie est la présence potentielle de facteurs qui pourraient aggraver la situation, comme par exemple de l’ammonitrate ou des hydrocarbures.
Il convient ensuite de laisser travailler les secours. « C’est leur métier ; ils savent ce qu’ils ont à faire, assure Patrick Laot. Il ne faut pas les gêner dans leur action. » Toute présence humaine doit être écartée.
Une fois l’incendie maîtrisé et éteint, les heures et jours suivants, tout sur-accident doit être évité, tout comme la visite de curieux. « Un incendie n’est pas un site touristique », rappelle ironiquement Patrick Peillon. Il estime par exemple que les structures métalliques doivent retenir la plus grande attention, plus que les charpentes en bois. « On n’est jamais à l’abri d’une surprise. C’est pour cela qu’elles ne doivent pas être approchées. » Même une fois l’incendie éteint, une poutre peut tomber. En plus du drame que constitue l’incendie « autant éviter un accident et un drame social, insiste Patrick Laot. Une stabulation qui a brulé peut, dans l’absolu, être reconstruite. Pas une colonne vertébrale cassée... Les dégâts matériels se traitent, c’est plus compliqué pour l’humain. »
Un incendie représente un véritable choc. « Il ne faut donc pas hésiter à contacter la MSA pour un accompagnement psychologique, insiste Patrick Laot. C’est son rôle d’accompagner les agriculteurs et leur famille qui connaissent des difficultés. Le feu est destructeur aussi moralement ; il faut se faire aider. » Il ajoute : « Les incendies font partie de l’histoire de Groupama. C’est aussi notre métier d’accompagner les sinistrés à toutes les étapes. »

©Sdis42

Miser sur la prévention

Le président de Groupama Loire estime que « le risque fait partie de la vie et du métier d’agriculteur. Le risque zéro n’existe pas ; il faut vivre avec. » D’où l’intérêt de mettre en œuvre des dispositifs de prévention. D’autant plus quand on sait que le délai d’intervention est court sur un incendie. « Avoir un extincteur dans son tracteur est le premier réflexe à adopter, assure Patrick Laot C’est le premier outil de prévention qui peut permettre de sauver le matériel. Une fois encore, la première minute est décisive. » Sur une exploitation, « si le conseiller prévention préconise un extincteur à un endroit spécifique, il doit être à disposition à cet endroit et pas à un autre. L’agriculteur doit appliquer les recommandations. »
Le président de Groupama Loire se veut encore plus offensif. « Ce qui est exigé à l’industrie devrait aussi l’être à l’agriculture » en matière de prévention des incendies. « Nous devons faire prendre conscience à la profession agricole des règles que doivent respecter d’autres secteurs d’activité. Pourquoi les murs hydrofuges sont-ils obligatoires dans l’industrie et pas en agriculture ? » La prévention passe par l’analyse des risques. L’agriculteur peut être responsable, mais il n’est pas le seul. Les concepteurs de bâtiments, les constructeurs, les artisans ont leur part de responsabilité dans la prévention. D’où l’intérêt que tout le monde se sente concerné par l’analyse du risque.
En matière de prévention, le conseiller de l’assurance doit s’adapter à la diversité et à la complexité des exploitations. Il convient par exemple de compartimenter les risques : fourrages, engrais et hydrocarbures ne doivent pas être à proximité. Des gestes simples de prévention peuvent être mis en place, comme par exemple entretenir des installations et le matériel. « Régulièrement, on voit des tracteurs couverts de poussière, ce qui constitue un risque d’incendie, assure Patrick Peillon. Si un coupe-batterie a été installé sur les tracteurs, il y a bien une raison… Donc il ne faut pas l’enlever. » Les installations électriques et les automoteurs doivent être régulièrement vérifiés. « Ils sont souvent à l’origine d’incendies. Les agriculteurs doivent prendre conscience de ces points de faiblesse. »
L’anticipation est de mise dans le domaine de la prévention. « Tout agriculteur doit se poser les bonnes questions : Que ferai-je si un incendie se déclarait à tel ou tel endroit de mon exploitation ? Suis-je bien équipé en extincteurs ? Ai-je assez de portes à mon bâtiment pour évacuer les animaux ? Est-ce que je suis sûr d’avoir les bons réflexes ? J’invite vraiment chaque exploitant à prendre un moment pour réfléchir à l’éventualité d’un incendie. Puis de se munir des bons équipements pour le prévenir, insiste Patrick Laot. Finalement, l’agriculteur doit toujours anticiper le moindre problème. C’est avec ce comportement que des incendies pourront être évités. »

