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Horticulture

Cyclamens et chrysanthèmes, les stars de la serre à la Toussaint

Comme chaque année à l’approche de la Toussaint, c’est l’effervescence chez les horticulteurs. Cyclamens, pensées et chrysanthèmes sont les stars de la période automnale. Une habitude qui n’échappe pas à la SCEA de Beaune - Ets Beaumont, à Grâne. Alors que la filière horticole a globalement souffert de la crise sanitaire, et plus particulièrement de la période de confinement, Jacky Beaumont n’a pas le cœur à se plaindre.

Cyclamens et chrysanthèmes, les stars de la serre à la Toussaint

La SCEA de Beaune, située à Grâne dans le quartier éponyme, est une entreprise familiale. Alors que l’exploitation agricole est créée dans les années 1960 par Gérard Beaumont, l’activité principale s’oriente plutôt vers l’élevage avicole. Avec l’envie de prendre un nouveau tournant, l’exploitation construira sa première serre en verre de 5 000 m² en 1982. C’est en 1986 que le GAEC deviendra SCEA de Beaune, alors même que les deux fils de l’agriculteur, Jacky et Christian, s’installent dans l’entreprise horticole. « Nous avons pris la suite de notre père, en nous concentrant sur l’horticulture et l’ail de semence », explique Jacky Beaumont.

En gros et au détail

Disposant aujourd’hui de 40 hectares d’ail de semence et de 8 000 m² de serres, la SCEA de Beaune propose la vente en gros aux professionnels du sud-est, et au détail pour les particuliers, de plants de fleurs et de légumes. Portée par les deux frères et leur entourage proche, l’exploitation horticole est plus que jamais une histoire de famille. Une passion que tous aiment partager avec leurs clients. « Nous organisons, chaque année au 1er mai, des portes ouvertes. Malheureusement, nous avons été contraints de les annuler cette année », souligne Jacky Beaumont. Avec l’objectif affiché de développer la vente au détail, quitte à réduire quelque peu l’offre de plantes, l’exploitation horticole a à cœur de partager sa passion avec autrui. « Nous réfléchissons à trouver de nouvelles manières de faire connaître notre métier, notre exploitation, de manière ludique. Nous avons envie de transmettre nos connaissances des végétaux », poursuit-il.

Une saison « normale » malgré la crise sanitaire

Un métier de passion certes, mais qui laisse parfois place au doute. Alors que la filière horticole a globalement souffert de la crise sanitaire, et plus particulièrement de la période de confinement, Jacky Beaumont n’a pas le cœur à se plaindre. « On le sait, l’horticulture a toujours été l’un des parents oubliés. Mais à titre personnel, la crise de la Covid-19 n’a eu aucune incidence sur notre entreprise. Certains horticulteurs, qui vendent sur les foires, marchés ou dans les grandes jardineries, ont pu souffrir du contexte », note-t-il. A la SCEA de Beaune, la période a été surmontée avec pragmatisme : « nous avons bien sûr été obligé de jeter des fleurs et des plantes durant près de trois semaines. Mais la vente au détail, avec un système de drive, a très vite su compenser ces pertes. Les gens ont eu plus de temps pour jardiner, pour planter des fleurs ou des légumes, etc. Nous avons même pu voir arriver de nouveaux clients. Dans un espace aussi grand que celui dont nous disposons, les gens se sont sentis plus à l’aise, peut-être moins en danger que par ailleurs ». Outre le drive, qui a quelque peu chamboulé les habitudes des frères Beaumont, la communication via une page Facebook a aussi permis de gagner en notoriété. « Le bouche à oreilles ne suffit plus maintenant », souffle Jacky Beaumont. Une saison somme toute « normale » pour l’entreprise Beaumont.

Les fleurs de Toussaint, toujours plébiscitées

Avec une dizaine de salariés, les enjeux sont toutefois importants et ont forcément amené quelques périodes de stress. « Mais il serait malvenu de me plaindre de notre saison. Et puis, n’oublions pas que l’horticulture est compliquée depuis une petite décennie », rappelle-t-il. En cause, la concurrence déloyale avec les pays européens tels que l’Espagne, l’Italie ou encore les Pays-Bas. « Comme pour le reste du monde agricole, nous n’avons à priori pas les mêmes règles du jeu que nos voisins européens… », regrette le gérant. D’autant plus que ces pays en question ont pu, pour la plupart, franchir le cap de la mécanisation, au profit d’une main d’œuvre toujours plus chère et plus délicate à trouver. « On ne peut pas lutter face à cela… ».

La crainte de nouvelles restrictions

La saison en revanche n’est pas terminée, avec l’approche de la Toussaint. Si elle ne constitue pas la période la plus faste pour l’entreprise Beaumont – contrairement à celle de printemps -, elle a son importance. Ici, les reines de la serre sont les cyclamens (40 000 plants), les chrysanthèmes et les pensées. « Le climat de la vallée du Rhône est sain pour ce type de plantes », affirme Jacky Beaumont. Alors que les clients commencent à arpenter les allées de la serre une dizaine de jours avant, il faut attendre la fin de la semaine pour y voir l’affluence des grands jours. « On espère simplement ne pas voir arriver des restrictions supplémentaires d’ici là. Nous serons alors contraints de jeter les plants de chrysanthèmes, vraiment propices au dépôt dans les cimetières le jour de la Toussaint. Les plants de cyclamens, quant à eux, se vendent même après cette période, comme plantes à offrir ». Il sera alors temps, pour les gérants, de dresser un bilan global de cette année 2020.

Amandine Priolet