Casserie de la Drôme Provençale : une amande garantie drômoise
Sept producteurs d’amandes de la Drôme provençale se sont réunis en Cuma1 pour la création d’une casserie française à Savasse, près de Montélimar. Elle est opérationnelle depuis la mi-septembre.

Produire une amande 100 % locale et durable, tel est le défi que se sont lancés sept amandiculteurs2 de la vallée du Rhône, réunis au sein de la Cuma des 4S. Depuis deux ans, le petit groupe de producteurs travaillait sur la création d’une casserie d’amandes de proximité. Elle a vu le jour à Savasse, près de Montélimar. « En France, il n’existait que de petites structures. Nous étions alors obligés d’envoyer nos amandes en Espagne pour les faire casser, sans vraiment savoir si nous récupérions nos propres amandes… », rappelle Cyril Hugues, l’un des porteurs de projet. Un problème de traçabilité qui s’ajoutait à des difficultés de réactivité : « L’Espagne a fortement développé sa production d’amandes. De ce fait, les délais de cassage étaient rallongés et nous n’arrivions pas à fournir nos clients en temps et en heure », poursuit-il. Pour préserver la qualité de leurs fruits et ainsi répondre à une clientèle haut de gamme, les producteurs drômois ont donc opté pour la relocalisation de cette étape de cassage par le biais d’une structure locale. « Nous voulions gérer la totalité de notre chaîne de production et proposer une amande durable qui répond aux attentes environnementales ». Le bâtiment de 600 m², équipé de lignes de cassage, triage et calibrage, a été inauguré à la veille de la récolte, mi-septembre. Là encore, les producteurs ont souhaité aller au bout de la logique en privilégiant les entreprises locales - ou à minima françaises - pour la construction du bâtiment, le matériel de cassage, etc.
Revendiquer une amande 100 % drômoise
« A ce jour, l’outil peut produire quotidiennement 1 500 à 2 000 kg d’amandons », indique Cyril Hugues. La coopérative peut s’appuyer sur deux salariés permanents lors des fortes périodes de travail. Une équipe vouée à évoluer, puisque d’ici deux à trois ans, les producteurs espèrent pouvoir casser 50 tonnes d’amandes, soit le double de la production actuelle. « La totalité de nos amandes sont produites dans un rayon de 25 kilométres », se réjouit-il.
Avec cet outil, et malgré un investissement de 750 000 €, subventionné à hauteur de 254 000 € par le Département de la Drôme, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Feader3, les producteurs verront leur coût de revient diminuer. « Avec le transport, le prix de revient du cassage de nos amandes était de 1,70 € le kilogramme. Avec notre casserie locale, nous atteindrons les 1,50 €/kg ». Un choix judicieux pour la filière mais aussi pour l’économie locale et l’agriculture française. Dans ce contexte, la filière amande ne demande qu’à se développer : « Nous avons les marchés mais nous devons faire face à une production à flux tendu. Aujourd’hui, il faut planter davantage. En France, nous produisons seulement 5 % des amandes que nous consommons », constate Cyril Hugues. Dans une région où le nougat est roi, le potentiel de développement des vergers d’amandes dans les exploitations agricoles est important. « Nous ne sommes qu’au début. Il y a une bonne marge de progression devant nous. »
La voie de l’indépendance
La Casserie de la Drôme provençale sera certifiée en agriculture biologique d’ici la fin de l’année, afin de répondre aux besoins de trois producteurs. De plus, destinée aux professionnels, elle pourrait à terme accueillir des producteurs d’autres fruits à coque, telles que les noix ou les noisettes. Etre indépendants, telle était la volonté des producteurs d’amandes de la Drôme provençale réunis autour de ce projet. Désormais, les idées fourmillent autour de la création d’une marque, d’une boutique avec des produits transformés (poudre d’amandes, amandes grillées...), mais aussi la plantation d’un verger de collection avec une vingtaine de variétés anciennes d’amandiers sur un hectare situé juste derrière la casserie. De beaux atouts à faire valoir auprès de la clientèle. « Cet outil était un choix judicieux et c’est aujourd’hui une grande réussite pour nous, producteurs, grâce à l’addition de compétences », conclut Cyril Hugues.
Amandine Priolet
1Cuma : coopérative d’utilisation de matériel agricole.
2Les producteurs investis dans le projet : Cyril Hugues, Sébastien Villeneuve, Hervé Lauzier, Thomas Honnoré, Jean-Claude Ferotin, Pierre-Christophe Barnier et Joris Mounier.
3Feader : fonds européen agricole pour le développement rural.
Vers une valorisation des coques ?
Utilisées dans du revêtement urbain, comme combustible ou encore comme paillage naturel et écologique, les coquilles d’amandes ont plus d’un tour dans leur sac. C’est pourquoi la Casserie de la Drôme provençale aimerait les valoriser. « Nous ne pouvons pas les remettre dans nos parcelles puisqu’elles sont vectrices de maladies pour les amandiers », souligne Cyril Hugues. Travailler sur leur valorisation revient à réduire au maximum les déchets. « Notre souhait est de boucler la boucle et d’arriver à du zéro déchet. » Pour 100 tonnes d’amandes, il faut compter environ 220 tonnes de coquilles. « A 250 € la tonne, ce n’est pas négligeable », conclut le producteur.
A. P.