Se méfier de certaines installations

Certaines installations spécifiques peuvent compliquer la gestion d’un incendie. C’est le cas par exemple des panneaux photovoltaïques sur une toiture. « Il faut savoir que, même lorsque des panneaux photovoltaïques sont en train de brûler, l’installation continue à produire de l’électricité, explique le conseiller de Groupama. Apporter de l’eau sur les panneaux peut être dangereux. C’est pour cela que les pompiers ont plutôt tendance à protéger ce qu’il y a autour plutôt que d’agir sur l’installation. » Informer la caserne du secteur de la présence d’une installation photovoltaïque peut être un bon réflexe. Il permettra aux pompiers d’avoir une approche spécifique s’ils doivent intervenir pour un incendie.
Patrick Peillon indique également que les bâtiments avec des panneaux sandwich, comme par exemple dans les bâtiments avicoles, doivent être appréhendés avec prudence lors d’un incendie. « C’est traître. On ne sait pas ce qu’il peut se passer dans le panneau. »

Lucie Grolleau Frécon

Prévention

Prévention
Alors que neuf feux sur dix sont d’origine humaine, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires vient de lancer une campagne de communication pour faire connaître au plus grand nombre les bons réflexes.

Avoir les bons réflexes

Les fortes chaleurs et la sécheresse de la végétation augmentent considérablement le risque d’incendie en évolution libre. L’emploi du feu représente, dans ces conditions, un danger important pour les personnes, les biens et les milieux naturels. Les conditions météorologiques sont certes de plus en plus propices au feu, mais neuf feux sur dix pourraient être évités grâce à une plus grande vigilance et à l’adoption de quelques gestes simples, indique le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Voici les messages qu’il diffuse :
- Vous êtes fumeur ? Jetez vos mégots dans des cendriers. Si vous fumez dans votre voiture, soyez vigilant concernant les cendres incandescentes qui peuvent partir depuis une fenêtre ouverte.
- Vous coupez de la végétation dans votre jardin ? Mettez vos déchets verts à la déchèterie au lieu de les brûler chez vous.
- Vous aimez les feux d’artifice ? Laissez les professionnels les organiser pour le plaisir de tous.
- Vous organisez un barbecue ? Faites-le chez-vous ou dans un espace dédié, sur une terrasse, plutôt qu’en pleine nature et loin des broussailles qui peuvent flamber.
- Vous bricolez en plein air ? Pensez à débroussailler votre jardin. Travaillez loin des espaces sensibles afin de les protéger des étincelles et prévoyez un extincteur pour éteindre le feu immédiatement.
- Vous stockez du bois ou du gaz en extérieur ? Éloignez-les des murs de votre maison et si possible mettez-les dans un abri. 

Composer le 18  ou le 112

Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires rappelle qu’en cas d’incendie, avoir les bons réflexes peut aider à se protéger et à protéger autrui. Il demande de suivre les consignes des pompiers : son habitation est le meilleur abri, à condition d’avoir bien débroussaillé son jardin et d’avoir éloigné les combustibles des murs.
Tout témoin d’un début d’incendie doit prévenir les pompiers en composant le 18 ou le 112 et localiser le départ de feu en indiquant l’adresse, ou si possible la géolocalisation au moyen d’un téléphone portable.