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Ressource en eau

40 millions de m³ d’eau manquent déjà en été  en Rhône-Alpes

Face à un manque d’eau important durant l’été en Rhône-Alpes, collectivités, représentants du monde agricole et économique se sont réunis à Lyon lors d’une journée d’échange sur le partage de l’eau organisée dernièrement par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC).

40 millions de m³ d’eau manquent déjà en été  en Rhône-Alpes
Le débit d’étiage du fleuve Rhône pourrait subir une baisse de 40 % d’ici à la fin du siècle.

La planète se réchauffe et les rivières s’évaporent… Les études révèlent un chiffre inquiétant : en été, sur le territoire rhônalpin, il manque environ 40 millions de m3 d’eau pour satisfaire l’ensemble des usages des bassins versants. Les quantités qui alimentent les rivières ou s’infiltrent dans le sous-sol diminuent, entraînant une baisse des débits des cours d’eau et du niveau des nappes phréatiques. « Le changement climatique aggrave les choses au nord du bassin RMC et ne laisse pas un débit suffisant dans les rivières pour préserver la qualité de l’eau et de la vie biologique, indique Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC). Aujourd’hui, pas un territoire n’est épargné par la nécessité de mieux gérer et partager l’eau entre les différentes activités humaines, agricoles et industrielles… »

Des bassins versants en forte tension

Plus de deux tiers des bassins versants sont en situation de déséquilibre en eau ou en équilibre fragile. Le changement climatique est à l’œuvre partout : sept nouveaux bassins versants* préservés jusque-là montrent les signaux d’une aggravation des tensions sur l’eau et pourraient, d’ici 2022, s’ajouter aux quarante-deux déjà en déficit. Loin d’être propre au territoire rhônalpin, cette photographie préoccupante de la ressource en eau fait écho à une situation qui se généralise en France. À l’échelle nationale, à l’horizon 2050-2070, le débit moyen des principales rivières françaises devrait diminuer d’au moins 10 à 40 %. Avec un débit moyen annuel à son embouchure de 1 700 m³/s, le Rhône est le fleuve français le plus puissant par son débit. « Le fleuve Rhône est une solution partielle. Il peut rester une ressource de substitution pendant des décennies mais pas durant des siècles. Son débit est lié à la fonte des glaciers mais lorsqu’ils auront tous fondu ce sera trop tard. Cette situation n’est pas éternelle si nous ne redoublons pas de mesures efficaces », alerte Laurent Roy.

« Il faut aller au-delà des PGRE »

Au cœur de l’action locale, les plans de gestion de la ressource en eau (PGRE) et les projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) incitent en priorité à économiser l’eau, regroupant autour de la table les principaux acteurs utilisateurs de la ressource : industriels, agriculteurs, pêcheurs, services de l’État, particuliers… « En 2015, nous nous étions donné l’objectif de réaliser 70 PGRE, nous en avons déjà réalisé 60, aucun n’a fait l’objet de contentieux administratif. Ils visent à garantir un partage équilibré entre les besoins des différents usages », ajoute-t-il. En Rhône-Alpes, vingt PGRE sont adoptés, six en cours d’élaboration (Séran, Cance, Gier, Galaure, Drôme des collines et Payre Lavezon) et trois non encore engagés (Méouge, Berre, Sud-Ouest Lémanique). En six ans, cinq millions de m3 ont été économisés en Rhône-Alpes et quinze millions ont été substitués grâce à des prélèvements dans des nappes ou des rivières plus abondantes. « Si les efforts réalisés sont considérables, il faut aller au-delà des PGRE, continuer à se mobiliser car plus le temps passe, plus les objectifs s’éloignent. Le réchauffement climatique avance. »

