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Quelles alternatives pour la récolte de tournesol semence ?

L’Association nationale des multiplicateurs de semences oléagineuses (Anamso) a organisé à Chabeuil une démonstration de matériel spécifique pour la récolte de tournesol semence. L’occasion de voir également les résultats d’un essai mené avec un produit de biocontrôle.
Quelles alternatives pour la récolte de tournesol semence ?

Le diquat, molécule aujourd'hui utilisée pour dessiquer les productions en tournesols, a longtemps été en suspens sur l'aspect règlementaire. Plusieurs travaux ont ainsi été menés afin de trouver des solutions alternatives, chimiques et mécaniques. C'est dans ce contexte que l'Anamso(1), dans le cadre des actions techniques interprofessionnelles du Gnis(2) - et en collaboration avec la coopérative Valgrain - a organisé, le 18 septembre dernier à Chabeuil, une démonstration de matériel spécifique pour la récolte de tournesol semence.

Après le passage de la batteuse, Aymeric Chenut (technicien à Valgrain) était chargé de compter les grains restés au sol.
Une nouvelle tête de récolte
À vrai dire, plusieurs matériels avaient été mobilisés lors de cette demi-journée. Les professionnels - originaires de la Drôme, de l'Isère et parfois même du Sud-Ouest - s'étaient en effet déplacés nombreux afin d'apprécier le travail de la nouvelle tête de récolte Sunspeed commercialisée par Claas. Mais d'autres barres de coupes ou cueilleurs utilisés à ce jour étaient également au rendez-vous. In fine, il s'agissait de comparer le travail mené par les différentes batteuses. Le protocole était le même : chaque machine était amenée à récolter des tournesols traités ou non avec du Reglone 2, un herbicide contenant du diquat. Les écartements entre les semis étaient par ailleurs de 60 et 80 cm.
La cinquantaine de participants a ainsi pu suivre les travaux d'une batteuse axiale de la marque New Holland (type CR 8070) spécialisée tournesol, d'une batteuse New Holland de type CX 8070 dotée de six secoueurs (cueilleur maïs avec un kit tournesol), d'une batteuse Claas hybride (Lexion 740) ainsi que d'une batteuse Deutz-Fahr à cinq secoueurs c7206. « Avec un cueilleur maïs kit tournesol, les tournesols sont guidés dans les rangs du cueilleur. Le kit tournesol est un pignon qui dévie une des deux chaînes cueilleuses, explique Jean-Sébastien Avenant, l'un des entrepreneurs mobilisés. Sous le pignon, est monté un couteau afin que les tiges de tournesol soit coupées et non arrachées comme les épis de maïs. Une fois la tige du tournesol avec son capitule coupé, celui-ci est acheminé par les chaînes vers la vis du cueilleur. Cette dernière fait rentrer la marchandise dans la moissonneuse-batteuse. »
La nouvelle tête de récolte était quant à elle montée sur un modèle Tucano (Claas). Concrètement, les tournesols sont saisis par les plateaux cueilleurs. La tôle de guidage réglable pousse les têtes de tournesol vers l'avant. Au même moment, les tiges sont poussées vers le bas par le rouleau arracheur situé sous la barre de coupe. Le rabatteur s'empare uniquement de la tête du tournesol pour la diriger vers la vis d'alimentation. Cette dernière transporte les têtes de tournesol vers l'intérieur de la machine.
Sécuriser la récolte
« L'Anamso s'intéresse à plusieurs actions d'amélioration pour la production de semences oléagineuses. L'objectif était, ici, de voir s'il était possible de récolter du tournesol semence à un taux d'humidité largement supérieur aux normes habituelles, tout en faisant monter le moins de déchets possibles dans la trémie », explique Romain Filiol, chargé de promotion et de développement à l'Anamso. À la fin de la journée, a pu être constaté qu'il était possible de le récolter. Et ce, quel que soit le matériel utilisé. En effet, plusieurs techniciens avaient pour mission de compter les potentiels grains restés au sol. « Il y a peu de grains au sol », a noté par exemple Aymeric Chenut, tout en rappelant qu'il s'agissait « d'un essai dans une condition ».
A. T.

