Tech&Bio
Marc Fesneau affirme « donner au bio les moyens de son avenir »

Le 21 septembre à Bourg-lès-Valence, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a visité le salon Tech&Bio. Pour surmonter la crise du secteur bio, il propose des moyens pour stabiliser le marché et communiquer auprès des consommateurs. Et pour aider les producteurs bio, il entrouvre des portes.

Marc Fesneau affirme « donner au bio les moyens de son avenir »
Guidé par Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme, le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, a visité une partie du salon Tech&Bio. ©CL-AD26

« Je viens ici pour dire que le bio a de l'avenir et qu'on lui donne les moyens de son avenir », a assuré Marc Fesneau lors de sa visite du salon Tech&Bio, le 21 septembre à Bourg-lès-Valence. En déambulant dans les allées, entouré d'une foule de personnalités, il s'est arrêté sur plusieurs pôles : irrigation, énergie et fourrage. Des conseillers de la chambre d'agriculture lui ont présenté les avantages des sondes capacitives et autres outils d'aide à la décision pour l'irrigation. Les exploitants de l'EARL Clair Fruits ont parlé des bienfaits de leur installation agrivoltaïque sur un verger de cerisiers. Le ministre a également pu découvrir le sorgho fourrager, multicoupe et monocoupe, en association avec du moha, tournesol, pois fourrager et moutarde d'Abyssinie. Marc Fesneau s'est également arrêté sur les stands de RAGT semences et de Biolait, entre autres. Il a aussi visité les nouveaux ateliers de transformation du lycée agricole Le Valentin.

Soutiens à la bio : peut-être plus

Sur le pôle fourrage, Jean-Pierre Manteaux, conseiller à la chambre d'agriculture de la Drôme, a présenté l'intérêt du sorgho fourrager. ©CL-AD26

Questionné sur la crise que connaît le secteur bio, le ministre de l'Agriculture a mis l'accent sur les aides d'urgence (60 millions d'euros) mises en œuvre par l'État « pour passer un cap » difficile. Sur l'éventualité d'un abondement de l'enveloppe, Marc Fesneau ne ferme pas la porte. « On va déjà faire en sorte de consommer les 60 millions puis on regardera les demandes complémentaires qu'il pourrait y avoir », a-t-il dit. Par ailleurs, la lecture du critère de trésorerie a été assouplie (voir encadré ci-……..).

Autre point : la demande de revalorisation de l'écorégime spécifique aux exploitations bio (nouveautés de la Pac 2023-2027) à son niveau maximum de 145 €/ha/an. « On va faire le bilan de l'année et on verra », a indiqué le ministre, entrouvrant ainsi une possibilité.

Quant au retour de l'aide au maintien de la bio, c'est non. « Par la défiscalisation (crédit d'impôt - ndlr) nous avons choisi d'aider au maintien des exploitations bio et par la Pac (écorégime bio) de soutenir la conversion, a-t-il justifié. Pour ceux qui sont déjà convertis, on a surtout besoin de stabiliser un marché chahuté. »

Des moyens pour booster la consommation

Sur le pôle énergie, les exploitants de l'EARL Clair Fruits ont évoqué leur installation agrivoltaïque sur un verger de cerisiers. ©CL-AD26

Pour cela, Marc Fesneau avance le chiffre de « 100 à 120 M€ de commandes publiques » pour la restauration collective qui dépend de l'État. Cela sera-t-il suffisant pour atteindre l'objectif fixé par la loi Egalim d'au moins 20 % de produits bio ? Le ministre assure ne pas vouloir donner « d'injonction » du fait de « circonstances locales techniques » pouvant empêcher d'atteindre les 20 %. Il compte davantage sur la « volonté politique », comme dans la Drôme où les collégiens ont déjà 45 % de produits locaux et/ou bio dans leur assiette. « 20 % est un objectif et on a vu que c'est compliqué de le faire partout. Dans la Drôme où le nombre de producteurs bio est important, c'est sans doute plus facile. »

Après avoir visité les nouveaux ateliers de transformation du lycée agricole Le Valentin, le ministre a posé avec quelques élèves. ©CL-AD26

Autre point évoqué par le ministre de l'Agriculture : la communication. « Il faut repositionner le bio dans sa pratique, dans sa territorialité et dans ses valeurs pour que les consommateurs ne se disent pas que le bio n'est pas pour eux », a-t-il déclaré. Marc Fesneau a promis 15 M€ sur trois ans à l’Agence bio. De plus, un abondement du Fonds avenir bio de 5 M€ supplémentaires par an a été annoncé pour « accompagner l'effort de structuration dont les filières bio ont besoin pour consolider leur marché ».

Enfin, le ministre de l'Agriculture demande aux enseignes de la grande distribution de « remettre de la visibilité » sur les produits bio dans les magasins et de réduire leurs marges : « Je ne comprends structurellement pas pourquoi la marge serait supérieure sur un produit bio que sur un produit conventionnel ».

