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Aviculture et cuniculture

Auto-évaluer le bien-être  de ses animaux avec Ebène

Lancée en juillet 2018 par l’Itavi, l’application Ebène, téléchargeable sur smartphone, permet à l’éleveur d’évaluer le bien-être de ses animaux.

Auto-évaluer le bien-être  de ses animaux avec Ebène
Ebène est destiné à être utilisé régulièrement par l’éleveur ; il a donc été conçu pour prendre peu de temps et rester simple d’utilisation. © Itavi

Lors d’un webinaire qui s’est tenu le 10 décembre 2020, Mathilde Stomp, chargée de mission bien-être animal à l’Itavi a présenté les principes d’Ebène et les retours d’utilisation par des éleveurs. Avant d’être une application, Ebène* est d’abord une méthode d’évaluation développée par l’Itavi à la demande des professionnels. « Ebène s’est construit sur la base des quatre grands principes du bien-être animal, que sont une bonne alimentation, une bonne santé, un bon environnement et des comportements appropriés de l’espèce », rappelle Mathilde Stomp. Douze critères sont liés à ces quatre principes.

« Pour mesurer le respect de ces critères, une vingtaine d’indicateurs pertinents ont été validés par des scientifiques, mais également par la filière », souligne la chargée de mission. Les indicateurs de résultats, c’est-à-dire l’état réel de l’animal, sont privilégiés aux indicateurs de moyens. « Plusieurs indicateurs doivent être compilés afin de déterminer si le critère en question est atteint. Par exemple, la capacité de mouvement peut être évaluée sur le terrain par une mesure de la densité, ainsi que par le nombre d’animaux qui étirent leurs ailes et / ou leur patte ou battent des ailes dans le cas d’un élevage de poulets », précise l’Itavi dans son guide de présentation du protocole Ebène. Avant d’utiliser l’application, un temps de formation sous la forme d’une session d’une journée est à prévoir. Il permet de se familiariser avec l’échantillonnage des animaux, l’observation des comportements et l’analyse des résultats obtenus. Une fois ces bases acquises, l’évaluation se déroule en plusieurs étapes. D’abord un questionnaire qui regroupe tous les indicateurs de moyens liés à l’environnement de l’animal : linéaire de mangeoires, d’abreuvoirs, de perchoirs disponible par animal, surface disponible autour de l’animal, mortalité, présence ou non d’enrichissements du milieu (ficelles, blocs à piquer...), pratiques de l’éleveur pour prévenir de son entrée dans le bâtiment... Vient ensuite, le temps d’observation des animaux pour mesurer les comportements et les informations sanitaires (nombre de blessés, boiteux, immobiles, sales...). L’ensemble de la démarche prend environ une heure, voire une heure quinze si l’élevage compte un parcours plein air.

Des critères uniformisés et objectifs

Deux ans après la mise en service de cet outil, l’Itavi a souhaité recueillir la perception des éleveurs sur son utilisation. « Globalement, nous avons un retour très positif en ce qui concerne la prise en main de l’application. La navigation est facile, ainsi que la compréhension des étapes du protocole. La plupart des éleveurs affirment que l’usage d’Ebène leur permet de vraiment se poser devant leurs animaux et regarder pendant quinze minutes ce qu’il se passe, chose qu’ils ne feraient pas forcément aussi longtemps sans l’application. Mais c’est aussi l’étape la plus difficile, d’où l’importance de bien identifier les comportements à mesurer », rapporte Mathilde Stomp. Les éleveurs soulignent aussi l’intérêt d’avoir des critères d’évaluation uniformisés et objectifs pour se comparer aux autres élevages. L’outil permet également d’identifier les axes d’amélioration. C’est ce que l’Itavi a pu confirmer en compilant 26 évaluations réalisées avec Ebène dans des élevages “poulet de chair système standard”. « L’idée de cette analyse était de voir comment étaient reliés les critères Ebène entre eux. La première conclusion est que les élevages se différencient très peu sur les critères sanitaires ou d’ambiance. En revanche les critères d’alimentation, de confort au repos, de comportement individuel sont significatifs, c’est-à-dire permettent de voir des différences entre élevage », confie la chargée de mission. « Ebène nous a aussi permis d’évaluer l’impact de bonnes pratiques comme une seule phase de nuit, l’accès à la lumière naturelle ou l’installation d’objets à picorer sur le comportement des volailles. On voit que plus on a de bonnes pratiques mises en place, meilleures sont les scores pour l’interaction sociale positive, la réaction à l’homme, l’exploration, le bain de poussières ou le toilettage », explique Mathilde Stomp. Au-delà des progrès à l’échelle de l’élevage permis par Ebène, l’application se révèle aussi une mine d’informations pour un organisme de recherche comme l’Itavi. « Cette première analyse nous ouvre de nouvelles perspectives de travail. Nous allons par exemple pouvoir utiliser Ebène pour étudier le nombre optimal d’enrichissements à mettre en place en élevage », conclut la chargée de mission.
S. Sabot

* La méthode Ebène s’inspire de plusieurs autres protocoles d’évaluation du bien-être animal, Welfare Quality et Awin notamment.