Chandeleur
La fête des crêpes, mais pas que...

Chaque année, le 2 février est l’occasion pour les Français de cuisiner des crêpes et de les partager en famille, entre amis ou encore entre collègues. Mais quelles sont les origines de cette célébration ? Pourquoi fait-on des crêpes ? Comment les faire et avec quoi les accompagner ?

La fête des crêpes, mais pas que...
Fête des chandelles, la Chandeleur fait partie des coutumes françaises et chrétiennes depuis de nombreuses générations. La tradition voulant que chacun prépare et déguste des crêpes.

Célébrée chaque 2 février, la Chandeleur est aujourd’hui une fête attendue par les plus gourmands pour ses délicieuses crêpes. Mais à exactement quarante jours de Noël, la Chandeleur est une fête chrétienne dont les origines sont très anciennes. Différentes histoires y sont associées, dont celle-ci. On y commémorerait la présentation de Jésus-Christ au Temple de Jérusalem par Joseph et Marie, la tradition juive voulant que chaque premier-né masculin de la famille soit conduit au Temple afin d’être consacré au seigneur, quarante jours après sa naissance. 
Cette période de plus d’un mois correspond à la durée pendant laquelle les mères étaient considérées, par la loi juive, comme impures après leur accouchement. Elles avaient alors 
interdiction de se rendre sur un lieu de culte jusqu’à ce jour au cours duquel elles avaient la possibilité de se purifier par un sacrifice animal. La Chandeleur célèbre donc la pureté de la Vierge Marie, mais aussi le fait que « Jésus est lumière », tirant son nom de la « fête des chandelles », du latin festa candelarum. En effet, dans la religion catholique, ce jour donne lieu à une bénédiction des cierges ainsi qu’une procession aux chandelles jusqu’à l’église où se déroule une messe solennelle, rendant hommage à la montée de Joseph et Marie, portant le Christ, jusqu’au Temple. 

Une coutume paysanne

Aujourd’hui, on associe cette fête aux crêpes que l’on cuisine à cette occasion. Cela remonterait à une coutume également très ancienne selon laquelle des galettes étaient offertes aux courageux pèlerins arrivant à Rome en ce jour. Au fil du temps, la tradition a évolué pour des crêpes et s’est démocratisée. Aujourd’hui, il est de mise, lors de la cuisson, de faire sauter la première crêpe plusieurs fois de suite pour conjurer le mauvais sort pour l’année à venir. 
Dans le monde paysan, tenir une pièce de monnaie, ou d’or pour les plus riches, dans la main gauche en même temps que l’on retournait cette première crêpe apportait bonheur et prospérité. 
Ce jour symbolisait d’ailleurs chez les agriculteurs la sortie de l’hiver. Et par la même, le retour au travail agricole. Les plus superstitieux conservaient les chandelles bénies. Ils les rallumaient chez eux dans le but de protéger les futures récoltes et leurs foyers. 

Une tradition qui diffère

Dans d’autres pays, la Chandeleur est célébrée différemment. Au Mexique notamment, ce jour est férié. Les Mexicains ont d’ailleurs choisi de remplacer les crêpes par des tamales, ces petits pains de maïs cuits à la vapeur et farcis. La tradition veut même que la personne ayant tiré la fève le jour des Rois s’occupe de la préparation. Nombreux sont les pays où la recette change : au Maroc, on déguste des msemen ; en Italie, des farinata ; en Suède, des hirams plattär ; au Japon, on préfère les dorayaki.
En Angleterre, pas de Chandeleur. Plutôt un pancake day, célébré le 9 février, mais la coutume est toute autre. En effet, selon la tradition locale, les Anglais participent à la course aux crêpes. Le but : courir le plus vite possible tout en faisant sauter la crêpe dans une poêle sans la faire tomber au sol. Ces épreuves pour le moins atypiques se déroulent majoritairement dans la capitale et ses alentours. Même les politiciens se prêtent à la coutume puisqu’aux Houses of Parliament, ils s’affrontent avec l’objectif de récolter des fonds pour l’association Rehab, engagée pour l’éducation et la santé. 
Du côté du Luxembourg, les enfants déambulent dans les rues une fois la nuit tombée, lampions à la main, en quémandant des bonbons : c’est le Liichtmëssdag.  Aux États-Unis ou au Canada, chaque 2 février on célèbre le jour de la marmotte. À l’approche de la sortie de l’hiver, la fin de son hibernation signifie le retour du printemps et des beaux jours. Il est alors de mise d’observer la sortie de la marmotte : si on ne peut pas voir son ombre, le printemps arrive bientôt. Au contraire, si on la voit, l’arrivée des beaux jours est repoussée d’au moins six semaines. Appelée localement le Groundhog day, cette journée est particulièrement célébrée à Punxsutawney, petite commune à l’est de la Pennsylvanie. Depuis 1887, chaque 2 février, un groupe d’hommes 
barbus, portant un chapeau, se rendent, à l’aube, auprès de Phil, la marmotte de la ville. Ils la soulèvent alors dans les airs pour évaluer la présence ou non de son ombre. L’événement est très connu dans le pays et de nombreux médias se pressent pour y assister. Dans les faits, il faut avouer que la prédiction de la marmotte n’est pas toujours exacte… 