Christophe Ledoux

Aides d’urgence bio : le critère de trésorerie assoupli

Dans le cadre de son dispositif de 60 M€ d'aides d’urgence pour la bio, le ministère de l’Agriculture a assoupli sa lecture du critère de trésorerie. Au premier jour du salon Tech&bio, le 20 septembre, il a mis à jour la foire aux questions (FAQ) publiée sur le site de FranceAgriMer. La dernière version (V5) indique que les situations présentant des éléments exceptionnels (absence de versement de salaire, injection de trésorerie personnelle...) « doivent être évaluées par le comptable » au vu de « sa connaissance de l’entreprise ». « Cela ouvre la possibilité aux centres de gestion d’être plus souples dans l’analyse de la trésorerie », s’est réjouie la déléguée générale de la Fnab, Sophia Majnoni d’Intignano. En revanche, la Fnab n’a pas obtenu le décalage des délais de clôture des exercices comptables. « L'exercice comptable admissible à l'indemnisation doit être clôturé entre le 1er juin 2022 et le 31 mai 2023 », signale une nouvelle ligne (n°45) dans la FAQ.

Contrôle de structures : « Favoriser » les projets « en transition »

Questionné sur une éventuelle retouche du contrôle des structures qui permettrait de favoriser la reprise de fermes bio, le ministre de l’Agriculture a répondu le 21 septembre sur le salon Tech&Bio : « Évidemment, il faut qu’on favorise les projets qui sont en transition. Si c’est pour faire faire marche arrière il y aurait un illogisme». Il a toutefois rappelé que le contrôle des structures « s’exerce au niveau départemental, dans un cadre régional ». Et de conclure que l'objectif du Pacte et de la loi d'orientation agricole (PLOA) en projet, « c’est d’installer des gens qui s’inscrivent dans une transition, parce qu’on a besoin d’avoir une transition compte tenu du dérèglement climatique, des exigences environnementales, des sujets de biodiversité ». Selon les informations de la FNSEA au 4 septembre, le PLOA inclurait deux mesures réglementaires portant sur le contrôle des structures : favoriser les installations bio sur les fermes déjà en bio ; et les exploitations « déployant des pratiques agroécologiques » dans les zones humides ou de captage d’eau potable.

Sondage : des agriculteurs bio « optimistes » mais en demande de soutien

L’Agence bio a présenté son premier baromètre du moral des agricultrices et agriculteurs bio au salon Tech&Bio à Bourg-lès-Valence, le 20 septembre. Avec un taux de réponse « énorme » de 20 % sur 60 000 producteurs interrogés, le baromètre fait apparaître « à la fois l’optimisme des agriculteurs bio mais leur appel à ce que le collectif s’engage pour eux », a résumé la directrice Laure Verdeau. Dans le détail, 86 % des répondants affirment qu’être en bio « contribue à leur bonheur ». Les principaux facteurs de motivation favorisant l’engagement en bio sont le fait de prendre soin de l’environnement (85 % des répondants) et de préserver la santé (77 %). En revanche, la moitié des répondants dénonce « la faiblesse de plus-values sur une ou toutes les productions » ; 43 % regrettent la suppression des aides au maintien ; et 38 % s’inquiètent de « l’alourdissement et l’augmentation des dépenses liées à la production et à la main-d’œuvre ».

Glyphosate : Marc Fesneau « prudent »

Alors que la Commission européenne propose le renouvellement du glyphosate pour une durée de dix ans, Marc Fesneau se montre prudent sur la position de la France. « Nous avons besoin d'éléments complémentaires car une ré-autorisation sur dix ans nous paraît trop lointaine, dit-il. L'Europe pourrait s'inspirer de ce que nous avons fait en France où nous avons décidé de ne pas mettre les agriculteurs dans des situations d'impasses sur le glyphosate et, en même temps, on en a réduit l'utilisation de 30 % depuis 2018. On est le seul pays à l'avoir fait. » À noter, les Etats membres devront se prononcer à la majorité qualifiée lors d'un vote le 13 octobre. 

C. L.

Prédation : « Le plan loup n'est pas la loi »

« Pour la première fois en Europe, on s'est mis sur le chemin de la révision du statut du loup en tant qu'espèce strictement protégée, a déclaré Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, lors de sa visite du salon Tech&Bio le 21 septembre à Bourg-lès-Valence. Maintenant, il faut se mettre au travail avec les collègues européens pour savoir dans quelle mesure il faut réviser et obtenir une unanimité. Évidemment, tout cela s'inscrit dans un temps long. » Par ailleurs, « le plan loup n'est pas la loi, il donne des intentions. Maintenant, il faut qu'on le décline en décrets, en arrêtés, précise Marc Fesneau. Je demande à être jugé sur les actes. » Le ministre entend la nécessité de simplifier rapidement les arrêtés de tir.

C. L.