La valeur de l’eau : un acquis culturel

Selon l’Agence de l’eau RMC, sur les 40 millions de m3 manquant pendant l’été sur le territoire rhônalpin, 10 pourraient être gagnés sur l’eau potable, 8 sur l’industrie et 22 sur l’agriculture. L’enjeu pour le monde agricole est toujours le même : le stockage et la récupération de l’eau pluviale via la construction d’infrastructures. « Il s’agit aussi de recycler l’eau des stations d’épuration, de développer des modes d’irrigation plus économes en eau, comme le goutte-à-goutte. Les techniques existent et les efforts doivent continuer… En France, grâce à notre histoire, nous avons la chance d’avoir l’acquis culturel de la valeur de l’eau. Nous avons les structures, les connaissances, les compétences, les habitudes d’une bonne gestion de la ressource en eau pour pousser nos projets encore plus loin », reprend Laurent Roy. D’après le directeur de l’Agence de l’eau RMC, la préservation de la ressource en eau passera aussi par une agriculture plus résiliente, le développement de variétés moins nécessiteuses d’irrigation. Enfin, un effort plus conséquent de la part de tous les acteurs doit être réalisé dans la lutte contre l’imperméabilisation des sols. Les zones humides peuvent davantage se développer et s’épanouir lorsque l’infiltration de l’eau dans les nappes y est favorable. Si le volume d’eau est suffisant dans les rivières, les milieux naturels et la vie aquatique retrouveront leur place dans leur écosystème.
Alison Pelotier
* Lange-Oignin (Haut-Bugey) ; avant-pays savoyard, Fier et lac d’Annecy ; Guiers Aiguebelette ; Combe de Savoie ; Isle Crémieu (Isère) ; Rivières du Beaujolais. 

Quid des effets du réchauffement climatique ?

Les tendances de diminution des débits d’étiage d’ici 2050 sont sans ambiguïté : de - 30 % et jusqu’à - 60 % sur certaines rivières. Le débit moyen du fleuve Rhône subirait une baisse de 40 % d’ici à la fin du siècle. La diminution possible de la recharge pluviale des nappes serait de - 15 % d’ici à 2050 et l’évapotranspiration augmenterait de 10 à 30 %. Le changement climatique est à l’œuvre partout y compris en zone de piémont ou sept nouveaux bassins-versants seront en équilibre fragile d’ici 2022. 
A. P.

Application « Qualité rivière » : cliquez et plongez !

Application « Qualité rivière » : cliquez et plongez !

Une journée au bord de l’eau ou une descente en kayak vous tente ? L’application gratuite « Qualité rivière » des Agences de l’eau permet de se jeter à l’eau en toute sécurité. Pour chaque site de baignade, rivière ou lac, vous disposez de données sur la qualité bactériologique des eaux. Ces données, issues du ministère de la Santé, sont actualisées régulièrement et disponibles en temps réel sur l’application. Les lieux de baignade sont classés selon un pictogramme et un code couleur indiquant la qualité sanitaire des eaux surveillées pour se baigner sans risque pour la santé : qualité excellente en bleu, bonne qualité en vert, qualité suffisante en jaune et insuffisante en rouge. Chaque année, plus de cinq millions d’analyses sont réalisées sur 1 600 points de surveillance dans les bassins Rhône-Méditerranée et de Corse. L’Agence de l’eau coordonne et rassemble les données d’organismes partenaires tels que les Dreal et l’Office français de la biodiversité.
L’application « Qualité des rivières » est disponible gratuitement sur iPhone, iPad et sous Android sur tablette et PC : https://qualite-riviere.lesagencesdeleau.fr 

A la gare des Ramières, la rivière Drôme en BD

Dans le cadre d’une appel à projets de la direction régionale des affaires culturelles (Drac), la communauté de communes du Val de Drôme en Biovallée a accueilli en résidence artistique Manon Rougier pour travailler sur le thème : « La rivière Drôme en 2030 ». Cette dessinatrice de BD, originaire de Marseille, a proposé un projet de reportage dessiné. Sur le terrain, elle a rencontré des spécialistes du sujet, scientifiques, naturalistes, gardes de la réserve naturelle des Ramières, mais aussi des habitants pour qu’ils lui racontent « leur rivière ». Elle a également travaillé avec une classe de CE2-CM1-CM2 de « l’école du Haut », de Chabrillan. Ainsi est né un ouvrage BD intitulé « Le bruit des galets » qui raconte la rivière Drôme et projette l’évolution qu’elle pourrait avoir sur les dix prochaines années. 
A découvrir durant l’été à la Gare des Ramières, aux heures d’ouverture, soit de 14 h à 18 h 30 tous les jours.