Clara Serrano

En Pennsylvannie, le 2 février, on célèbre le Groundhog day. Il est alors de mise d’observer la sortie de la marmotte : si on ne peut pas voir son ombre, le printemps arrive bientôt. Au contraire, si on la voit, l’arrivée des beaux jours est repoussée d’au moins six semaines. ©Anthony Quintano

Recette

Bien réaliser ses crêpes

Pour célébrer la Chandeleur encore faut-il savoir cuisiner des crêpes. Voici donc une recette simple et gourmande ainsi que quelques idées d’accompagnements plus ou moins originaux.

Pour quatre personnes environ, commencez la préparation en versant 250 g de farine, ainsi qu’une pincée de sel et deux cuillères à soupe de sucre. Dans un puits que vous creusez au centre, ajoutez quatre œufs puis mélangez doucement le tout. Une fois le mélange épaissi, versez 50 cl de lait. Attention, il est important de l’incorporer doucement pour éviter toute formation de grumeaux. Une fois le tout bien mélangé et la pâte totalement fluide, ajoutez 50 g de beurre fondu refroidi.   Selon les goûts, la recette peut être revisitée. Par exemple, vous pouvez y ajouter quelques gouttes de fleur d’oranger, de rhum, de vanille ou encore de cidre. La farine peut également être remplacée par la maïzena pour éviter le gluten. 
Il vous suffit à présent de cuire les crêpes une à une. Pour cela, munissez-vous d’une poêle légèrement huilée et bien chaude. Versez-y ensuite une petite louche de pâte. Pour répartir la préparation de manière homogène, effectuez un mouvement circulaire avec la poêle ou utilisez un râteau à crêpe. Lorsque le tour de la crêpe se colore, il est temps de la retourner. Laissez reposer environ une minute de l’autre côté et c’est prêt ! Répétez l’exercice jusqu’à épuisement de la pâte. Pour les conserver au chaud le temps de la préparation, n’hésitez pas à les couvrir d’une assiette ou d’un chiffon de cuisine. 
Et en accompagnement
Enfin, pour accompagner ces bonnes crêpes, différentes solutions, plus ou moins connues, s’offrent à vous. Pour les plus traditionnelles, un peu de sucre ou de pâte à tartiner au chocolat, aux noisettes ou aux spéculos suffira. Vous pouvez aussi essayer le caramel au beurre salé, la confiture de fruits rouges ou autres fruits de saison, de la compotée ou encore de la marmelade à l’orange. Pensez également à la confiture de lait, les pommes caramélisées, le fameux banane chantilly, la cannelle, le miel ou même le sirop d’érable.
Bonne dégustation ! 

Galettes : ce ne sont pas  des crêpes !
Les galettes, originaires de Bretagne sont préparées à partir de farine de sarrasin, reconnaissables par leur couleur plus brune.

Galettes : ce ne sont pas  des crêpes !

Cette phrase serait presque un sacrilège pour les Bretons : « La galette n’est pas une crêpe ». Pourtant, beaucoup font encore la confusion. La galette, originaire du nord de la Bretagne, diffère de plusieurs manières de la crêpe dont nous parlons lors de la Chandeleur. Cette différence est surtout liée à son origine géographique et sémantique puisqu’elle est préparée à partir de blé noir ou de sarrasin, culture qui se développe à cet endroit dès le XVe siècle. À l’époque, celle-ci était dégustée à la main ou trempée dans la soupe. Sa version sucrée, plus populaire aujourd’hui, n’apparaît que quatre siècles plus tard (XIXe), en raison de la hausse importante du prix de la farine de froment. Les galettes s’accompagnent très bien de cidre (avec modération) !