Grandes cultures
Les tendances des valeurs des maïs ensilage

Les chantiers d’ensilage de maïs ont démarré au début du mois d’août, poussés par les très fortes chaleurs de l’été. À la mi-octobre, le laboratoire Cesar a réalisé quatre-cents analyses sur des prélèvements de maïs en vert, ce qui permet de livrer les premières tendances.

Les tendances des valeurs des maïs ensilage
Cette année, les chantiers d’ensilage de maïs ont démarré au début du mois d’août. ©D_Dengreville cniel

Les analyses de maïs réalisées par le laboratoire Cesar concernent les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté. Avec la diversité de types de terrains, certains maïs ont pu suivre une culture dérobée de printemps type ray-grass italien (RGI). Les dates de semis n’ont pas été les mêmes partout et à cela s’ajoutent les différences de variétés. Certaines parcelles de maïs ont bénéficié de l’irrigation et la météo locale a également eu son mot à dire. Les tendances générales présentées sont la moyenne de ces différentes situations et les lissent. Mais la comparaison de ces populations de données assez importantes d’une année à l’autre permet de tirer quelques conclusions. Dans le tableau ci-dessous, les quartiles pour un paramètre donné sont les valeurs qui séparent la population en parties égales : entre les quartiles inférieurs et supérieurs se trouve la moitié des fourrages. Cela permet d’apprécier le caractère homogène ou hétérogène des maïs sur la mesure en question.

Les paramètres analytiques et les valeurs nutritives calculés

Les paramètres analytiques présentés sont issus de mesures sur des fourrages en vert. La méthode d’analyse (excepté pour la matière sèche et les minéraux) est l’infrarouge. Le taux de matière sèche (MS) est le premier paramètre que l’on mesure dans une analyse. Il est le complément au taux d’humidité dans le fourrage (matière brute). Tous les autres paramètres analytiques sont mesurés sur le fourrage sec. Les matières azotées totales (MAT) sont prépondérantes dans le calcul des indicateurs Inrae de la valeur azotée et rentrent également dans celui de l’énergie. La digestibilité pepsine cellulase est une quantité qui exprime ce qui est digestible dans tous les composants du végétal. Elle comprend ce qui est le plus digestible des parois des cellules et la quasi-totalité du contenu des cellules végétales. Comme la MAT, elle rentre dans le calcul des indicateurs Inrae et a beaucoup de poids dans les indicateurs de l’énergie. Les autres composants biochimiques présentent naturellement un intérêt. Ils participent à la valeur du fourrage (énergétique en particulier) et à la valeur d’encombrement, mais ne rentrent pas directement dans le calcul des indicateurs puisque c’est la digestibilité pepsine cellulase qui a ce rôle. On peut citer l’amidon dont la teneur croit avec l’âge de la plante et avec la formation des grains, et les sucres solubles qui sont présents dans les stades jeunes puis qui diminuent en se polymérisant en amidon. Les paramètres analytiques NDF, ADF, ADL relatifs aux parois cellulaires décrivent la fibrosité du fourrage, des composantes les plus digestibles (pectines) aux moins digestibles (lignine ou ADL). La cellulose brute (Weende), autre approche analytique des parois, comprend des celluloses. Les valeurs nutritives calculées sont celles des équations Inra de 2007. Elles sont prédictives du futur ensilage à partir des analyses en vert. Les unités fourragères lait (UFL) et les unités fourragères viande (UFV) décrivent la valeur énergétique. Les protéines digestibles intestinales (PDI) (g/kg de MS) décrivent la valeur azotée d’origine alimentaire (PDIA), permise par l’azote (PDIN) ou permise par l’énergie (PDIE)

Les valeurs 2022

Les analyses de 2022 montrent une moyenne de matières sèches supérieure de 3 %  à celle de l’année dernière (et de 1 % par rapport à celle de 2020). Cela ne surprend pas au regard de la météo en Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté depuis le mois de juin. La sécheresse estivale a joué sur le rendement et l’état visuel de la plante. Concernant les matières azotées totales, 2022 montre une moyenne de 7 g/kg de plus qu’en 2021. 
La minéralisation du sol au printemps générant de l’azote minéral, ainsi que les stades globalement peu avancés auxquels ont été récoltés les maïs, peuvent expliquer ce niveau d’azote qui reste toutefois dans la normale (87 g/kg en 2020 soit 11 g/kg de plus qu’en 2022). La digestibilité pepsine cellulase des maïs analysés en 2022 par le laboratoire Cesar se situe à une moyenne de 67,9 % soit inférieure de 2 % à celle de 2021. Le fort taux de MS pourrait expliquer ce manque de digestibilité. L’amidon affiche une moyenne de 256 g/kg, inférieure à celle de 2021 à 292 g/kg, et inférieure à la normale. Il y a davantage de valeurs faibles en amidon et même sans amidon du tout pour certains maïs. Les valeurs sont très disparates. En revanche, 2021 était une année où l’amidon était assez élevé. Selon les dates de semis, des maïs se sont retrouvés en état de stress à des périodes clés engendrant des problèmes de fécondation et par la suite des épis mal développés et mal remplis. Inversement, les sucres solubles sont en moyenne à 73 g/kg contre 57 g/kg en 2021. Cela illustre des maïs qui ont été stoppés dans leur développement et n’ont pas pu faire correctement leurs épis et leurs grains. Les quatre paramètres cellulose brute, NDF, ADF et ADL sont dans la normale, étant quasi identiques entre 2021 et 2022. Les ensilages précoces présentent en général une bonne digestibilité des fibres. Au niveau énergétique, l’année 2022 montre une moyenne en UFL de 0,90 contre 0,91 en 2021. On aurait pu l’imaginer plus élevée du fait de maïs séchés à un stade jeune et donc à fibres très digestibles et riches en sucres. On se souvient de l’année 2003, particulièrement sèche,  où les maïs présentaient de très bonnes valeurs énergétiques bien que pauvres en amidon comme cette année. 2022 a été davantage stressante pour les plantes dans de nombreuses situations.

Les tendances des valeurs des maïs ensilage 2022


Pascal Mathieu - Laboratoire Cesar