Bactériose : pas de traitement curatif

Si la bactérie n'a pas encore contaminé tous les secteurs de production, l'inquiétude, elle, n'épargne personne. À l'initiative des chambres d'agriculture de l'Ardèche et de la Drôme, une réunion sur la bactériose du kiwi a réuni une cinquantaine de producteurs. Une recrudescence de la virulence de la bactérie est observée dans la région et menace la pérennité des vergers dans le secteur Nord-Valence. L'arrachage de parcelles a démarré. La situation est plus contrastée vers Loriol : des vergers sont déjà condamnés et d'autres encore indemnes. De nouveaux foyers de contamination ont été trouvés à Aubenas et dans la vallée de l'Eyrieux.
Détectée pour la première fois en France en 2010(1), la maladie est largement répandue dans les territoires producteurs (Nouvelle-Zélande, Italie...). Sa forme la plus sévère, pseudomas syringae pv. actinidiae (PSA) biovar3, se développe notamment depuis 2008. Suite à la détection des premiers cas français, un plan de surveillance a été mis en place, ainsi qu'un projet de recherche financé par le Casdar(2) du ministère de l'Agriculture(3). Marie-Lisa Brachet, membre du comité scientifique de ce projet, a fait le point sur les résultats de cette étude.
Le cuivre : efficacité mais résistances
L'enquête parcellaire menée sur 48 vergers de Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) a confirmé le lien entre l'état sanitaire de l'environnement proche et le risque de contamination d'une parcelle, d'autant plus fort en cas de vent dominant. La présence de haies permet d'empêcher, sinon de ralentir, la contamination. Plusieurs traitements phytosanitaires ont également été testés - un stimulateur des défenses naturelles des plantes (Bion 50 WG), un engrais foliaire (Cuivrol), deux formes de cuivre (Nordox 75 WG et Cupprocaffaro) et un régulateur (Sitofex).
Les modalités basées sur l'usage de traitements cupriques ont été les plus efficaces : la bactérie est moins présente et sa virulence plus faible. En revanche, le stimulateur des défenses naturelles des plantes comme le régulateur de croissance présentent une faible efficacité. Il n'existe pas à ce jour de traitement biocide curatif. Aussi, les traitements cupriques préventifs suscitent des interrogations puisque des formes de résistance de PSA au cuivre peuvent survenir avec le temps.
L'étude menée n'a en revanche pas permis de dégager un type de composition de sol plus propice qu'un autre à la bactérie. Si la présence en grande quantité d'azote semble davantage sujet à la contamination, la structure de population est très variable d'un verger contaminé à l'autre. Difficile de dégager des tendances fiables !
Aujourd'hui, les recherches néo-zélandaises s'orientent davantage vers des stimulateurs de défense des plants et vers la sélection variétale.
L'eau comme véhicule
La propagation de la bactérie ne s'effectue pas par les sols à proprement parler, mais la présence d'eau libre dans le sol peut être à l'origine d'une contamination. Il est donc recommandé d'éviter de travailler dans les parcelles par temps humide. Des systèmes de couverture des vergers, testés dans le Sud-Ouest, peuvent prévenir d'une contamination par la pluie. Ils peuvent toutefois provoquer un effet de confinement en cas de présence de PSA.
Des précautions sont nécessaires, notamment concernant la taille et les éclaircissages qui sont autant de portes d'entrée pour la bactérie. Il est préconisé de commencer la taille par les plants sains pour finir par les plus contaminés et de désinfecter les outils utilisés avec de l'alcool à 70 %. Si du matériel végétal infecté est détecté, il est recommandé de le couper bien en dessous de la zone atteinte, de le sortir du verger et de le brûler afin de limiter la propagation de la maladie.
Mylène Coste
(1) Deux cas dans le secteur Nord-Valence et Sud-Ouest de la France.
(2) Casdar : compte d'affectation spéciale de développement agricole et rural.
(3) Le projet Casdar s'est étalé sur 2013-2015 et a réuni six partenaires : Anses, Inra, CTIFL, Invenio, Fredon Aquitaine, Serfa. Il a été cofinancé par le bureau national interprofessionnel du kiwi (BIK).
Bactériose du kiwi /
Les symptômes
- Des taches nécrotiques entourées d'un halo jaune sur les feuilles, qui peuvent évoluer pour former des plages nécrotiques. Elles sont visibles au printemps et en été et signe d'une infection primaire. La feuille garde cependant sa couleur verte.
- Des chancres, parfois accompagnés d'exsudats (rouge orangé à blanc) visibles à la fin de l'hiver et au début du printemps sur le bois (tronc, charpentières, cannes) : signes d'une infection secondaire (propagation du pathogène à l'intérieur de l'arbre).
- Dépérissement des bourgeons, boutons floraux ou rameaux.
La présence de symptômes est à signaler rapidement à la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d’Auvergne Rhône-Alpes (Draaf).