(1) Anamso : Association nationale des multiplicateurs de semences oléagineuses. Son bureau Sud-Est est situé à la ferme expérimentale d'Étoile-sur-Rhône.
(2) Gnis : Groupement national interprofessionnel des semences et plants.

 

ESSAI / Une parcelle a également été traitée avec du Beloukha®.Vers l’utilisation d’un produit de biocontrôle ? Afin de proposer une alternative au diquat, l’utilisation d’un produit de biocontrôle a également été testée à Chabeuil. Une parcelle d'un hectare a en effet été traitée avec du Beloukha®. Un produit qui est, entre autres, utilisé pour le défanage des pommes de terre. Lequel fut toutefois couplé à un adjuvant limitateur de dérive (Astuss®) ainsi qu’à un correcteur d’eau (Actimum).L’Anamso avait déjà mené des essais similaires en Vendée. Mais si les résultats s’y étaient révélés encourageants, il n’en a pas été de même sur cette parcelle drômoise. Il faudra désormais arriver à comprendre pourquoi : des pistes au niveau des conditions d’application seront approfondies. D’autres essais ont été menés dans le département. L’analyse des résultats de ces derniers est en cours ; l’Anamso devrait les communiquer ultérieurement.« Un produit de biocontrôle va agir de manière moins efficace. Il va donc falloir compléter avec l’utilisation d’une barre de coupe ou d’un cueilleur adaptés », a toutefois prévenu Jean-Christophe Conjeaud, responsable projets recherche et développement au sein de l’Anamso. En outre, l’alternative au diquat demande une combinaison de plusieurs facteurs techniques à maîtriser. 
EUROPE / Le 12 octobre, la Commission européenne s’est prononcée contre le renouvellement du diquat.Le sort du diquat désormais actéLa Commission européenne a voté le 12 octobre dernier à Bruxelles, le non-renouvellement de l’approbation du diquat(*). Les pays concernés doivent donc retirer les autorisations des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active avant le 4 mai 2019. Tout délai d’utilisation accordé (délai de grâce) expirera au plus tard le 4 février 2020.En tant que défenseur de l’intérêt technique et économique des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses, l’Anamso s’est dit « surprise » de cette décision étant donné qu’elle a « toujours communiqué sur le fait de l’absence d’alternatives réelles concernant la pré-récolte et la suppression du diquat ». Des essais chimiques et mécaniques ont été réalisés et seront poursuivis. « Nous restons bien évidemment mobilisés sur ce dossier primordial pour la filière des semences oléagineuses », indique l’association.  (*) Le texte de la Commission européenne est consultable à l’adresse suivante : https://tinyurl.com/diquat12102018.

Une cinquantaine de participants était réunie à Chabeuil.

INVESTISSEMENT / La Cuma de Châteauneuf-sur-Isère a acheté la nouvelle tête de récolte Sunspeed.
« On en est content »
A ce jour, seules cinq têtes de récolte Sunspeed ont été achetées dans l’Hexagone. Il en existe une seule en région Auvergne-Rhône-Alpes ; c’est celle qui a été acquise l'an dernier par la Cuma de Châteauneuf-sur-Isère. « Nous l’avons achetée pour deux raisons, raconte Gérard Héraud, son président. D’une part, on nous faisait miroiter que le Reglone 2 serait enlevé. Nous avons alors fait des essais de produits “non réglonnés” avec des cueilleurs traditionnels. Certaines batteuses allaient être bousillées avec l’humidité. Par ailleurs, notre cueilleur tournesol traditionnel arrivait à bout de course, il fallait le changer. »
C’est à la télévision, en regardant un reportage consacré aux pays de l’Est, qu’il a eu connaissance de l’existence de cette nouvelle tête de récolte. « Nous nous sommes donc rapprochés de notre concessionnaire », poursuit-il. Un investissement dont le montant s’élève à environ 35 000 euros.
« On en est content », ajoute-t-il, le bilan étant jugé satisfaisant. Le matériel est utilisé par six agriculteurs. Des modifications étaient toutefois prévues, notamment pour empêcher l’entrée éventuelle de l’ambroisie dans la machine.